Massive Attack est une pulsation. De celles qui vous font sentir incroyablement vivants. Aucune locution savante, aucun excentrique épithète ne rendra grâce aux attributs de ce concert. Véritable expérience sensorielle, le live est une invitation à la transe. Le public embarque pour une destination vaporeuse dès la première partie assurée d’une voix de velours par Martina Topley Bird. La jolie princesse ouvre la voie vers le monde insaisissable de Massive Attack.
Rêve ou cauchemar, peu importe. Un déchirement ébranle Lille en ce Samedi 14 Novembre 2009 alors que 3D et Daddy G foulent les planches. Bulletproof Love contamine déjà le Zenith de son beat affolant avant que l’inédit Hartcliffe Star (extrait du très attendu prochain opus) ne lorgne vers l’indus inquiétant de Skinny Puppy. La voix de 3d fait étrangement écho à celle de Nivek Ogre, et donne déjà le vertige. Le groupe fait voler en éclat la barrière du trip hop et offre une prestation à la limite du rituel chamanique. Les lumières (exceptionnelles) confèrent à l’évènement une atmosphère irréelle, quasi céleste. Le mur d’écran, façon NIN, conjugue les phrases chocs dans la langue de Molière et cite Rousseau, Charles Péguy et autres penseurs tels que Goethe ou Aristote. La musique comme vecteur de réflexion : Massive Attack semble prophète et endoctrine une foule extatique. Le public bouge mécaniquement, ferme les yeux et se laisse envahir par les douces vibes d’Horace Andy (Splitting The Atom, Angel, etc.). Transpercée par cette messe électro, l’audience est attentive, happée par des messages subliminaux : « cette nuit, j’ai senti que j’étais visité. ».
Des portables tentent de capter ces instants magiques. Mais rien n’y fait, les vidéos ne rendront pas justice à ce spectacle fascinant. L’énergie est telle qu’il faut parfois se frotter les yeux pour réaliser que ce n’est pas un songe qui défile devant nos yeux ébahis. C’est vidé que l’on ressort de cette épreuve physique et psychique. Stupéfiant !
