C’est à un véritable événement qu’ont pu assister les spectateurs de « Metropolis », le dernier ciné-concert donné les 1er et 2 novembre par l’Orchestre National de Lille.
Depuis de nombreuses années l’ONL propose à ses spectateurs des rencontres entre le cinéma et la musique. De grands compositeurs de musiques de films sont invités (comme Maurice Jarre et Lalo Schiffrin) et des ciné-concerts prestigieux sont donnés dans un Nouveau Siècle plein à craquer. On se souvient avec émotion des projections de films comme « Le Cuirassé Potemkine » de Eisenstein ou « Les Temps Modernes » et « La Ruée vers l’Or » de Chaplin. Quels souvenirs merveilleux pour les cinéphiles et amateurs de musique !
C’est en effet une expérience très forte de voir et, surtout, d’entendre une centaine de musiciens interpréter en direct et à l’image près (exploit !) la bande sonore d’un film muet. Les chanceux qui ont pu assister à l’une des deux représentations de « Metropolis » savent de quoi nous parlons.
Organisés avec le partenariat de Lille 3000 et du LaM, « Metropolis », monument du 7ème Art réalisé par Fritz Lang en 1927, fut donc projeté dans la Salle Vauban, pleine comme un œuf, du Grand Palais à Lille (Le Nouveau Siècle étant encore en travaux). Les amateurs de l’ONL pouvaient craindre une acoustique de moindre qualité dans cette salle à laquelle ils ne sont pas habitués. Ce ne fut pas le cas, la qualité sonore s’y révélant quasi parfaite.
Quel bonheur de découvrir ou redécouvrir sur grand écran ce chef-d’œuvre absolu du cinéma, cette superproduction de science-fiction (6 millions de Marks de budget, 758 acteurs, 25000 figurants, 311 jours de tournage !) qui inspira tant de futurs grands films comme le « Blade Runner » de Ridley Scott.
Dans le film de Lang, Metropolis est une mégapole divisée en une ville haute où vivent les familles intellectuelles dirigeantes dans l'oisiveté et le luxe et une ville basse où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante… Un androïde mène les ouvriers vers la révolte.
« Metropolis » fut longtemps incomplet, existant dans différentes versions (la pire de toutes : celle produite en 1984 par le pape du Disco, Giorgio Moroder, colorisée et qui utilisait comme bande son des chansons pop toutes plus ringardes les une que les autres).
Mais un miracle se produit en 2008 avec la découverte d’une version intégrale du film au Musée du cinéma de Bueno Aires. Presque tous les plans manquants sont retrouvés et le film est restauré (des cartons décrivent les quelques passages absents).
C’est cette version de 2h33 qui fut jouée par l’Orchestre Nationale de Lille, avec à sa tête, Frank Strobel, le chef d’orchestre qui dirigea la première de cette version intégrale à la Berlinale en 2010. Excusez du peu !
On retrouve ainsi ébahis, les yeux écarquillés, toute la puissance du monument cinématographique de Fritz Lang. On entend surtout en direct live la musique symphonique originale, tout à tour lyrique et épique, du compositeur Gottfried Huppertz (déjà à l’œuvre pour Fritz Lang sur « Les Nibelungen »).
En programmant et jouant « Metropolis », L’ONL a donc redonné toute sa puissance à ce chef-d’œuvre visionnaire. Les spectateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’ils ont réservé un triomphe à Frank Strobel, ses musiciens, Gottfried Huppertz et … Fritz Lang, bien sûr.
Vous avez raté cet événement ? Qu’à cela ne tienne, vous pourrez vous rattraper en allant voir le prochain ciné-concert, « Matrix » de Andy et Larry Wachowski (musique de Don Davis, toujours sous la direction de Frank Strobel), les 22 et 24 février 2013. Et cette fois-ci, cela se déroulera dans notre salle adorée du Nouveau Siècle.
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