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Midlake au Grand Mix

L’époque serait aux barbus. Ceux de Midlake sont cool et un peu tristes, espèce resurgie des années 60/70. En les écoutant, le 15 avril au Grand Mix, les plus anciens pouvaient rêver à ces années fastes, où l’on se laissait envoûter par les électriques familles californiennes du Grateful Dead (venu sur l’esplanade à Lille pour un concert gratuit mémorable), du Jefferson Airplane ou de Quiksilver. Mais aussi où l’on se laissait bercer par le folk-rock britannique, de Fairport convention ou Incredible String Band.
Midlake vient lui de la petite ville de Denton, Texas. Leur public jeudi soir n’avait pas d’âge, globalement né dans la seconde moitié du 20e siècle, jusqu’à cette petite fille juchée sur les épaules de son père. Le style du groupe, découvert par le bassiste de Cocteau Twins Simon Raymonde, plait visiblement à toutes les générations. Ceux qui apprécièrent les flûtes traversières du début du concert (souvenir, cette fois, il y a plus de 30 ans, de Jethro Tull à Lille au Palais Rameau, avec Ian Anderson perché sur une jambe comme un héron) n’étaient peut-être pas les mêmes que ceux qui adorèrent la seconde partie plus amplifiée.

On se laisse facilement porté par les entremêlements de cordes, par les broderies de ces sept musiciens multi-instrumentistes(normalement ils sont plutôt cinq), par la douce voix chaude du chanteur-compositeur, le très simple Tim Smith.

Débuté par trois douceurs de The Courage of Others, dernier disque dont la pochette géante à la Tarkowsky constituait le décor de la scène (ironique atmosphère christique), le concert fut un chapelet de dix titres de cet album, et six du précédent, The Trials of Van Occupanther. Force est de constater que le public réagit plus à cet opus de 2006, notamment sur Roscoe (titre le plus écouté sur internet) placé en onzième position, ou sur les deux ultimes compositions proposées aux auditeurs tourquennois, Branches , puis en unique rappel Head Home – encore une superbe mélodie à la fois mélancolique et emballante, que l’on trouve d’ailleurs sur la très recommandée compilation double CD Folk and Proud.

Il faut dire que Midlake revisite largement ses arrangements en « live », les rendant plus pêchus. De quoi étendre le registre des Texans qui délaissent le soft-rock de leurs débuts pour revisiter – paradoxalement sans craindre d’être accusés de passéisme - le vieux folk britannique. Plus qu’à America, c’est sans doute à Al Stewart que les gars de Denton peuvent être comparés. Ils avouent avoir découvert le folk médiéval made in britain, une reconnaissance méritée.
 

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