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Miossec + Joseph D’Anvers au Splendid de Lille et au Colisée de Lens

Miossec repaie sa tournée.

Six mois à peine après avoir écumé le Grand Mix de Tourcoing, le Breton revient jeter l'ancre dans notre région. Au Splendid de Lille, le 30 mars, dans un premier temps. Et au Colisée de Lens, le 06 avril, dans le cadre du Festival Des Enchanteurs.

Les deux concerts faisant pratiquement salles combles, malgré la proximité des lieux et des dates, le chanteur confirme que 'La Fidélité' n'est pas seulement un des titres phares de son répertoire. Mais qu'elle est aussi le trait de caractère principal de son public. Toujours prêt à trinquer avec lui.

Joseph D'Anvers, qui assure la première partie des deux soirées, est loin de n'être qu'un simple biscuit apéro. Ou un tapas. Il est un mets de choix. Trois albums salués par la critique. Et des collaborations prestigieuses: Alain Bashung, Françoise Hardy, Troy Von Balthazar...

L'artiste est seul sur scène. Avoue que sans les musiciens qui l'accompagnent habituellement, il a l'impression « de jouer à poil ». Mais l'exhibitionnisme lui va très bien. La manière d'aborder la scène fait penser à celle d'un autre grand solitaire: l'américain Joseph Arthur. Armé de sa guitare et de sa voix profonde, il construit avec minutie, à coup de séquenceur, de boîte à rythmes et de samples un univers musical hybride, refusant de choisir son camp entre chanson, Rock et Electro.

Ses chansons, sensibles, sont marquées par ce que l'on pourrait nommer « le spleen du trentenaire ». Parlent de désenchantement, de la perte des illusions, de l'incertitude... Traduisent le malaise d'un adulte encore adolescent au fond de son coeur mais refusant de grandir réellement. Il n'est donc pas étonnant de reconnaître en guise d'introduction à l'un de ses morceaux des extraits de dialogues tirés du film 'Un Monde Sans Pitié' d'Eric Rochant.

Extrêmement touchant, Joseph D'Anvers réussit haut la main à embarquer son auditoire par l'intensité de ses compositions ('Radio 1', 'Las Vegas', 'Le Funambule', 'Sweet 16', 'Kids'...). Et émeut quand il aborde, avec humilité et profond respect, sa collaboration avec Alain Bashung avec la chanson 'Ma Peau Va Te Plaire'. Un texte qui devait initialement se retrouver sur le prochain album du chanteur trop tôt disparu. La vie en ayant décidé autrement, Joseph D'Anvers l'a conservé pour ouvrir son dernier album, 'Rouge Fer'.

Le 07 octobre dernier, Miossec nous avait laissés 'Le Cul Par Terre'. Par l'intensité de son concert. La violence qui s'en dégageait. Sa ténébreuse beauté. Le cuir des fesses pourtant déjà bien endurci par cette date, le chanteur réussit néanmoins à nous infliger une nouvelle fois une trempe magistrale et jouissive. A retourner nos carcasses comme une simple crêpe bretonne.

Confirmant, malgré son intitulé, que cette tournée n'a vraiment rien « d'ordinaire ». Même pour les fans les plus endurcis. Les plus fidèles. Miossec, actuellement, côtoie les cieux, atteint des cimes encore plus hautes que les précédentes. Il est sur un petit nuage.

Noir, bien évidemment. Porteur d'orage. Faisant rugir le tonnerre. Christophe a beau chanter « Comme le temps passe / Comme il nous abîme » dans 'Chanson Qui Laisse Des Traces', il n'a jamais paru aussi en forme, en pleine possession de ses moyens. Arc-bouté sur son pied de micro, tout de noir vêtu, le corps possédé par l'exaltation, il crache avec fureur ses magnifiques chansons. Sa poésie particulière. Crûment réaliste. Evitant l'abstraction. Où les mots les plus simples décrivent avec beauté les maux les plus durs.

Le verbe cogne. La musique, elle, met K.O. Ne faisant « plus dans la canaille », ayant « déserté les champs de bataille », Miossec a retrouvé une seconde jeunesse. Renoue avec l'impétuosité de l'adolescence. Sa saine énergie. Il est en cela parfaitement secondé par un percutant quatuor de musiciens, issus du groupe Vera Cruz: Jacques Auvergne à la basse, Thomas Shaettel aux claviers, Alex Tual à la batterie et Goulven Hamel à la guitare. L'électricité mise en avant, le répertoire du Breton a rarement sonné aussi Rock. L'énergie véhiculée renvoie aux meilleurs groupes belges (pas étonnant quand on sait que Miossec a vécu quelques temps à Bruxelles). L'emphase de certains titres, leur théâtralité, font, elles, penser aux compositions du groupe canadien Arcade Fire.

Assagi mais pas vieux con, le chanteur continue de se fendre la gueule. S'amuse à jouer fort. A brailler dans le micro. Et à balancer quelques piques. En faisant référence à D.S.K. et à l'affaire du Carlton en prémisse à 'Un Homme Couvert De Femmes'. Ou en ironisant sur le succès de Mélenchon en introduction de sa 'Chanson Protestataire'.

S'il les a donc désertés, Miossec n'a décidément pas fini de transformer les salles de concert en champs de bataille. Et c'est tant mieux.

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