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Moriarty à Merville

         Vendredi soir, Moriarty faisait escale à Merville, pour un concert plein de surprises dans un lieu inattendu. Avec son univers folk haut en couleur, la joyeuse bande a réussi, par sa mise en scène bien huilée, à charmer une salle comble durant une heure et demie.

Tout débute il y a quelques mois de cela, avec un Taratata, fin 2007. L’image est ancrée dans les mémoires : une bande semblant venir du grand Ouest, perdue sur un plateau télé aseptisé. Postée au milieu, se dresse une femme. Le mystère subsiste. A peine les premiers sons de guitare s’envolent, que l’on est déjà loin, perdu entre deux ranchs et une prairie. C’est parti pour un buzz impossible, récompense ultime d’un travail déjà rondement mené depuis 1995 et quelques albums ou simple réussite promo ? Il n’empêche que le fait est là, Moriarty dépoussière une musique qu’on croyait réservée aux Dylan ou Young, à grands coups d’harmonicas, de guitares folk et d’un imaginaire brillamment tourné vers les contrées perdues de l’Oncle Sam.

       On ne sait ni comment ni pourquoi, mais c’est à Mervile que l’on retrouve nos voyageurs. Merville : une usine, un aérodrome, un cinéma. C’est dans ce même cinéma que la foule se masse. Le public est varié. Dans la salle, les sièges sont bientôt remplis ; sur scène le décor est déjà planté : des guitares, un vieux fauteuil, un paravent, une bassine, une machine à écrire, une tête de chamois (ou tout autre cervidé répondant au nom de Gilbert)…tout réside dans le détail.

Le brouhaha remplit la salle, l’impatience guette ; on attend de donner aux retardataires les ultimes sièges libres. 20h50 : Noir. Les mêmes gaillards dont on avait aperçus l’image tremblante, 3 mois plutôt, sur une vieille télé, sont là. La foule trépigne. La voilà ! La diva, l’air tout juste hautin, les joues serrées, et la bouche d’un rouge profond, aux courbes parfaites. Rarement une arrivée n’a été aussi théâtrale, un grog à la main, gantée évidemment, elle esquisse un sourire, léger.

Animal’s can’t laugh : Merville entame son voyage initiatique dans le folk inspiré de Moriarty. D’un bonsoir timide, Rosemary brise vite la froideur qu’elle incarnait quelques instants plus tôt. On ne voit plus en elle que la conteuse d’histoire, la douce et espiègle narratrice d’un voyage qu’ils auraient tous vécus, qu’ils voudraient nous faire partager.
Le public n’en finit plus d’être conquis, absorbé. Rare sont ceux qui n’ont pas les yeux rivés sur la troupe. La mise en scène surprend par son audace, entre chaque morceau, le groupe tente des blagues, se rapproche un peu plus du public. Le spectacle est entier, la cohésion parfaite.

Niveau sonore comme visuel, tout est fait pour dépayser. Des arpèges mélancoliques d’une guitare métallique, aux longues envolées d’harmonicas. En passant par la machine à écrire et le vieux micro des années 30. Du paravent fleuri, à la vieille malle. Du chamois, à la bassine. Tout est écrit, mais s’enchaîne avec légèreté et poésie.
Le public est soufflé, la chaleur l’a enivré. Les mélodies le transportent, dans une bulle de coton, mais c’est pour mieux le faire redescendre, et le surprendre par des sons insolites et une théâtralité exacerbée. La douceur de la musique mêlée à l’humour décalé, burlesque des six musiciens, est une réussite.

Entre une reprise d’Enjoy the silence et le parfait Jimmy, Moriarty nous glisse ses morceaux vaporeux avec merveille. Un concert qui prend toute sa dimension poétique tant le lieu colle à l’imaginaire du groupe : un cinéma où se mêlent personnages romancés et idéaux imparfaits, sur fond de grandes plaines américaines et musique folk. Nul ne peut assurer que ce qui s’est passé vendredi soir, pourra se reproduire avec tant de sincérité. A vrai dire, il semble que personne n’en ait envie non plus. A suivre, pour les Femmes s'en mêlent au Grand Mix...

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