Une senteur anisée flotte au dessus du Club de l’Aéronef en cette belle journée de mai. Et pour cause ! L’événement de ce soir est organisé par Ricard S.A. Live Sessions. En partenariat avec le Fair’, qui a déjà fait un tour à Roubaix en avril avec l’événement « Fair le Tour », le Ricard S.A Live Sessions a pour but l’émergence de nouveaux talents. Associé à une gratuité des concerts, on ne peut que saluer cette initiative qui dure depuis déjà trois ans.
Au programme de la soirée : de la Pop, du Rock et du pop/rock.
C’est dans une atmosphère chaude que débutent les Mrs Good. Et pourtant cela n’a rien à voir avec l’affluence du public encore fortement clairsemé. Les quatre membres du groupe, tous masculin, contrairement à ce que leur nom indique, se plaisent à nous perdre dans un univers onirique, digne des romans de Lewis Carroll. Les textes sont recherchés. Ils parlent de choses graves. De thèmes personnels. Les voix des quatre garçons aux cheveux longs sont belles, et capables de vous arracher quelques frissons. Le tout est servi par une Pop efficace, assez rafraichissante et à contre-pied des écrits. La maitrise instrumentale est indéniable, ils jonglent sans difficultés avec les instruments et avec les rythmes allant de la Pop pure au psyché. Le groupe est content d’être là et n’hésite pas à y aller de sa petite blague pour faire sourire ou rire les gens qui commencent à arriver. L’ambiance est détendue et la bonne humeur communicative. Mrs Good est un groupe à découvrir, à aimer, à entendre et à voir en live. Leur premier EP, « Woman of Many Dreams », est à écouter par ici.
Après une petite pause c’est au groupe lillois bien connu dans la région, Château Brutal, de s’installer. Enfin Brutal sans Château ou Château sans Brutal on ne sait pas trop. Toujours est-il que Romain, le batteur, est retenu dans d’autres contrées sympathiques (Cannes, le festival, rien que ça !) avec les Airnadette. Ce sera donc du « Château à peu près brutal », dixit Marcus. Onze batteurs vont se succéder sur les morceaux du groupe. Onze musiciens issus de la scène lilloise pour la plupart. On retrouve notamment Patrick des Twin Twin, Alexis de Shiko Shiko, Cyril de We Are Enfant Terrible, la quasi-totalité des Marvin Hood, ou encore Nico de Pan Aurora, Fab des Glow Sun, ….
La recette de Château Brutal est simple : une guitare, une batterie, des voix, du bon rock crado, suintant par tous les pores de la peau. Du son qui vous fait bouger et sauter partout, bref du lourd. L’ambiance du moment ressemble fortement à celle des Forest Sessions : un groupe de potes dont l’ambition est de vous faire bouger le popotin, en chœur, en couple ou en groupe. Pari réussi ! Les gens se massent près de la scène, l’ambiance bon enfant ne tombe jamais dans la lourdeur. L’humour, la décontraction et la « déconnade » sont au premier plan. Au niveau musical, s’il y a parfois de petits loupés, on ne peut que saluer la maitrise des musiciens qui se relaient. Certains portent une perruque blonde et frisée, clin d’œil à Romain. Les sonorités se renouvellent sans cesse (petit lien : http://chateaubrutal.bandcamp.com/) (Allez écouter les remix de leurs propres morceaux pour en avoir une petite idée….), et c’est en live qu’on les découvre pleinement. L’énergie musicale et scénique fait plaisir à voir et le temps passe trop vite. On aimerait en redemander encore, mais le temps est venu de laisser la place aux déjantés Twin Twin !
Si l’ambiance était déjà au « perché », le ton monte encore d’un cran avec les parisiens de Twin Twin. Ce trio nous vient du 93. Après avoir gagné en 2010 le « Lance-toi en live » organisé par le Fair, ils ont tout naturellement participé aux Sélections Fair de 2011. Composé du parolier et slammeur Lorent, de son frère jumeau François et du beatboxer Patrick, le groupe nous emmène dans un univers mêlant la Pop au rap, en passant par le slam ou le Hip-Hop. Le tout dans la bonne humeur, avec des textes mêlant le triste au joyeux. Ultra créatif, le trio ne se limite pas aux sonorités et aux textes de leurs chansons. Tout est orchestré à la manière d’un show musical et visuel. On retrouve là les influences de leurs débuts comme showmen pour Agnès B… On perçoit un petit quelque chose des Rita Mitsouko, de NTM. Le tout en imposant leur style assez iconoclaste. François, le guitariste, décrit leur univers comme « une sorte de carnaval musical » et c’est tout à fait l’atmosphère qui se détache de leur show très haut en couleur. Le public semble au début distant, la tension rock des « Château Brutal » venant tout juste de retomber. Et puis finalement, on se laisse prendre au jeu, on sourit, on bouge, on danse même la valse !
En mélangeant les styles et les univers, le Ricard S.A. Live Sessions a réussi, ce soir, à contenter le plus grand nombre.
