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Noé Preszow + Martin Luminet au Métaphone

Il y a quelques nouvelles dans ce bas monde qui donnent systématiquement le sourire. Parmi elles, l'idée de retrouver le Métaphone et son acoustique irréprochable en est clairement une. Le temps de sauter dans la voiture, de contourner le trafic lillois et nous voici arrivés à 20h pétantes dans la fosse, moment choisi par la régie pour baisser les lumières et permettre l'accueil de Martin Luminet et de ses deux acolytes, en première partie de Noé Preszow.

Martin Luminet, un artiste qui n'hésite pas à dévoiler ses failles

Plaisir tout d'abord de retrouver celui que nous avions quitté à l'hiver 2023 en première partie de la sublime Zaho de Sagazan et auteur d'un set plus que prometteur. Entouré de pierres volcaniques scarifiées habillant les claviers, la symbolique est belle tant l'artiste n'hésitera pas durant cette heure et quart à nous dévoiler ses failles, avec pudeur mais sans jamais la moindre compromission.

Des titres tels que Revenir nous font parfois retrouver des intonations d'un Hervé tandis que Silence et son entêtant riff de basse (sans oublier le "Ouais, ouais, ouais") feraient sans nul doute dandiner le plus frigide des spectateurs.

Par sa pop audacieuse et sa plume ciselée, Martin Luminet a ce don d'installer une espèce de cocon dans lequel nous prenons un vif plaisir à nous lover, bien aidés par des titres comme Magnifique ou Amourfou. Et autant dire qu'il se donne à fond, qui plus est pour ce qui s'avère être sa dernière date de tournée avant 2026.

Martin Luminet, entre introspection tourmentée et productions revendicatrices

La dernière partie du set se veut quant à elle plus tonique et revendicatrice. Après Garçon et son introspection tourmentée, l'homme saute à la gorge de cette "belle époque de fous" (Pardon) , allant jusqu'à imaginer lui "mettre une balle dans la tête" ainsi qu'à cette "France chérie FN qui regarde monter l'odeur de la haine" (Epoque).

Encore un bouquet de titres dont l'apothéose est évidemment Monde et son "qui ne saute pas n'est pas paumé" termine de conquérir, dans une émotion palpable, une audience majoritairement acquise à sa cause et de chauffer comme il se doit la place pour l'artiste suivant.

Noé Preszow, une soirée ponctuée de nombreux bijoux

Ce dernier, en l'occurrence Noé Preszow, ne se fait pas attendre et foule la scène oigninoise sur les coups de 21h15. Guitare sèche en bandoulière, le natif du Plat Pays envoie les premiers d'arpèges d'A force avant d'enchaîner sur l'un des nombreux bijoux qui ponctueront cette soirée, L'intime & le monde représentant le premier d'une longue série.

Très vite des sons plus électriques reviennent à la charge, permettant d'appuyer Comment fais-tu pour vivre ? / Nos années 20 où la contemplation désabusée d'"une époque de fous" se retrouve aussi ici mais avec malgré tout une lueur d'optimisme.

Noé Preszow, des morceaux qui font réfléchir

Deuxième moment fort du set, l'évocation par Noé de son voyage sur la terre de ses ancêtres et d'une certaine manière à la recherche de ses racines. Et même si le périple aboutira finalement sur la découverte d'un terrain vague, en a résulté le poignant Preszow = Prèchof, trace éternelle "d'une mauvaise étoile mais d'un rire invincible". Le tout sublimé par des lumières symbolisant le drapeau polonais, personne ne peut rester indifférent face à un titre qui aurait toute sa place dans les livres d'Histoire.

Et que dire de l'enchaînement avec Juste devant, dénonçant à sa manière "les vagues brunes" beaucoup trop présentes dans l'Europe voire le monde qui nous entoure et que l'artiste ne peut se résoudre à laisser progresser. Deux morceaux qui font réfléchir.

Un intermède plus sentimental vient adoucir la suite avec Charlotte et cette nostalgie d'une histoire passée où chacun peut se reconnaître, et surtout L'âge que l'on se donne, splendide ritournelle terminée a capella avec le public et qui a cette faculté de donner l'impression que l'artiste ne s'adresse qu'à nous. Une prouesse dont peu de gens peuvent se targuer.

Noé Preszow, ou quand la chanson francophone montre qu'elle a encore des choses à dire

Surprises du chef, Leila Lachterman apparaît sur scène pour partager Faire les choses bien tandis que Martin Luminet est lui aussi de retour un peu plus tard, le temps d' un mashup de Monde et du A nous de Noé Preszow. Une performance impeccable tant on a le sentiment que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, le dernier cité rappelant qu'il évoque régulièrement son comparse lorsqu'on l'interroge sur ses inspirations actuelles.

Un puissant moment que seul le live peut nous offrir, et il est déjà temps pour le Bruxellois de s'approcher de la conclusion de cette soirée. On fait le constat avec lui Que tout s'danse, puis on se remémore l'époque de nos 27 ans, avant que l'artiste ne nous emmène Jusqu'au bout de la nuit, sans la moindre fioriture (ni même micro). Juste lui, sa guitare, le public. Un retour à l'essence même de la musique, qui met le point final à une soirée emplie de poésie.

C'était bien, c'était beau. C'était Martin Luminet & Noé Preszow, ou quand la chanson francophone montre qu'elle est innovante et a encore des choses à dire. Merci Messieurs !

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