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Okou à la Péniche

Okou est un duo et s'ils expliquent jouer parfois à plus, c'est à deux qu'ils viennent conquérir la Péniche ce soir à Lille. La petite salle est pleine à craquer et la chanteuse et musicienne Tatiana Heintz propose assez vite au public de se lever, ce qui engendre des protestations du fait de la température déjà élevée. Il n'empêche : la plupart vont se lever et si des éventails improvisés viennent défier la chaleur, les spectateurs se concentrent essentiellement sur ce qui se passe sur scène. Les Okou jouent plusieurs morceaux issus de Serpentine, trois dont l'efficace Eye For An Eye avant To The Bone, qui les a fait connaître en France, par le biais des radios notamment. Le public est invité à participer aux choeurs. Et déjà il faut avouer que si le duo ne s'exprimait pas en français entre les morceaux, on les aurait bien vu issus d'ailleurs. On ne vous fera pas ici le couplet métisse et on se contentera d'évoquer les Etats-Unis tant l'ancrage de ce folk tourné vers un blues world sophistiqué semble venu de loin. Sacré mélange des genres proposé là, mais d'une étonnante cohérence. Les morceaux s'enchaînent sans lasser et c'est un pur plaisir à l'oreille, tant concernant le chant impeccable, la voix accrocheuse, que les mélodies léchées, à la fois compliquées et décomplexées. Serpentine, et le multi-instrumentiste Gilbert Trefzger expose un banjo auquel on a ajouté une corde de basse.

Okou aime le bricolage et après A l'aurore, ils présentent une boîte, sorte de boîte d'écho simple et perfectionnée à la fois. Tatiana Heintz communique beaucoup et explique même l'origine de la chanson Bloodstrangers : une mère qui n'a pas vu sa fille depuis 33 ans. Elle profite également d'un moment pour évoquer la collection de guitares de Gilbert : 40 environ au total, et la majeure partie provenant des années 20. Ces précisions constantes s'ajoutent à la sympathie naturelle qu'on accorde à Okou musicalement parlant. Après Tired Feet, le duo présente une version assez géniale de Picked Me Up, plus expérimentale que la version album. Globalement les morceaux prennent une ampleur considérable et là où l'album était sympathique, le live les sublime à merveille. La setlist est finalement plus longue que prévu, le public étant très enthousiaste. Et on le comprend : les Okou ont juste une classe folle. Ils reviennent donc pour une nouvelle version de To The Bone, histoire d'arracher quelques derniers frissons à l'assemblée. Si la Péniche a proposé une saison classieuse cette année, cette soirée est loin de faire tache et ce petit concert a priori sans prétention était "juste" un des meilleurs moments lillois de 2010.

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