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Olivia Ruiz et Féloche à La Luna – Folies de Maubeuge

La vie Cajun, c’est bien

Féloche connaît plutôt bien le bayou du Nord. Après son passage à La Péniche de Lille en février dernier, il est de retour chez nous pour les Folies de Maubeuge.

Après nous avoir présenté La Vie Cajun (qui est aussi le titre de son album sorti en janvier), Féloche nous propose de jeter les gants (Jette les gants). On retrouve le plaisir de ces ambiances marécageuses (ou plutôt, celles du bayou, en Louisiane), la voix à la fois nasillarde et criarde du joueur de mandoline et surtout cette envie de danser. D’ailleurs Féloche invite la foule pour « une valse de l’an 4000 » sur Reste avec moi, et on ne demande que ça ! Le public remue moyennement jusqu’au pont où finalement il se lâche complètement. Les bras levés, La Luna se laisse entraîner par Léa (trompette, accordéon, samples, harmonica) qui martèle son pad (boîte à rythmes) et par un Féloche tout sourire. « Ça tourne la tête la valse hein ! »
« Après une chanson d’amour, une chanson de tous les jours. Oué je sais, c’est con comme rime mais tant que c’est pas dans la chanson ça va » (rires). Et c’est vrai qu’on aimerait bien avoir Tous Les Jours cette petite dose de bonne humeur avec nous. Même Féloche semble émerveillé de voir le public si réceptif à son univers jovial. Un public qui reprend en chœurs les paroles simples et efficaces de ce titre romantique.

Changement d’ambiance avec l’invocation du « Pape de Louisiane » comme le dit l’artiste, le Dr. John Gris – Gris John. La Luna s’assombrit lorsque le Dr. Jones prend – virtuellement – la parole, et quand les lumières se rallument, Féloche, Léa et Christophe (contrebasse) ont revêtu de grosses têtes poilues d’animaux (un vautour, un loup et une hyène). A la fin du titre, la foule est en délire !
Féloche et ses acolytes ne relâchent pas la pression. Au contraire, avec le célèbre Darwin avait raison, le groupe et le public vibre comme un seul être. « Merci à vous ! C’était bon de jouer avec vous ! » lance Féloche. La fin s’annonce, mais l’artiste veut d’abord savoir si on se souvient de l’époque des punks… Une manière d’amener le dernier morceau, Eh Toi ! La foule est survoltée et le solo de contrebasse de Christophe n’est pas là pour calmer les ardeurs.

Lorsque le groupe réapparaît sur scène pour le rappel, Féloche veut monter un cran au-dessus : « Allez Maubeuge ! Allez, soyons fous là, c’est les Folies ! » Il demande alors à Léa de faire une grosse caisse nerveuse pour rythmer le final. « Oué c’est une grosse caisse ! Oué, elle est enceinte… » Le groupe reprend Eh Toi ! et partage les parties de chant avec le public qui le suit sans difficulté. « Eh toi Olivia ! » crie Féloche. La Luna est à bloc pour accueillir la très attendue Olivia Ruiz, après avoir chaleureusement remercié Féloche et ses deux compères.

Des Météores plein les yeux

Ce n’est pas à un "changement de plateau" qu’on assiste mais plus à un "dénudage" des tentures noires qui couvraient micros, batterie et autres instruments qui composent la scène d’Olivia Ruiz. La Luna affiche complet ce soir et l’encadrement est des plus sérieux. Le service de sécurité distribue de nombreuses bouteilles d’eau car la chaleur est intense. Alors que les enceintes diffusent du Velvet Underground et du Tunng, une petite fille dans le fond de la salle acclame de sa petite voix « O-li-via ».
Et soudain, la musique s’arrête, les lumières s’éteignent, une rythmique de batterie démarre et la foule se met à applaudir. La troupe arrive en rang serré, s’installe derrière ses instruments et balance le son. C’est alors sur les premiers riffs énervés des Crêpes aux Champignons qu’Olivia déboule, sautant partout et chauffant directement son public. Sous des applaudissements conquis, elle lance un « Bonsoir Maubeuge ! Comment ça va ?! ».

La scène est impressionnante, et à l’image du concert qu’elle avait donné à Lille en décembre, c’est un vrai spectacle que nous offre Olivia Ruiz ce soir, même si les décors sont un peu moins conséquents (le miroir et la balançoire notamment ne sont pas là). Sur Quijote, on peut prendre la dimension de ce travail de fond, notamment avec les éclairs de lumière. Au milieu des banjos et de la contrebasse, Olivia a envie de cracher le démon (Spit The Devil) et la scène prend des allures de cabaret.
On aime tout chez la chanteuse aux origines espagnoles : ses mimiques, ses danses, ses mises en scène (comme sur Peur du Noir), ses personnages inquiétants et ceux plus explosifs, sa générosité, son humour et sa beauté. On peut d’ailleurs entendre ici ou là « Oh oué, elle est trop belle ! ». L’artiste calme ses ardeurs capillaires avec une queue de cheval et enchaîne avec J’Traîne Des Pieds. Elle encourage le public qui reprend en chœur les paroles, et le laisse même chanter, admirative. La belle achève son titre avec quelques mots en espagnol (Mi Cara Arañada) et demande une acclamation pour ses musiciens. Olivia Ruiz en remet une couche en reprenant avec son public et a capella la fin de la chanson.
Avec détermination, la Miss Météores veut conquérir son public, quitte à se faire manger (Goûtez-Moi). « Alors Maubeuge, ça y est, vous êtes chauds ? Même au fond là-bas ?» demande la belle Olivia. Parmi la foule, ça crie à gorge déployée. La femme chocolat en rajoute alors une couche : « Vous avez l’air en forme et c’est beau par chez vous. C’est ça qui est bon. Mais il fait une de ces chaleurs ici ! Chez moi il fait bien chaud et normalement quand je viens dans le Nord, c’est avec des gros pulls. Mais ce soir c’est plutôt en bikini qu’il fallait venir ! Allez, la prochaine date à Maubeuge, on vient tous en bikini ok ?! »

Avec I Need A Child, Olivia nous informe que « c’est un concept qu’[elle] testera ». Y aurait-il comme un bébé dans l’air ?... On n’en saura pas plus. Vient ensuite le premier single extrait de Miss Météores, Elle Panique. L’auto harp de Franck Marty en intro sonne comme une petite mélodie de danseuse, avant que la guitare ne vienne sublimer le tout. Et quand le public chante d’une seule voix qu’il a peur pour son « derrière », Olivia Ruiz le regarde d’un air coquin avant de féliciter : « Parfait ! ». Le morceau en live est un vrai tonnerre, entre les réarrangements et les ponts énervés qui ont été ajoutés. La chanteuse quant à elle exulte et explose dans tous les sens. Elle lance même une battle de chœurs entre l’avant et l’arrière de la fosse et déclare un match nul.
On aime aussi quand Olivia prend soin de son public : « Vous avez de l’eau ? » / « Oui, la Mer du Nord ! » lui répond-t-on (rires). Elle s’inquiète même gentiment pour les enfants venus avec leurs parents : pour I Need A Child, elle n’a pas pu expressément parler de sexe pour qu’ils n’entendent pas de bêtises, et maintenant elle veille bien à ce qu’ils aient à boire. Elle prend aussi soin de ses musiciens et notamment de Robin (guitare, ukulélé) qui a plein de buée sur ses lunettes : « On va tous mourir sur scène ! » s’amuse-t-elle en reprenant la chanson de Dalida.
Pourtant, la Miss Ruiz maintient son public bien chaud avec J’aime Pas L’Amour. Lorsque Robin lâche son ukulélé pour reprendre ses gros riffs de guitare, la foule pogote puis se radoucit quand les notes de ukulélé rejoignent la scie musicale de Franck pour les couplets. Du coup, tout le monde a envie de crier « J’aime pas l’amour ! » A la fin du morceau, une femme hurle très fort et Olivia rebondit instantanément : « Putain, qu’est-ce que t’as pris toi ?! Youhou ! » Tout en se dénudant les pieds, l’artiste enchaîne en nous racontant qu’elle écrit un peu sur sa vie, et notamment sur sa mère tout en lui faisant croire que ce n’est pas le cas. Pour excuser sa Mam’, elle conclut sur ces quelques mots : « En même temps c’est dur de supporter d’être ma mère ! » Olivia Ruiz continue avec la Thérapie De Groupe puis Belle à en Crever.

Alors qu’elle se démène encore avec ses cheveux qui ne veulent pas rester en place, le concert se poursuit avec Le Saule Pleureur. Le morceau est allongé par la chanteuse qui reprend a capella tel un poème le dernier couplet. Les agités Quedate et Mon Petit à Petit viennent relever l’ambiance. On amène ensuite un orgue de barbary et dans le public on pense que le groupe va jouer La Femme Chocolat. Mais Olivia Ruiz explique qu’il lui a fallu plusieurs années avec Franck (qu’elle connaît depuis longtemps) pour monter un morceau avec un tel instrument. C’est en fait When The Night Comes que reprend la troupe, groupée sous trois spots.
Yohan, l’ingénieur scène, enlève l’orgue et aide Robin, sous les yeux d’Olivia qui fait mine de se plaindre : « Et moi, je me débarrasse toute seule c’est ça ». Le set touche bientôt à sa fin. La chanteuse remercie alors tout le monde, et notamment ses huit musiciens qui entament un solo chacun leur tour : Cécile Marques aux chœurs et à l’accordéon, Robin Canac, Stéphane Blanc (basse) « qui a bien mouillé sa chemise », Jean-Philippe Motte (batterie), Franck Marty « qui m’a connue jeune, belle… et maigre » (rires), Johan (saxophone), David (trompette) et Stéphane (tuba, contrebasse).

David justement commence une partie de trompette et Olivia Ruiz lance, en haranguant de ses bras la foule : « Vous la vouliez, la voilà ! » La Femme Chocolat achève en beauté ce concert, ravie d’être venue faire un petit tour aux Folies pour fêter la sortie de son album live ! (sorti le 31 mai)

[Pour retrouver en partie l’ambiance de ce live, vous pouvez venir écouter ici la setlist]

Après le concert d’Olivia Ruiz, nous avons retrouvé Féloche au stand merchandising. Après un petit tour dans les coulisses, c’est autour d’une table que l’artiste nous a accordé quelques minutes pour une interview.

Clément : C’est la deuxième fois que je te vois dans le Nord. Qu’est-ce que tu penses du public ? Est-ce qu’il est vraiment plus fervent qu’ailleurs ?
Féloche : Ah oué ! C’est le public le plus accueillant, gentil. Et ce qui est marrant, c’est qu’il y a le Nord, et il y a le Sud aussi. Pas Marseille, parce que Marseille c’était plus dur, enfin de mon expérience. Mais c’est le même genre, public accueillant et gentil en fait… bienveillant. Et ça ça fait plaisir. Chaleureux et tout. Là encore, c’est différent parce que c’est grand et tout le monde attendait Olivia Ruiz donc en première partie, c’est pas pareil. Quand on avait joué aussi à La Péniche, c’était super quoi.

Clément : Et c’est Olivia Ruiz qui t’a invité ou c’était la programmation ?

Féloche : Je crois que c’est… en fait, j’ai pas compris.
Clément : Parce que comme tu l’acclamais à la fin du concert, je me suis dit peut-être que ça venait d’elle ?
Féloche : Oui, mais alors en fait, je pense que je me suis trompé ! (sourire) Apparemment, c’est la programmation. Mais comme on a discuté, elle était contente que je joue en première partie. Donc elle attendait ça aussi elle m’a dit. Elle était contente. C’est peut-être la programmation des Folies en fait. Je pense que c’est ça d’ailleurs. C’est ce que j’ai appris après (rires).

Clément : Vos univers sont un peu différents, mais je trouve en même temps qu’ils pourraient bien se combiner. Un duo avec elle, ça t’intéresserait ?
Féloche : C’est vrai, c’est vrai ! On a discuté mais en même temps, tout va très vite quand on est sur la route. Mais en tout cas moi je la respecte beaucoup et j’ai cru comprendre en tout cas qu’elle aimait bien aussi ce que je faisais. Donc ça fait plaisir.
Clément : Peut-être un jour alors…
Féloche : Peut-être un jour.
Clément : Sur un plateau de Taratata par exemple…
Féloche : Ah ça ce serait la classe ! Ah oué oué, carrément.

Clément : Et la tournée justement, quand on s’était vu c’était…
Féloche : Le début !
Clément : En février, c’était au tout début, alors qu’est-ce que ça donne ?
Féloche : Bah c’est toi qui va me le dire ! C’est un peu plus rodé ?... (rires)
Clément : Pour moi, c’est aussi bien que la première fois. Mais, c’est différent parce que la salle est plus grande et comme tu dis, à La Péniche on venait te voir toi alors que là on venait peut-être plus voir Olivia.
Féloche : Exactement. C’est vrai que même dans ta position quand tu joues, en fait tu défends plus ta musique, tu la présentes. Alors que quand les gens dans une petite salle viennent pour toi, t’as plus qu’à leur faire plaisir. Là tu dois un peu la défendre. Il y a une différence entre défendre sa musique et l’offrir. Mais en même temps, le plaisir est le même parce que si l’énergie du public, si ça répond, ça te redonne de l’énergie et du bonheur.
Clément : Donc ton concert tu en es content ?
Féloche : Ah oué je suis super heureux. En plus il fallait faire 44 minutes, il fallait faire 45. C’est parfait ! (rires)

Clément : Ton nom, Féloche, ça vient de Félix c’est ça ?
Féloche : Bah oué, c’est mon surnom en fait, depuis l’école. C’est les copains qui m’appelaient Féloche et puis c’est resté parce que, quand tu fais de la musique, t’es toujours un peu à l’école en fait. Tu fais des bêtises, des conneries avec les copains. T’es dans le tour bus, tu rigoles.
Clément : Parce que quand je m’étais renseigné sur ton prénom, tu sais dans ta chanson tu dis « Darwin avait raison, Féloche est un poisson ». Je me suis dit : il a pris un nom de poisson, il aime bien la pêche ou un truc du genre. Donc en fait, non, ça n’a rien à voir ?
Féloche : Non ! (sourire) C’est l’évolution plus rock’n’roll. J’étais le gentil petit Félix et après j’étais un rockeur !


Clément : Une petite dernière question : l’accouchement c’est pour quand ?
Féloche : L’accouchement ? Pour Léa ? C’est ma blague que j’ai ressortie ! Je l’ai trouvée le soir de Lille.
Clément : Parce que tu jures que c’est pas vrai ?!
Féloche : Mais non ! (rires) C’est une blague en fait parce qu’à chaque fois que je la vois avec sa grosse caisse, on a l’impression qu’elle a un bébé. Et tu te dis : « Oooh ! »
Clément : Parce que du coup moi j’ai regardé. Ce soir j’étais plus loin de la scène qu’à La Péniche mais je me suis dit…
Féloche : …Bah ça a pas beaucoup évolué, c’est bizarre ! (rires) Non non non, c’est une blague en fait. C’est vrai qu’il y a des gens qui l’ont pris au premier degré, mais c’est marrant.
Clément : Comme tu le sors, on y crois !
Féloche : Bah oué ! C’était un truc… pour rigoler quoi. C’est une grosse caisse, comme un bébé. Une grosse caisse de fanfare !
Clément : En tout cas, ton concert de ce soir confirme : [Féloche] c’est vraiment bien !
Féloche : Ah c’est chouette !
Clément : Donc, un grand merci. Et puis, bonne continuation pour la suite de la tournée. Au plaisir de te revoir dans le Nord !

(Alors que j’éteins le dictaphone, Féloche se penche dessus et je lui propose de faire une petite dédicace…)
Féloche : Eh ! LillelaNuit.com, mon gars… Euh, qu’est-ce qu’il y a à Lille la nuit ? Ya tout ! Ya le bayou la nuit à Lille ! Ah ah ! (rires)

Féloche

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