Hier soir, le Grand Mix de Tourcoing était la douzième et dernière salle à accueillir les open mic de la tournée des InRocks lab et Sosh. Du 5 mars au 17 avril, les artistes et groupes sélectionnés se sont produits lors d’auditions ouvertes au public. Une chance unique pour les musiciens amateurs de donner un coup de pouce à leur carrière, puisque le prix du jury jouera au festival des inRocKs 2014 et recevra un stage de formation à l’IRMA grâce au FAIR. Le prix du public remportera quant à lui un enregistrement dans un studio réputé et une résidence à Mains d’Œuvres. Les douze groupes sélectionnés auront le privilège de jouer pour le festival de lauréats à la Gaîté, au cours duquel le jury désignera les 5 finalistes.
La soirée débute tout en douceur, avec le jeune Ivory Lake et sa folk pop très, très douce. La salle n’est pas encore remplie, mais le public déjà présent est immédiatement charmé par la voix emplie d’émotions d’Ivory, avec pour seul accompagnement sa guitare. Avec un talent indéniable, le jeune homme semble livrer ses pensées les plus intimes au public avec une sensibilité bouleversante. Une voix douce et un peu cassée, un micro et une guitare, un combo simple et efficace. Sa timidité, plus touchante que rédhibitoire, a cependant empêché le public d’applaudir l’artiste autant que sa musique le méritait.
Changement d’ambiance avec les piles électriques du groupe G Y M. Le public commence à s’agiter, les pieds tapent au sol, les têtes se balancent… le chanteur Jérôme Voisin est un chauffeur de salle hors pair. Avec un look décalé et une présence sur scène qui évoque celle de The Hives, l’envie de bouger avec lui devient incontrôlable. A chaque chanson son ambiance, le trio manie leurs mélodies pop folk avec brio. La guitare est absente, la basse est par conséquent deux fois plus présente, et ça fonctionne tellement bien ! C’est peut-être là une grosse partie de l’identité de G Y M, en plus de la voix et des chœurs qui accompagnent ces mélodies fraîches et entraînantes.
Puis vient le tour de l’envoûtante Lena Deluxe. Ne vous fiez pas à son visage de poupée, son son est puissant, résonnant et torturé. En vrai diva, elle est parvenue à capter l’attention de l’assemblée grâce à une capacité vocale permettant d’aller chercher des notes si aigües qu’on en reste bouche-bée. On reconnaît dans son style ses influences grunge et rock psyché, mais la jeune chanteuse est parvenue à se constituer une identité musicale bien à elle. Sa voix, non sans rappeler celles d’Adèle ou de Duffy, n’est pas son seul talent puisque d’une chanson à une autre, elle joue de la guitare, du ukulélé ou encore du synthé. La complicité avec ses musiciens de talents est certainement un atout qui permet à la sympathique jeune femme de s’épanouir pleinement sur scène.
Vous avez forcément déjà visionné un film d’ado américain. Vous savez, ceux qui se terminent par un bal de promo, au cours duquel il y a toujours un groupe de rock qui se charge de l’ambiance. Eh bien ce groupe, il caractérise bien l’univers d’Okay Monday. Un rock pur et une fraîcheur qui rend nostalgique. La guitare électrique est très présente, les mélodies sonnent comme une évidence. La surprise de la soirée demeure néanmoins la voix du chanteur, si aigüe qu’on peut s’imaginer une voix féminine en fermant les yeux. En somme, Okay Monday, c’est une énergie positive et communicative, et une naïveté qui fait la fraîcheur de leur musique.
Présenté comme un artiste catégorisé « electro », Antoine Pesle nous a pourtant proposé une session acoustique. Des maracasses dans une main, des grelots dans l’autre, un guitariste pour l’accompagner, le bruit des vagues en fond sonore, et la présence étonnante d’une otarie en plastique. Intime et privilégié, le moment passé avec l’artiste est semblable à ceux passés au coin du feu entre amis sur la plage en été.
SANIK est un groupe de rap qui s’est bien approprié les codes du genre, et qui a su s’attirer la sympathie et les applaudissements du public en conséquence. Spontanés et naturels, ces jeunes gens nous ont proposé des textes engagés aux thèmes récurrents dans l’univers du rap. SANIK, c’est du rap français pur, de base, comme on le connaît. Peut-être le groupe gagnerait-il à apporter une touche un peu plus personnelle à leurs sons, néanmoins déjà très professionnels.
Avec Numérobé, du son rien que du son. Le DJ a pris le parti de mélanger le son de sa basse au fond électro de ses musiques, et c’est un combo qui marche. Un son électro puissant, mais doux, saccadé et aérien à la fois. C’est grâce à un savant mélange entre sa rapidité du jeu à la basse et la lenteur du fond électro que Numérobé parvient à créer une musique bien à lui. Les morceaux s’enchaînent sans coupures, avec des transitions subtiles à peine perceptibles. Le genre de musique sur laquelle on a envie de danser, mais également de s’allonger simplement et d’écouter en fermant les yeux.
La soirée s’achève avec un second DJ, Blaise Bandini. Une Deep House de qualité, une maîtrise parfaite du son qu’il produit, qui utilise le minimalisme tellement en vogue actuellement en Europe, mais qui ne manque cependant pas d’émotion. Son travail a attiré l’attention du label montréalais Mode 33 Records, ce qui lui confère crédibilité et professionnalisme.
Modification du 29 avril 2014 : Okay Monday fait partie des 15 lauréats (demi-finalistes) sélectionnés pour le festival Sosh aime les Inrocks Lab du 29 au 31 mai à la Gaîté Lyrique à Paris.
