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Philippe Katerine à l’Aéronef

En cette période de l'Avent, il est toujours agréable de patienter jusqu'à Noël avec une petite friandise. Qui plus est quand elle est aussi savoureuse qu'un live de Philippe Katerine. Fort de ces Confessions déjantées qui ont redonné un vent de fraîcheur à ce que l'on nommait jadis la Nouvelle Scène Française, il nous tardait de découvrir le rendu scénique de tout cela. Et autant le dire d'emblée, cela a valu son pesant d'or !

Mais avant de retrouver la malice du vendéen, c'est avec un autre Philippe que nous prenons rendez-vous. Guitare sèche vissée sur l'épaule et complet gris impeccable, Eveno (c'est son nom) nous propose trente minutes de fantaisie autour de l’instrument à cordes. En débutant le set par un Petit Papa Noël dans le style Django Reinhardt on se dit alors que nous allons vivre une expérience inédite. Et ce n'est pas la Thune d'Angèle façon Jean-Michel Avous ou la Marseillaise revisitée à la sauce bossa qui vont nous prouver le contraire. Après deux compositions personnelles, Eveno joue avec l'audience jusqu'à partir dans un délire physique avec sa guitare, acte tellement intense qu'il donnera naissance... à un ukulélé. On ne vous en dit pas plus, il faut le voir pour le croire mais voilà qui lance parfaitement une soirée placée sous le signe de la folie douce.

Une soirée pour laisser libre cours au génie créateur de Katerine

Le public chauffé à blanc, il est désormais temps de faire exploser tout cela avec l'arrivée de Katerine et de sa troupe. Tout droits sortis des narines d'un nez géant, la bande simplement vêtue de justaucorps façon Frères Jacques sous LSD laisse place à la vedette du soir visiblement enchantée d'être à Lille.

BB Panda ouvre d'entrée les hostilités, bien aidé par son "arrêtez de parler" fédérateur, destiné à la classe politique mais également au C.O.N.S en général. Katerine est heureux d'être là et il le montre car il adore regarder danser ses ouailles devant lui et être stone avec elles. Ce dernier ne se fait d'ailleurs pas prier pour envoyer  le single du dernier opus puis Louxor qui terminent de transcender les foules.

Dès lors, l'Office est lancé. Après nous avoir savamment rappelé dans une succulente diatribe que nous étions tous des gouttes de sperme victorieuses, il est désormais temps d'une pause banane. Le tout, assaisonné par un Blond revendicateur et surtout un mashup entre Excuse-moi et un titre emprunté à Lomepal. On se serait cru un instant revenir au temps des Zebramix et diantre que c'était bon.

Très joueur avec l'audience lilloise, Katerine, jamais avare de bons mots, nous suggère ensuite un medley à base de bisous, de moustache... et de bifles. Tout un programme ! Ce set, enjolivé de sonorités très électro donnent un espace supplémentaire de liberté au vendéen qui n'en demandait pas tant pour laisser libre cours à son génie créateur. La parfaite illustration étant l'enchaînement Marine Le Pen / KesKessékçetruc. Divinement dingue.

Des confessions dans un véritable état de grâce

Outre les nouvelles du Monde avec la Reine d'Angleterre, place aux questions existentielles du type Comment tu t'appelles ? (Philippe) ou La Clef. Des confessions s'enchaînent dans un véritable état de grâce, et ce, pour le plus grand plaisir d'une Aéronef pleine à craquer qui fera comprendre au chanteur qu’il n'est définitivement "Patouseul".

De l'électro au funk, il n'y a qu'un pas que l'artiste franchit allègrement avec l'aide d'Ann Shirley, ancienne lauréate d'un célèbre télé-crochet. Par l'entremise d'un Sexy Cool dispensé à la manière d'un Jamiroquai d'abord, d'un Duo livré depuis la planète disco ensuite. La complicité entre les deux acolytes est évidente, de même qu'avec le reste de la troupe multi-instrumentiste.

La dernière partie du show permet à la bande de retrouver une tenue plus conventionnelle et à Katerine de nous offrir quelques mélopées aussi douces que le velours de sa veste. Citons pour s'en convaincre Bonhommes ou un Aimez-moi teinté de cuivres et repris en cœur par le chœur de cette Nef définitivement acquise au sermon de son pasteur d'un soir.

Un authentique voyage expérimental, charnel et haut perché

Enfin, outre l'idée de tolérance et d'acceptation de soi enseignées au travers des 88%, Philippe Katerine nous offre un dernier conseil avant de partir. Celui-ci nous vante les promenades à Paris la nuit en vélib' mais avec un petit "supplément" dont les inconditionnels auront saisi la référence.

Sous les hourras de la foule, Katerine quitte la scène pour mieux la retrouver une ultime fois en peignoir de soie pour un Moment parfait résumant admirablement la soirée que nous venons de vivre.

Il faut le dire, au regard de l'album nous attendions beaucoup de cette retranscription scénique et force est de constater que l'ami Philippe est allé au-delà de nos espérances. Nous avons pu assister ce soir à un authentique voyage expérimental, charnel et haut perché nous ayant permis d'atteindre une sorte de nirvana auditif. Alors rien que pour cela, ne manquez pas Katerine sur scène, un concert qui vous donnera sans nul doute... la banane !

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