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Placebo & Expatriate au Zénith

« Baby, did you forget to take your meds? »

Quelque chose cloche ce soir. On aurait pourtant dû le sentir dès le début du concert : deux titres seulement pour le shooting photos. C’est peu et cela laisse trainer d’emblée un certain malaise. Drôle d’idée également que de lancer un festival de courts métrages sur une tournée pour faire patienter les fans en salle. On a vu mieux pour faire monter la pression…
Expatriate assure la première partie entre deux films. Sans être exceptionnel, le groupe est plein d’envie et de volonté d’en découdre. Ce qui va cruellement manquer au set de Placebo. Aïe.

Pourtant, Dieu m’est témoin que je l’aime la bande à Molko. Mais là, il y a maldonne, ce n’est pas le groupe qui a enflammé la Grand’ Place d’Arras, il y a quelques mois ! C’est impossible. La déception est d’autant plus grande que l’album nous avait transportés. Cette tournée des Zéniths était attendue et elle chagrine plus qu’elle n’émerveille. La qualité des compositions n’est même pas remise en cause (hormis un 20 Years revisité qui perd toute sa force nostalgique et maladive). Non, il faut aller chercher l’explication ailleurs.

Visuellement, cela tient la route : les écrans sont impressionnants et utilisés à bon escient. Les lumières en mettent plein les mirettes (épileptiques, s’abstenir). Le groupe assure. Musicalement, rien à redire. Serait-ce alors cette fichue envie et cette rage qui distinguent le bon concert du service après vente, qui faisaient défaut?
Peut être y’a-t-il effectivement une subtile différence entre être sur les planches et être habité. Etre sur scène, et être concerné. C’est un groupe transparent qui s’est avancé devant une salle qu’il croyait toute acquise. Mauvais calcul. Brian doit aller chercher les fans pour avoir un semblant de répondant. Et lorsque les stroboscopes illuminent les gradins, l’ampleur du naufrage fait presque mal. Peu (ou aucune) réaction. Le malaise est palpable. Brian est le seul à voir que tout ne tourne pas rond dans ce mouroir de concert. Et il accélère, tête baissée, ruinant l’introduction de Devil In Details, sommant Steve d’enchaîner au plus vite. Il n’est pas le seul responsable dans cette galère : Stefan (qui joue proprement) se contrefiche des 7000 âmes qui méritent davantage de considération qu’un simple petit tour dans les premiers rangs.
Pas de grand frisson ce soir. Pas d’émotion. Jusque cet improbable rappel.

Placebo renaît de ses cendres et propose alors un sans faute. Bright Lights donne enfin au Zénith des allures de communion et de partage. Special K et The Bitter End rugissent et soulèvent une fosse jusque là amorphe. L’inédit Trigger Happy trouve même un écho favorable avant que Infra Red et Taste In Men ne terrassent les bienheureux qui n’ont pas déclaré forfait en quittant la salle…

Pas grand-chose à retenir donc de ce live. Deux rappels aussi excellents soient-ils ne font pas une performance inoubliable. Brian n’a jamais été aussi froid et distant. Lui qui sait se mettre une foule en poche en deux trois remarques bien senties et une voix inspirée qu’il module à loisir ! Reste cet incroyable batteur, Steve Forrest qui prend plaisir. Espérons qu’il sera redonner faim aux deux membres originels, car on ne peut définitivement pas rester sur un tel affront. D’avance merci !
 

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