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Pop Factory : Zaho de Sagazan + Martin Luminet + Clair au Grand Mix

Les amateurs de bon son de la métropole lilloise et d'ailleurs savent qu'une soirée au Grand Mix n'est jamais une soirée de perdue tant on y ressort avec son lot de pépites à découvrir en profondeur. Et ce soir de décembre n'aura pas fait exception avec cette nouvelle soirée Pop Factory pour le plus grand plaisir de nos tympans.

Clair, un show décidément pas comme les autres

Avant 20h, c'est la charmante Clair qui vient fouler la première la scène tourquennoise, accompagnée pour l'occasion de son guitariste Vincent. Dès le premier titre, le ton est donné : "Tout le monde m'emmerde" prononcé dans un sourire qui nous fait comprendre que ce show ne sera décidément pas comme les autres. Joyeusement délurée, la demoiselle sait y faire pour nous emporter dans son univers où se mêlent humour et mélancolie, le tout à grand renforts d'une pop acidulée aux faux airs de bossa. On y verrait presque par endroits une Katerine au féminin...et quand on la connaît un peu on sait que celle-ci entretient des accointances artistiques avec le charmeur du Louxor. 30 minutes sont ainsi accordées à Clair pour dévoiler l'étendue de La Maison Magique et force est de constater que l'on ne serait pas contre y faire à nouveau un détour ces prochaines semaines.

Martin Luminet, une électro exigeante et élégante

Le temps d'une courte pause que nous revenons à cette soirée Pop Factory avec l'électro exigeante de Martin Luminet. Exigeante et élégante comme s'il nous fallait un temps d'adaptation à la noirceur des textes de celui qui se dit venu à la musique "par accident". Mais très vite, le barbu sait nous prendre par la main, ponctuant ses intermèdes avec un humour pince sans rire dont on ne se lassera pas pendant toute la durée du set. Côté son, Martin Luminet se promène entre rythmiques syncopées, textes racontés et flow de basse ultra tendance donnant au cocktail une saveur qu'on apprend à apprécier au fil des minutes qui s'égrènent. Il suffit pour s'en convaincre de poser une oreille à Monde ou le remarquable Etouffer et sa question essentielle : Vaut-il mieux être heureux qu'amoureux ?. C'est face à un homme parfois désabusé mais jamais abattu que nous nous serons trouvés ce soir et là aussi on peut dire que la promesse fut à la hauteur de l'enjeu.

LA symphonie électroniquement délicieuse DE Zaho de Sagazan

Si le niveau de la soirée monte crescendo, nul doute que l'apothéose en sera incarnée par Zaho de Sagazan, et ôtons de suite le suspens, elle le fut ! Veste bleue sur justaucorps noir, la Nazairienne apparaît au piano sur le coin droit de la scène afin pour commencer de nous déverser sa Fontaine de sang. Les immenses synthétiseurs de ses deux comparses du soir sont au garde à vous pour nous faire passer un moment électroniquement délicieux. La maestra lance ensuite la symphonie du soir par une Aspiration dont les volutes à elles seules peuvent suffire à convaincre de vous jeter sur l'opus de la Belle, véritable réussite à tout niveau.

Avec ce je ne sais quoi d'hypnotisant, Zaho de Sagazan ne lâchera jamais les proies que nous sommes durant un set qui nous aura téléporté au temps des plus belles soirées berlinoises. Mon inconnu, Les dormantes, Tristesse...autant de bangers qui feraient bouger un mort portent Le Grand Mix à ébullition (rappelons au passage que la date du soir est évidemment sold out). Il faudra bien alors quelques respirations telles que Je rêve ou le titre éponyme de l'album pour reprendre notre souffle avant de plonger de plus belle.

une faculté à aller chercher au plus profond de notre âme

Le show continue de satisfaire le monde autour de nous, entre gente féminine, jeunes (et moins jeunes) éphèbes fascinés ou encore enfants ravis d'être là malgré l'heure tardive. Zaho de Sagazan a décidément cette faculté à nous faire aller chercher au plus profond de notre âme une sensibilité parfois occultée, et cela fait un bien fou.

C'est à ce moment qu'intervient l'incitation collective à expier tous ses traumas dans la danse avec le fameux Ne te regarde pas (lâche toi). Même si l'audience s'avère un peu fébrile au départ, Zaho exhorte la foule qui finira par lâcher tout autant d'énergie que celle déployée par l'artiste sur scène. Le temps d'un improbable 99 Luftballons conté dans un allemand impeccable que l'on remet ça avec Dansez qui part dans une frénésie électronique proche des 10 minutes et où Zaho de Sagazan termine par un bain de foule en fosse.

Zaho de Sagazan, droit au cœur

Dans des instants de ce type, les mots paraissent presque superflus tant il faut le vivre pour se rendre compte de l'intensité que déploie la chanteuse et cette adresse qu'elle a à viser droit au cœur. Un titre de Brigitte Fontaine viendra clore le set d'un brin de poésie qui n'en manquait guère et dès lors un conseil s'impose : précipitez vous sur les billets du Zénith de Lille en novembre 2024 car pour avril à l'Aéronef c'est déjà complet !

C'est véritablement à un moment hors du temps au pays de la synthwave que nous aurons assisté ce soir avec cette soirée Pop Factory ; moment qui nous fait dire sans hésiter qu'avec des artistes d'un tel niveau, dormez tranquille, la relève est assurée.

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