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Radio Moscow + Reverend James Leg à la Péniche

Reverend James Leg & Radio Moscow

Où l'on apprend qu'il est dur de boire un verre à bord d'une péniche, pour ce qu'on ne sait bientôt plus ce qui tangue, de soi ou du bateau.

Le Reverend James Leg commence son prêche par un "Argh... Whiskey !" mais tient la barre. Le leader de feu Black Diamond Heavies revient avec un nouveau batteur, un français d'Angoulême, Benjamin Swank. Il aurait sans doute pu garder le nom, tant la musique n'a pas changée depuis son dernier passage à Lille, à La Chimère, le 1er septembre 2010 (merci, et hommage, à Fred Loridant et Photorock.com). Le gaillard s'est fait tatouer depuis la dernière fois : une carte de Texas et "fucking Roadrunner, not Woody Woodpecker" sur l'épaule gauche, et "Saint Michael Rock and Roll Club" sur la droite. Il a déjà tout gagné...

Le fils de pasteur vient t'évangéliser à coup de Fender Rhodes. Son blues crasseux et saturé est appuyé par une batterie sans fioritures, rock 'n roll. L'ancien batteur frappait plus fort, mais Ben joue plus intelligemment, plus en relief. La voix de Leg est terriblement rauque et grave pour un gars texan tout sec, mais il nous révélera le secret : whisky et cigarettes. Bon, on peut s'en douter, hein. Pour ce qui est de la musique : AC/DC meets Tom Waits, aux claviers. Du gros blues poussiéreux quoi. Les deux gars sont adorables, au milieu d'une tournée de deux mois, ils viennent d'arriver en France, sont super contents de quitter les Etats-Unis. On discute tattoos et musique avec le batteur, James me file une moitié de pinte " 'cause I don't really drink beer, someone just gave it to me, I prefer Whiskey, help me with this one".

Pause. Les Radio Moscow sont tranquillement en train de fumer une clope et de discuter un coup avec les Primitives Low-tones, les lillois qui ont ouvert pour eux à Creil, deux jours avant. La moitié de L'Amul Solo est là, Fred ayant mis la moitié de Lille au blues-rock seventies des américains.

Le groupe remplit des petites salles, mais a des fans loyaux. Beaucoup de gens avaient suivi la tournée, certains vont les voir après ou reviennent d'un concert précédent. C'est un peu l'histoire d'une génération frustrée qui n'accepte pas d'être née trop tard pour voir Hendrix et le Zeppelin live. Alors on rejoue la musique, et on est fan jusqu'à suivre les dates. On bouge même comme à l'époque, sur et devant la scène : tendu en avant, les bras raides, seule la tête bouge en rythme (bon, ça marche mieux avec des cheveux longs). On se prend à l'ambiance, d'autant que ça joue grave. Section rythmique efficace, son cradingue d'un ampli poussé un peu trop fort. La guitare de Parker Griggs est l'élément fédérateur, le point d'achoppement, la terminaison nerveuse de la Péniche ce soir.

LES FANS PEUVENT ARRÊTER ICI.

Car il faut être honnête : je n'ai pas été emballé. Radio Moscow me fait penser à Wolfmother il y a quelques années. C'est bien, mais qu'est-ce que ça apporte ? Sans rentrer dans les polémiques "tout a déjà été fait/c'est le renouveau du rock", on peut constater que jouer de la musique datée se révèle délicat. Déjà parce que se mesurer à Hendrix et Led Zep, c'est compliqué. Et si l'on y met pas sa patte, si on actualise pas le bordel, on a plutôt intérêt à respecter la tradition. Il manque à Radio Moscow les riffs, les thèmes dans les solos et les refrains de leurs aînés, ceux qu'on retient. On ne fait pas Black Dog ou Heartbreaker sans ça. Les commentaires de Griggs à la guitare ne font qu'ornementer la basse sans la compléter - trop de solos, la voix ne t'attrape pas les oreilles, et les avalanches d'effets ne musclent pas le son. Hendrix et Page live, c'était une wah-wah, une guitare et des Marshalls. Va te peser avec ton echo, quoi.

C'est injuste sans doute, car le show était vraiment plaisant et les musiciens sont bons. Mention spéciale au batteur qui t'envoyait de bons gros roulements dans tous les coins, bien tendus, à la limite d'être dehors, mais toujours rattrapés. Ils s'éclatent, rigolent avec le public, vont jusqu'à accepter de jouer une chanson demandée par l'audience (et ça c'est classe). Mais combien de temps vont-ils durer ?

 

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