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Renan Luce & Benoît Dorémus au Zénith

Existe-t-il beaucoup d'artistes qui peuvent se vanter d'attirer eux-mêmes une partie du public alors qu'ils n'assurent que la première partie d'un artiste reconnu ? En tout cas, Benoît Dorémus pouvait en être fier mercredi au Zénith de Lille. Certains sont venus en priorité pour lui, et les filles du premier rang n'étaient pas là que pour Renan Luce non plus. Il y a deux ans il était à la même place, assurant la première partie du même chanteur, et beaucoup l'ont découvert à cette occasion. Le fait de savoir qu'il revenait à Lille en a poussé quelques uns à venir le redécouvrir semble-t-il, et c'est tant mieux !

Et depuis sa dernière venue, il y a du nouveau. Faisant suite à son premier album "Que jeunesse se passe", son deuxième opus "2020" est sur le point de faire sa sortie nationale. Et merci Internet, puisque déjà, son titre "Bilan Carbone" s'est propagé et est déjà apprécié de ses admirateurs. D'ailleurs, il commence avec, et ça a l'avantage de chauffer la salle en quelques instants. Au premier rang, on crie son nom, Benoît Dorémus est déjà une star pour certains, ce n'est pas sans toucher le jeune chanteur, seul avec sa guitare sur la grande scène devant un Zénith quasi rempli. Il nous présente en solitaire ainsi des titres dépouillés musicalement par rapport à son album, et c'est pas plus mal. Il fait partie de ces chanteurs qui maîtrisent les mots et l'impact de chacun d'entre eux si bien que ce petit côté dénué à la voix écorchée a tendance à enrichir ses morceaux plutôt qu'à les appauvrir.

Et même s'il vient présenter ses nouveaux titres, il offre au public qui le connaît quelques uns de ses anciens morceaux, avec "J'écris faux, je chante de la main gauche", ou "Rien à te mettre". Il n'est pas sans nous rappeler les doutes qui l'habitent avec "De l'autre côté de l'ordi (acte IV)", avant de nous présenter le titre qu'il a écrit avec Renan Luce, "Je sors avec une étudiante". Un titre habilement choisi qui emporte l'adhésion du public. Enfin, il nous confie que lors de sa dernière venue, il a fini d'écrire un morceau de son nouvel album dans la loge, "Deux pieds dedans", qu'il nous chante avant de terminer son set avec "T'as la loose !". Un set propre et réussi, mais un peu court ?

C'est vite oublié, puisque Renan Luce arrive en scène et entame directement avec un titre de son dernier album "Le clan des miros", sorti en 2009, "Rue de l'oiseau Lyre". Au premier rang, une grande banderole de remerciements se dresse. Malheureusement malgré l'acharnement des filles, il en tiendra à peine rigueur et n'en dira pas un mot... Après des salutations sans originalité au public lillois, Renan enchaîne "Les gens sont fous", avant que le rideau transparent qui le séparait de ses musiciens s'ouvre et laisse s'échapper la batterie, la contre-basse et le piano pour son tube "Les voisines" sur lequel la foule se soulève littéralement. Rien à dire, la scène est sobre, simple mais belle et attirante.

Renan Luce, à son habitude, est enthousiaste et saute partout avec sa guitare, il n'hésite d'ailleurs pas à s'avancer à la rencontre de son public. Et que les fans du premier album "Repenti" se rassurent, Renan Luce va passer en revue la plupart de ses titres, réorchestrés habilement pour la plupart, comme "Chien mouillé", "Aux timides anonymes" ou encore "Mes racines". Fort de ses tournées et de l'enchaînement fou de ses dates, nous voilà incontestablement devant un Renan Luce plus sûr de lui, avec des chansons musicalement enrichies.

De ses nouveaux titres ressortent "Nantes", ou encore "La fille de la bande", mais ses anciens titres restent les plus appréciés. Et lorsqu'il se retrouve seul sur scène avec sa guitare, devant un rideau tiré sur lequel se projette une animation magnifique pour le titre "Repenti", on assiste vraiment à un beau spectacle. Oui l'animation est très réussi. Tel un dessin dont les contours ont été tracés rapidement à l'encre blanche, la soulhette d'un homme au chapeau s'assoit sur un banc, s'y allonge, se redresse... dans la plus grande sobriété. Le refrain est bien entendu repris en chœur par le public, et la chanson fait toujours le même effet, avec son riff de guitare récurrent.
Viennent alors se greffer une grosse caisse et une caisse claire, ainsi que la guitare et la contre-basse, sur le devant de scène, toujours habillée du grand rideau en fond, et les musiciens, assis sur de simples caisses en bois nous offrent un magnifique "I was here" renversant. Un titre qui est déjà l'une de ses plus belles compositions ; la gravure qui se trace s'écrit en projection sur le rideau au fil de la chanson, pour afficher un "I WAS HERE" est du plus bel effet.

Le groupe garde la même disposition scénique chaleureuse et proche du public pour "Je suis une feuille" où l'arrangement des deux guitares et la grosse caisse rajoutent un charme incontestable.
L'écran de fond continue à faire partie intégrante du spectacle, accompagnant presque tous les morceaux, projetant tantôt une boule de neige sur "Camelot", tantôt un ciel étoilé pour "Nuit blanche", ou encore des véritables animations de cirque avec un lion qui saute, des équilibristes et des acrobates pour le "Lacrymal Circus".
Au final Renan Luce nous montre là qu'il est possible de faire de jolies animations de concert tout en restant simple et sobre, avec un décor qui a toute sa place dans les différents morceaux et crée une ambiance particulièrement réussie.

Le concert touche à sa fin avec le tube de son dernier album "On n'est pas à une bêtise près", repris par le public, l'excitation monte crescendo et sonne comme un final majestueux, sur lequel Renan Luce ajoute quelques remerciements avant de s'éclipser et de laisser place à ses musiciens pour un final musical puissant qui rappelle le bon moment que l'on a passé ce soir.
Un rappel, sans surprise, avec la reprise pas plus surprenante de "Monsieur Marcel" et de "La Lettre", morceaux particulièrement appréciés de son public. Après "La Lettre" qui s'achève sur un saut à la Mathias Malzieu, il se lance dans une reprise. Mais le temps où Renan ne faisait pas un concert sans une reprise de Brassens paraît si loin... Ce soir c'est "Laisse tomber les filles" qu'il reprend, et même si le public connait bien le refrain, l'idée sonne mauvaise. Il termine enfin son rappel avec "Femme à lunettes" qu'il annonce comme imprévue... mais les animations de projection, elles, étaient bien prévues pourtant...
Un rappel un peu décevant, qui n'est d'ailleurs pas réitéré par le public qui quitte les lieux presque en silence. Dommage.

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