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Requiem pour L. – Cassol et Platel à l’Opéra de Lille

Du jeudi 6 au samedi 8 décembre, l’Opéra de Lille accueillait Requiem pour L. du compositeur Fabrizio Cassol et du chorégraphe, metteur en scène Alain Platel. Les deux artistes s’associent pour la quatrième fois, douze ans après leur première rencontre, et proposent un Requiem métissé d’après la partition originale de Mozart.

"Requiem pour L." selon Platel et Cassol

Sur scène, quatorze artistes issus de continents différents réinterprètent le Requiem de Mozart, oeuvre inachevée composée en 1791. Cette partition-fragment a été, à différentes époques, complétée par divers compositeurs. L’oeuvre musicale incomplète ouvre la possibilité de nouvelles perspectives et interprétations. Fabrizio Cassol prend le parti d’amener l’oeuvre autour d’influences musicales éclectiques telles que le jazz, la musique africaine, l’opéra et autour de traditions musicales comme la tradition pygmée, indienne ou malienne. Parmi les musiciens, il y a quatre chanteurs lyriques et trois chanteurs, un accordéoniste, un guitariste, un tubiste, un percussionniste et 3 joueurs de likembe (piano à pouces, instrument traditionnel dans la musique africaine). Les textes en latin du Requiem ont été réduits et traduits majoritairement en Lingala en Swahili (Langues bantoues venant d’Afrique). Lorsque l’on écoute le Requiem de Mozart, on pense directement au chœur imposant que nécessite l’oeuvre. Fabrizio Cassol met ici en avant les individualités de chaque musicien par le principe de la fugue. Les voix ne chantent pas toujours en même temps. Le tour de force du compositeur Belge est de mettre en avant la singularité de chaque artiste sans pour autant perdre la partition de Mozart. Les amateurs du Requiem reconnaîtront la composition musicale originale.

Une superbe fête pour honorer et célébrer la mort

Tout au long du spectacle sont projetés les derniers instants de « L », une dame en fin de vie, entourée par ses proches qui l’accompagnent sur son lit de mort. La vidéo est en noir et blanc, au ralenti. La scène est réaliste et ne présente aucun effet lyrique. Tout l’onirisme de la scène proviendra de la réinterprétation musicale de Fabrizio Cassol. Les quatorze musiciens évoluent sur la scène parmi des cubes noirs de différents niveaux. On pourrait croire qu’il s’agit d’un cimetière dont chaque cube serait une pierre tombale entre et sur lesquelles chanterait et danserait les artistes. Le requiem est une prière que l’Église fait pour les morts. Or « En Afrique, on fait la fête pour dire son chagrin » dit Platel. Ainsi Cassol et Platel n’apportent pas seulement que des sonorités éclectiques et traditionnelles à cette réinterprétation, mais ils amènent également des croyances et une spiritualité nouvelles autour de cette oeuvre. Les mouvements des artistes semblent peu chorégraphiés, il s’agirait davantage de gestes viscéraux pour célébrer la mort entraînant l’envie du spectateur à les rejoindre.

"En Afrique, on fait la fête pour dire son chagrin"

A.Platel

Cassol et Platel proposent une interprétation musicale et une mise en scène intelligentes qui transportent le spectateur. Le public en liesse, garde sans doute une autre vision de la fin de vie. Requiem pour L. est une superbe fête pour honorer et célébrer la mort.

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