Sukilove a un nom de groupe pop, une allure de groupe pop et vient d'un pays connu pour ses groupes pop. C'est probablement pour ça qu'il ne joue pas réellement de la pop. Avec leur quatrième album, bien représenté ce soir, les Belges proposent un rock alternatif qui lorgne toujours plus vers Radiohead, mais se permet de bons écarts franchement rock qui se rapproche plus des Queens. Point de cheveux longs qui s'envolent, le groupe est sage scéniquement mais propose des mélodies entêtantes où flotte un côté expérimental plus ou moins marqué. Et là où un Choose Your Gods très travaillé ouvre une brèche, les boucles rythmiques de Fear plongent la salle dans une ambiance grunge tout à fait agréable pendant pas loin de dix minutes. La voix de Pascal Deweze se permet d'ailleurs quelques allusions subtiles à Cobain, mais sur un fond musical si riche et diversifié qu'on oublie la comparaison presque aussi vite qu'elle nous arrive au cerveau. La transposition de Static Moves sur scène prouve à quel point ces gars-là sont maniaques du son, le seul bémol résidant dans le manque d'arrangements spécifiques au live.
Retribution Gospel Choir est bien différent du groupe précédent mais a comme point commun avec lui de faire les premières parties de The Album Leaf. Là vous imaginez peut-être un ensemble de chevelus plus ou moins anglais et plus ou moins jeunes et vous vous plantez. Si le nom de Retribution Gospel Choir ne vous dit rien de particulier - même s'ils en sont à leur deuxième opus -, celui d'Alan Sparhawk probablement plus. Leader de l'extraordinaire Low avant son départ en 2005, il fonde après un album solo le groupe dont il est ici question. Et alors qu'il avait fui le grunge avec Low, il nous en propose une dose ici en appliquant à la lettre les procédés déployés sur le deuxième album, 2, à grands coups de guitares et avec une basse assez sombre pour réveiller les Curistes. Notez au passage qu'au manche de cette dernière on trouve Steve Garrington. Ne vous y trompez pas : point d'envolées à la Low ici. La setlist va se faire alterner longs passages à la limite du psychédélique - la dépression en plus - et titres plus orientés pop FM pas vraiment passionnants. On ne sait plus bien s'il faut crier à l'ennui ou au génie. Mais on les sait adeptes de la scène et en effet la formation du Minnesota semble contente de jouer, ou bien d'elle-même, difficile de juger. Steve ne s'épargne pas et si les lignes de batterie n'ont rien de particulièrement original, les choeurs d'Eric Pollard complètent agréablement les paroles plus grondantes et basses de Sparhawk. Si Hide It Away se fait aussi pénible en live que sur CD, les distorsions crunchy d'un Poor Man's Daughter le rattrapent telle une excuse. Et le sourire d'Alan d'achever son souvenir quand il relève les yeux sur le public après un passage plus doux. On ne peut pas reprocher longtemps grand chose à cet homme-là. En définitive, Retribution Gospel Choir ne propose pas les morceaux les plus passionnants de cette année 2010, mais le fantôme de Low associé à l'énergie sombre qu'ils déploient en font tout sauf un mauvais groupe scénique.
