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Rodrigue & Romain Lefèvre au Biplan

Rodrigue au Biplan, c’est un peu comme une alchimie naturelle, la rencontre d’un artiste touchant, proche de son public, avec une salle intimiste où la poésie délicate partage la place avec le rock énergique. Rodrigue saura-t-il tenir l’auditoire en haleine comme il l’a fait au festival scène en nord ? Eveillera-t-il encore ces centaines de sourires que j’ai vus à la fête de la musique ? « Les Beaux Jours » commencent, les yeux du public s’illuminent…

Rodrigue commence le voyage par « Le jour où je suis devenu fou… », titre qui donne son nom à l’album. Ce n’est pas un hasard car il s’agit certainement d’un des morceaux les plus représentatifs de l’univers de Rodrigue, calme et poétique par moments, diaboliquement énergique à d’autres. Un monde mystérieux et ambigu se dévoile à nous, les petites choses simples de la vie prennent des tournures tantôt rigolotes et ridicules, tantôt dures et incompréhensibles. Les plus grandes joies peuvent être la source des plus grandes tristesses... Peut-être est-ce pour ça qu’il est devenu fou ? Essayons de savoir. Rodrigue semble à fleur de peau: il saute, danse, sue, crie mais aussi se ratatine, se cache, fond et se disloque. Cette énergie déployée sur scène nous plonge au cœur de ses émotions exacerbées. Son inhibition, sa décontraction nous surprend, la sensibilité de ces paroles nous touche, sa présence sur scène nous transporte. Et si par moment la poésie semble avoir pris le dessus, le rock resurgit comme un pied de nez à la mélancolie d’un moment trop réfléchi. Assister à un concert de Rodrigue, c’est rester coincer entre l’envie de rester assis sur sa chaise pour boire toute ces paroles ou l’envie de l’envoyer valser pour dépenser avec lui toute cette énergie qu’il nous donne. Il résout ce dilemme lui-même en demandant à tous de se lever pour le final : tout le monde danse, lui le premier, au milieu du public !

Le monde de Rodrigue, c’est un peu comme un ciel étoilé qu’on observe un soir d’été : on a beau savoir d’avance que c’est magnifique, on est toujours touché par cette harmonie naturelle et poétique. Là où le ciel peut nous porter à l’infini, la constellation musicale Rodrigue nous emmène vers des mondes où l’on a des serpents sur la tête, où les morts ressuscitent, où les filtres d’amour sont des poisons. Chaque piste est une étoile filante : éphémère, surprenante, belle. Toutes suscitent le rêve et l’imagination... « L’univers n’a de bornes que l’imagination » et grâce à celle de Rodrigue, le notre prend une tout autre dimension. Merci encore pour ces bons moments !

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