Ce samedi soir, Une poignée de chanceux a pu assister au concert des Sayag Jazz Machine à la Ferme d’en Haut de Villeneuve d’ascq. Ce concert fut l’occasion pour Lillelanuit.com de rencontrer Christophe VERMAND, programmateur et claviériste, et de prendre quelques nouvelles de la tournée du groupe.
La première partie était assurée par Bzz, groupe lillois déjanté et prometteur. Le trio « basse / guitare / batterie » balance un son dont on ne sait jamais vraiment si on doit l’appeler « rock », « electro », ou autrement. Malgré une formation classique, les Bzz ont su créer un univers expérimental et atypique dans lequel ils ont eu l’air de bien s’amuser, à l’image du public et son lot de « fans », ou du moins d’initiés. Cette courte première partie a ensuite laissé place au groupe que tout le monde attendait.
Sayag Jazz Machine nous a fait entrer dans le monde de « No me digas », leur troisième album. Le groupe présente ce dernier sur scène depuis plus d’un an (depuis sa sortie en avril 2007) et continuera encore quelques temps car estime ne pas avoir encore « exploité à 100% » ce spectacle, d’autant plus que « No me digas » représente une étape importante dans l’évolution des Sayags.
En effet, Christophe explique que le groupe utilisait à l’époque des premiers albums (dont Anachromic), d’avantages de musiques existantes et de samples, alors qu’ ici l’accent a été mis sur le travail avec des musiciens professionnels de tous horizons, la création de samples et de banques de sons personnelles. Cet album est également un véritable florilège de langues et de musiques internationales : « après leur avoir exposé le concept du live et de l’album, on a laissé les artistes travailler sur le sens de leurs textes » […] « ce qui nous intéresse c’est surtout la musicalité des voix »
Cet album et son pendant live représentent la première véritable tentative du groupe de se créer un univers propre et de l’ouvrir aux talents d’autrui et du monde entier (en l’occurrence l’Amérique du Sud avec ANITA TIJOUX, l’Allemagne avec les BROKE GRINGOS, le Royaume-Uni TITI ROBIN, et j’en passe). L’exercice est d’autant plus intéressant que ces artistes sont pour la plupart issus du monde du « Hip Hop », relativement éloigné de celui du Jazz et un peu moins de celui de l’Electro. De toutes façon, Christophe concidère que Sayag Jazz Machine « n’est pas vraiment parti pour être un groupe Electro-Jazz ». « On voulais faire de la musique Electronique avec des gens, des musiciens. Electro-Jazz parce qu’on utlise une contrebasse, des saxs […] maintenant on écoute plein d’autres choses et il y a plein d’autres choses dans notre musique ».
Si vous leur posez la question de la difficulté de reprendre sur scène des morceaux enregistrés en « featuring », ils vous répondrons qu’ ils sont de toute façon en perpétuelle « réorchestration », « réarrangement » de leur musique, ce qui donne à chacune de leurs prestations un caractère original, pour eux comme pour nous.
« No me digas » n’est pas seulement un pot pourri dans lequel vous trouverez des tas d’influences musicales et linguistiques, c’est aussi un album centré autour du thème de la rêverie. Le groupe a littéralement créé « un laboratoire qui analyse les rêves et cartographie le subconscient », ce qui explique en partie la présence sur scène de ces inquiétantes blouses blanches. Pour Christophe, cette démarche relève d’avantage d’une « écriture scénaristique », apparemment fondamentale dans leur travail.
Cette scénarisation est d’autant plus importante que les Sayag Jazz Machine conçoivent l’image et le son en parallèle et doivent ainsi apporter un contenu visuel à leur musique.
Le travail de ce groupe est donc riche d’influences artistiques et culturelles. Le résultat en est un live musical et cinématographique sans pareil. Même chez Wax Tailor, l’univers visuel n’est pas aussi travaillé. Et pourtant, Christophe avoue qu’ils font ça « encore avec des bouts de ficelles et du scotch ». Prometteur, si l’avenir leur offre plus de moyens.
Sayag Jazz Machine a plusieurs projets en cours dont une éventuelle adaptation de Bande Dessinée à la scène, ou la création d’une bande son de spectacle, sans abandonner pour autant les concerts (pour lesquels l’intérêt du public se fait de plus en plus sentir). « On réfléchit, on a envie de faire autre chose qu’un Dvd live (basique) ou une succession de clips […] On est en réflexion […] Plein de choses avancent, mais tout doucement. ». Affaire à suivre donc !
