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Skip The Use + We Are Enfant Terrible au Zénith

Il est des concerts comme ça "à ne pas louper". Certains sont survendus, comme lorsqu’un grand nom de la musique s’offre une tournée revival suite à la sortie d’un énième best of ou album-anniversaire ; d’autres sont survendus, parce que "c’est le buzz du moment" selon la presse spécialisée et qu’au final, le live est encore plus décevant que la musique qui a été trop encensée ; enfin, certains méritent vraiment ce label, parce qu’ils sont magiques, épiques, vivants, vibrants.
De base, un concert de Skip The Use ne déçoit jamais (ou rarement) : quiconque veut s’abandonner pendant deux heures aux sons rock vitaminés n’hésitera pas longtemps à prendre son billet. Mais quand, en plus, le groupe joue à domicile pour fêter leurs cinq ans et projette de filmer son live pour le mettre sur DVD, c’est l’euphorie. Et c’est "à ne pas louper". Alors, bien qu’on ait déjà testé et approuvé les "STU-lives", ce samedi soir on craint un peu que tout ne soit mesuré et calculé. Pour que l’image soit la plus parfaite possible, sans fausse note.
Quand on arrive au Zénith de Lille, on perçoit tout de suite l’ambiance sulfurique d’un concert de fin de tournée. Celle où chacun veut tout donner, sur scène et dans le public. Dans ce dernier, on croise des costumés : un éléphant, des perruques punk multicolores… Des bambins, des ados, des parents, des moins jeunes et même quelques "stars" locales qui reçoivent les applaudissements de la foule. La cocotte-minute est prête, elle attend qu’on y mette le feu.

Comme si la température n’était pas assez élevée, c’est We Are Enfant Terrible qui assure la première partie. Leur électro-punk-rock-8bit frappe fort d’entrée. On a plaisir à voir sur cette grande scène le trio plus fou et fougueux que jamais. Nurses Run emporte une bonne partie de la fosse déjà chaude et Clothilde Floret (chant, claviers) ne manque pas de l’encourager : « Merci ! C’est bien, je vois que vous commencez à chalouper sévère ». Il lui suffit ensuite d’enlever sa veste en cuir pour laisser apparaître sa combi squelette et faire crier la foule. Effet garanti.
Le set dansant se poursuit sur cette même lignée : Ce Que Tu Veux De Moi, Flesh’N’Blood Kids, Wild Child, Who’s Dressed… jusqu’au Filthy Love bien connu des fans. Cyril Debarge (batterie, 8bit) donne toujours autant dans le délire alors que Clo aguiche avec ses déhanchés sexys et que Thomas Fourny (guitare, claviers, chant) conserve son flegme. Quoi de mieux qu’un bon groupe pour mettre en condition ce public venu en masse ? Réponse : We Are Enfant Terrible. Parce qu’il faut un groupe qui ait le sang très chaud !

Ce soir donc, on passe à la télé, on joue à domicile et on fait la fête. Mais la fête version Ch’ti : avec des ballons de baudruche dans la fosse et des chansons du Carnaval de Dunkerque reprises en chœur pendant que sur scène on installe un grand rideau blanc avant l’arrivée de Skip The Use.

Impatients ? C’est peu dire maintenant qu’on a passé l’échauffement. Et puis, il faut bien avouer que les caméras présentes depuis le début de la soirée ont tendance à nous exciter. Les lumières se sont éteintes et le Zénith a atteint des sommets.
Il est impossible de tout retranscrire. Parce qu’il se passe énormément de choses sur scène et dans le public ; parce que chacun vit le moment différemment et a conscience en même temps d’être en communion avec tous ceux qui l’entourent ; parce qu’un Mat Bastard en live a plus d’un visage, du déjanté qui saute partout à celui qui veut éveiller les consciences, en passant par celui qui parle beaucoup au public de manière un peu débile ; parce que le groupe est arrivé sur son 31 et est reparti à moitié à poil et en transe.
La liste est longue, comme celle des souvenirs que chacun vous contera. Après une intro accompagnée d’un clip en animation, le rideau est tombé. Les cinq membres de Skip The Use avaient sorti leur plus beau costard entièrement noir, mais ils ne l’ont pas gardé longtemps. Le mercure a explosé le thermomètre en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Servi par un light show vraiment bien calibré et une setlist infernale, le concert a été grandiose en tout point. Même le son, qui fait si souvent défaut au Zénith, n’a pas endigué la prestation des ronchinois d’origine. On a fait quelques jeux (1, 2, 3, soleil ; celui qui saute le plus haut) et toute la salle a repris en chœur « La la la la » sur Birds Are Born To Fly.

En fait, tout le monde s’en est donné à cœur joie. Les STU avait prévu plusieurs surprises : inviter les potes sur scène, pour faire les cuivres ou les chœurs, ou juste pour partager ; offrir un medley rock et quelques reprises en insertion ; mais surtout être accompagnés d’une trentaine d’élèves du collège Saint-Paul à Hem pour Ghost - et inviter les parents au concert, il faut souligner la générosité du geste. De son côté, le public a répondu présent à chaque fois, pour jouer, pour sauter, crier, chanter ou applaudir en rythme. Et se payer quelques slams d’anthologie aussi.

Lorsque les lumières se sont rallumées après deux heures de show plus qu’intenses et une trentaine de titres, les visages étaient rouges, en sueur et épuisés mais arboraient un air ravi et des yeux qui pétillent. On peut traduire le nom du groupe par « repousser les limites ». Assurément, Skip The Use aura réussi ce défi ce soir. Et mérité son label de bêtes de scène qui donnent des concerts "à ne pas louper". Il fallait bien qu’on en garde un souvenir.

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