Ce vendredi 13 octobre marquera ma première date de la saison aux 4 Ecluses, cette salle que j'affectionne beaucoup pour son cadre assez atypique, son ambiance chaleureuse et sa programmation audacieuse. C'était donc un plaisir de prendre la route jusque Dunkerque pour le retour des Australiens de Sleepmakeswaves dans la cité de Jean Bart. Pour leur tournée européenne, Sleepmakeswaves se sont entourés de The Physics House Band et Vasudeva. Autant dire que la découverte sera au rendez-vous et c'est sans appréhension mais avec une certaine curiosité que nous assistons au début du concert. Ce soir, on va écouter du post-rock et il faut reconnaître que ça nous avait pas mal manqué !
C'est avec Vasudeva que nous débuterons cette soirée. Venu du New Jersey, ce trio évolue dans un style rock instrumental. Pas spécialement mauvais, mais pas non plus des plus surprenants, Vasudeva sera une bonne entrée en la matière mais ne marquera malheureusement pas les esprits. La faute à une esthétique qui commence à s'essouffler peut être, à un jeu de scène quelque peu timide (ce qui peut se comprendre pour une première partie, on ne va pas non plus cracher dans la soupe) ou tout simplement à des morceaux qui donnent l'impression de ne jamais décoller. Allez, essayez de vous faire une idée quand même.
Sans conteste, The Physics House Band était la révélation de cette soirée. Ce trio polymorphe tout droit venu de Brighton nous offre un mélange complexe de math rock, post rock et psychédélique... bon, ça a l'air assez tiré par les cheveux expliqué comme ça, mais il ne faudra que quelques mesures pour taper du pied et bouger la tête en restant scotché par la maîtrise technique du trio. Il faut reconnaître que ce n'est pas non plus le style le plus accessible qui soit. Riche sans pour autant rechercher l'efficacité au risque de se baser sur de vieilles recettes désuètes et déjà vues mille fois dans le genre, The Physics House Band saura accrocher ceux qui acceptent d'encaisser ses rythmes déstructurés, ses mélodies lourdes et parfois dissonantes ainsi que ses morceaux purement instrumentaux à la construction complexe mais à l'intensité redoutable. The Physics House Band ne se laisse pas appréhender facilement, mais sur scène, quelle claque ! Outre le fait de déborder d'énergie, la maîtrise technique est là et on restera scotché par la présence du groupe sur scène. Voilà, la révélation de la soirée.
A peine le temps de reprendre ses esprits après la déferlante qui vient de s'abattre sur les 4 Ecluses, que Sleepmakeswaves s'emparent de la scène. Trois ans après leur précédent passage, le groupe sera-t'il toujours à la hauteur ? On hésite un peu au début, il faut reconnaître que l'ambiance et le manque d'affluence côté public ont de quoi déstabiliser... dommage, car la suite nous montrera que non, Sleepmakeswaves n'était absolument pas le groupe à rater. Le ton est donné, la formation australienne n'a rien perdu de son énergie et de son efficacité, marquant un peu plus son empreinte sur la scène post-rock par son style lourd mais aussi ses mélodies entraînantes, ses envolées lyriques, parfois contemplatives et d'une certaine manière (c'est assez rare pour le signaler) positives. Il y a quelque chose dans la musique de Sleepmakeswaves qui vous happe et qui vous donne envie d'aller de l'avant. Cette énergie, ce plaisir quelque part partagé entre la scène et le public, marquera ce concert. Parce qu'au delà de la maîtrise, de l'efficacité, d'une setlist maîtrisée empruntant aussi bien au tout dernier albums, Made Of Breath Only, qu'aux tous premiers, il reste ce sentiment d'enchantement, cette impression d'en sortir grandi, renforcé par toute cette énergie. Même si elle ne nous parle qu'à travers des instruments, c'est aussi pour ça qu'on aime cette musique non?
