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Status Quo + Wille & the Bandits au Zénith

Quelques mois après le passage de Deep Purple, de nouvelles légendes du Rock Britannique foulent les planches du Zénith de Lille: les mythiques Status Quo. Ce groupe formé dans les années 60, autour du noeud central que constituent les deux guitaristes et chanteurs principaux, Francis Rossi et Rick Parfitt, fait partie du cercle très fermé des dinosaures toujours en activité. Des acharnés qui ne sont pas prêts à déposer les gants et qui ont construit autour d'eux un véritable culte. En effet, pour certains fans, le Quo, comme ils le surnomment affectueusement, est plus qu'un groupe. C'est une religion. Une formation psychédélique qui a su mourir à la fin des années soixante pour renaître de ses cendres en se forgeant un style propre, à base de Blues et de Rock, le fameux Boogie Rock et ses douze mesures ayant influencé pléthore de groupes de Hard-Rock, ACDC en premier. Des miraculés qui ont survécu à tout, aux excès en tout genre, aux départs de certains membres, à la maladie, aux périodes de vaches maigres... Des musiciens qui, à force de prestations dantesques, ont rameuté une cohorte de fidèles et d'adeptes toujours plus nombreuse. Et si le temple n'affiche pas complet ce soir, les rangs sont tout de fois bien remplis.

Avec cette ambiance particulière que l'on ne rencontre que chez les grands groupes. Jeunes et moins jeunes, pères et fils (voire petits-fils) se mélangent allégrement dans une ambiance démocratique et bon enfant. Hardos, motards, rockers sur le retour ou en devenir, cheveux longs, cheveux courts, looks destroy ou sans-apparence, victimes de la mode et costards-cravates se partagent la fosse et les gradins. Et la bière qui coule à flots aux bars qui ne désemplissent pas...

Wille & the Bandits

Arrivé pile-poil au début de la première partie, on se croit victime d'une hallucination. Dread-locks, petite barbichette, physique d'alter-mondialiste, guitare posée sur les genoux, on croit voir John Butler assurer la première partie. La formation en trio et les sonorités entre Rock, Blues et Reggae accentuent la confusion. Vérification faite, il s'agit de Wille & The Bandits, groupe peu connu en France mais qui commence à faire sensation Outre-Manche avec des articles élogieux dans Maverick Magazine, GO2 Magazine, Blues Matter ou Acoustic Magazine et qui s'est fait particulièrement remarqué lors de son passage au dernier festival de l'Ile de Wight. Wille et ses Bandits suivent le chemin tracé par des artistes tels que Ben Harper, Xavier Rudd et bien sûr le John Butler Trio. Une musique Roots explorant diverses ambiances et parties du monde. Le jeu de guitare de Will Edwards est d'une grande richesse, sa maîtrise du Lap Steel (méthode consistant à jouer avec un Bottleneck) est exceptionnelle et offre un son puissant aux compositions du groupe. Accompagné d'Andrew Naumann à la batterie et de Kieran Doherty à la basse, il renouvèle et modernise avec brio le Blues ancestral et repart sous les acclamations du public. Rendez-vous est pris le 20 mai au Biplan où le trio reviendra jouer.

Status Quo

21 heures. Les lumières s'éteignent de nouveau. Des cris de joie soulèvent la foule. Les musiciens de Status Quo font leur apparition et débutent le concert avec la célèbre introduction de « Caroline » jouée par Rick Parfitt qui se met directement sur le devant de la scène. Les bras se lèvent instantanément et on frappe dans les mains pour marquer le rythme. L'assistance est constituée de fans et le fait savoir en chantant les paroles avec Francis Rossi. Cette communion entre un groupe et son public donne, même au plus blasé, des frissons dans le dos.

La mise en scène est sommaire. Pas de superflu. Aucun écran géant. Pas d'effets pyrotechniques sensationnels. Juste un jeu de lumières efficace mais discret. Et, au fond de la scène, le batteur Matt Letley (présent dans le groupe depuis l'an 2000) derrière ses futs entourés simplement d'amplis Marshall. Pas besoin de plus. Le groupe se suffit à lui-même. Une authentique machine de guerre qui souffle tout sur son passage. Ceux qui n'ont jamais vu le Quo comprennent. Et rejoignent les rangs des disciples. La légende n'est pas usurpée.

Le concert est, n'ayons pas peur de la dithyrambe, tout simplement PARFAIT ! La set-list pioche dans les différentes périodes du groupe: les années 2000 avec «  Beggining Of The End », « The Oriental », « Creepin Up On You », les années 80 avec « Don't Drive My Car » ou « In The Army Now » mais laisse la part belle, pour le plus grand plaisir des fans et des vétérans, aux Seventies («  Rain », « Mean Girl », « Softer Ride », « Hold You Back », « Big Fat Mama », « Living On a Island », « Down Down », « Roll Over Lay Down », « Whatever You Want », « Rockin' All Over The World »...). Les morceaux s'enchaînent sans faire retomber la pression et les musiciens sont tous impressionnants que ce soit les pères fondateurs du groupe, Rick Parfitt et Francis Rossi, ou leurs acolytes, Andrew Brown (présent depuis 1975) aux claviers, à la guitare, à l'harmonica et au chant, et le bassiste John Edwards (membre du Quo depuis 1986). Ils investissent chaque recoin de la scène du Zénith qui n'a jamais semblé aussi petite, prennent la pose avec un sens du second degré typiquement britannique, vont au contact direct du public...

Rick Parfitt et Francis Rossi (respectivement 61 et 62 ans) semblent avoir trouvé l'emplacement secret de la Fontaine de Jouvence. L'âge n'a aucune prise sur eux. Leur plaisir de jouer, après plus de quarante ans de carrière, reste intact et fait plaisir à voir. Francis Rossi fait le pitre, se moque d'un spectateur surpris le doigt dans le nez, plaisante avec le public, vante les mérites de l'apprentissage de l'anglais car il permet de comprendre ce que disent les musiciens étrangers. Sa complicité et son amitié avec Rick Parfitt paraissent sans failles, indestructibles. Rarement deux guitaristes ont montré une telle complémentarité, alignant des solos d'anthologie sans jamais tomber dans la démonstration technique gratuite, sans jamais rallonger inutilement les morceaux et leur faire perdre ainsi leur puissance. Ce n'est pas du sang qui coule dans leurs veines mais l'essence même du Rock N'Roll. Il concluront d'ailleurs le concert, en guise de rappel, en rendant hommage à celui qui fut leur inspirateur, Chuck Berry, avec les reprises de « Rock N' Roll Music » et « Bye Bye Johnny ». On leur conseillerait presque d'ouvrir, une fois qu'ils sentiront l'âge de la retraite arriver, une Rock Academy pour apprendre aux jeunes groupes et musiciens comment donner un bon concert. Car ces mecs ont tout compris à la scène.

Un pur instant de bonheur que ce concert de près de deux heures où le spectacle était autant sur scène que dans la salle. Plaisir de voir des spectateurs d'un certain âge commencer le concert dans la posture impassible du vieux rocker, les deux pouces repliés dans les poches avant du jean puis se mettre lentement à bouger la jambe droite, à frapper le sol du pied, à remuer ensuite la tête pour finir, sans s'en rendre compte, à faire de l'Air Guitar sur chacun des solos de leurs idoles. Ou souvenir charmant de ce père, tenue de Biker, visage buriné, cheveux longs grisonnants, moustache de motard se déchaînant sur chaque morceau et regardant, toutes les trois minutes, son fils de vingt ans, look plus actuel, mais à fond également dans le concert, avec dans les yeux cette expression signifiant « J'avais pas raison, c'est pas des tueurs ces gars-là! » et la joie de partager ce moment avec lui.

A voir ce groupe vieillir sans entraves et son public où se mêlent différentes générations, on ne pouvait que ressortir de la salle avec en tête cette citation éclairée de Paul Weller, autre héros Rock de la perfide Albion: « Le Rock N' Roll était censé être une plaisanterie de deux étés. Soixante ans plus tard, on est toujours là. Il n'y a plus de vieux, plus de jeunes, il n'y a plus que la musique. »  Et qu'est-ce qu'elle fait du bien cette musique !

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