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Tété au Splendid

Que l'on soit un fan pur et dur de l'artiste, guettant chacune de ses sorties discographiques et connaissant les paroles de toutes ses chansons par coeur ou que l'on ait eu l'indélicatesse de ne plus trop suivre sa carrière en jugeant ses albums quelques peu répétitifs, il faut avouer que c'est toujours un réel bonheur de revoir Tété et de prendre rendez-vous avec lui à l'occasion d'un concert, ici au Splendid le 21 mai 2010. Tété, en effet, « L'air De Rien », est comme ces amis de longue date que l'on retrouve toujours avec un plaisir intact, même si les méandres de la vie ont malheureusement fait que l'on se soit quelque peu éloigné d'eux. Car, aux premiers instants des retrouvailles, aux premiers sourires échangés, la magie opère de nouveau et on se souvient de tout ce qui fait qu'on les aime tant.

 

Ainsi, à 20h35, quand Tété monte sur scène avec ses musiciens, Mano (ex Paris combo) à la contrebasse et Raphael Chassin (qui a collaboré avec Nouvelle Vague ou Hugh Coltman) à la batterie, c'est par un tonnerre d'applaudissements et de cris de joie qu'il est accueilli par le public lillois. Incroyablement beau avec son crâne rasé, sa petite barbichette, ses lunettes à montures épaisses et son chapeau volé à un bluesman du delta du Mississipi, son charme agit instantanément, comme au « Premier Clair De L'Aube » de la première rencontre faite avec cet électron libre de la chanson française. On pourra d'ailleurs voir des étoiles naître dans de nombreux regards féminins. Et ceux, dans l'assistance, qui n'avaient pas pris depuis un certain temps des nouvelles du chanteur, regrettent son « Absence », se disent qu'ils méritent « Une Bonne Paire De Claques » et se laissent immédiatement pousser « Les Envies » de refaire un bout de chemin avec l'artiste même si cela les conduit jusque « Montréal ». A la faveur de cet été naissant, tout va pour le mieux dans « Le Meilleur Des Mondes » et « Le bonheur » se lit sur les visages.

Véritable fou chantant, il s'adressera toujours au public en s'accompagnant à la guitare et en poussant la chansonnette, Tété démontre une nouvelle fois qu'il est un artiste taillé pour la scène. Quoi de plus normal pour cet auteur-compositeur-chanteur et guitariste qui a fait ses premières armes de troubadour des temps modernes en se produisant inlassablement dans tous les bars, cafés, restaurants ou même trottoirs susceptibles de l'accueillir. Beaucoup vous diront qu'il n'y a pas meilleure école. Tété y a indéniablement puisé un authentique sens du spectacle et du show, une aisance scénique incomparable doublée d'un sens du contact humain qui le rend extrêmement touchant et attachant. On rêve de se retrouver avec lui sur une plage, autour d'un feu de camp improvisé, et de se laisser bercer par ces douces mélopées et sa voix sensible. Hein, les filles, vous ne direz pas le contraire!

Et alors qu'avec lui, il est impossible d'avoir le Blues, c'est principalement à ce genre musical que Tété rendra hommage ce soir. C'est que le bonhomme vient, avec son quatrième album, Le Premier Clair De L'Aube, de réaliser un rêve d'enfance partagé par de nombreux artistes français, celui d'aller enregistrer aux États-Unis. A Portland plus précisément, chez les pionniers de ce « Maudit Blues ». Secondé là-bas par le producteur américain Steve Berlin (Michelle Shocked, Clap Your Hands Say Yeah, REM, Faith No More...) et son comparse Ross Hogarth (Keb Mo, Black Crowes), le chanteur est revenu de la patrie de l'Oncle Sam avec dans ses bagages une collections de riffs de guitare imprégnés de culture U.S. « Le Bal Des Poulets » nous plonge ainsi, avec humour et poésie en plein règlement de comptes westernien, « Doux Mojo » est fortement teinté de la musique du diable et « Petite Chanson » prend d'agréables airs d'Americana.

Le jeu de guitare de Tété, déjà virtuose, ressort enrichi de cette escapade américaine. Et même si les styles diffèrent, on ne peut s'empêcher de penser, à certains moments, d'établir des comparaisons avec Ben Harper, avec lequel il partage une chaleur humaine communicative, ou Keziah Jones, son idole de toujours. Excellent instrumentiste, Tété est également un formidable chanteur dont la voix sied à merveille à ses mélodies, ciselées sur mesure avec la précision et le talent d'un orfèvre pop, et, surtout, à ses textes poétiques d'où se dégagent un réel amour des mots qu'il fait swinguer avec la ferveur d'un enfant.

C'est donc avec du baume au coeur que l'on quittait le Splendid après une heure quarante de concert, une nouvelle fois conquis par le talent mais surtout la gentillesse, la générosité et l'humilité de cet artiste qui par « Monts Et Vallons » se taille une place des plus importantes dans le paysage musical français et apparaît de plus en plus, par l'apparente naïveté et la fausse simplicité de ses chansons (qui sont en fait extraordinairement complexes), comme un héritier spirituel d'Alain Souchon, en espérant qu'à « La Croisée Des Chemins », on recroisera très rapidement « Le Magicien ».

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