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Têtes Raides + Lenine Renaud à l’Aéronef

Alors, on y va, ou on n'y va pas ?

Bien sûr qu'on y va ! Têtes Raides revient à l'Aéro et c'est toujours un événement que l'on chérit, tant la relation qui nous unit au groupe est forte. Le répertoire s'étoffe encore avec la sortie récente de la dernière pépite
Les Terriens, une nouvelle pierre apportée à l'édifice qui jamais ne branle. Le public répond encore présent. Même si la salle n'affiche pas complet, l'on sait déjà que la soirée sera belle et forte en émotions. Ce n'est pas à Christian Olivier que l'on va apprendre à littéralement soulever un auditoire. Il a toujours cette incroyable force de conviction à même de captiver les plus réfractaires.

Lénine Renaud ouvre le bal. L'après Marcel et son Orchestre a de beaux jours à venir pour Franck. L'accordéon se fait entendre, Kalinka chauffe l'assistance. Un début prometteur. Les chansons engagées, si tant est que l'on puisse encore user de ce terme galvaudé, séduisent par une belle énergie communicative et un sens de la mise en scène appréciable. Une jolie mise en bouche, entre punk et rock et donc pas si éloignée de l'univers Têtes Raides. Un choix logique.

Têtes Raides n'a plus rien à prouver. Chaque nouveau disque amène un nouveau spectacle léché. Une constante : ne jamais se reposer sur les acquis et se remettre en danger, même après plus de trente ans sur la route.
Vers Où Je Vas souligne d'emblée le phrasé et la gouaille caractéristiques de Christian. Il joue avec les mots, triture les sons et réinvente sa langue. Les guitares sont brillamment mises en avant. Le son est chaud, la voix rocailleuse donne les premiers frissons. L'accordéon est bien vite en main, après le vibrant Oublie-Moi. Le Rendez-Vous, donc, avec ses ponts instrumentaux qui tordent les cœurs. Savamment mis en lumière par des flash bleus et oranges, le morceau est une des plus belles réussites de la soirée.

L'intensité ne faiblit jamais. Têtes Raides tient son public entre les mains et le plonge davantage dans son monde avec une utilisation sensible de la vidéo-projection. Les ombres du groupe se démultiplient sur la grande toile. Les histoires contés sont pleines de surprises et invitent à l'écoute attentive.

Il est d'ailleurs souvent étonnant d'observer le silence se faire dans les rangs : citons au hasard les fêlures de Le Raccourci qui dressent les poils. L'auditoire est régulièrement malmené par des déflagrations sonores saturées puis rapidement renvoyé violemment dans les cordes dans une éclaircie pleine de quiétude. Le mégaphone emmène plus loin encore les morceaux dans l'émotion. Christian hurle : « j'ai besoin de toi, plus loin que là-bas ». Ambiance.

Dieu, que ce concert est beau. Quelle belle énergie dans le public . Que ces paroles sont pleines de sens et de poésie.

A.I.M.E. Je t'aime trop, Têtes Raides.

La reprise de
La Chanson de Prévert, d'une sensibilité désarmante, cueille l'Aéro qui reprend en cœur cet éternel refrain. Ambiance, une nouvelle fois.

Mon Slip nous amène bien loin en arrière. Les souvenirs émus reviennent, vibrants, sur les rythmes syncopés de Civili. Têtes Raides régalent les nouveaux passagers comme les plus anciens fans. « On fera du raffut, du bruit et du potin. » Christian tend le micro au dessus des crashs barrières pour entendre la clameur. Pouah, que toutes ces images d'une foule sautant le poing levé marquent les esprits ! Ce contact, extrêmement fort, avec les gens, c'est aussi ce que l'on vient chercher en se frottant à Têtes Raides.

Et il faut aimer y aller au contact quand le spot de Ginette descend lentement du haut de la scène, enveloppant Christian d'une lumière blafarde. Ginette... Allez, La Belle... L'instant apparaît toujours solennel et reste un inoubliable de Têtes Raides. Des instantanés qui imprègnent la rétine : Christian qui tournoie, son accordéon entre les bras, sous cette toute bête ampoule qui balaie l'assemblée. Plusieurs concert du groupe dans les pattes et à chaque fois une redécouverte.

Gino sonne le rappel dans le brasier d'un Aéro. Et c'est dans une cohue bienvenue que « les enfants » soufflent le groupe en lui volant la politesse sur la reprise. Va t'en vieille Putain, mais reviens-nous vite...

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