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The Apartments + 49 Swimming Pools au Grand Mix

C'est 49 swimming pools qui ouvre la soirée des abonnés du Grand Mix, tout heureux d'avoir un entretien privé avec The Apartments. C'est vécu comme un privilège rare : Le groupe n'a plus tourné depuis longtemps, l'album est né d'une histoire d'amour et d'amitié, d'une fraternité élégante entre un musicien énamouré de la musique de l'autre et le songwriter australien, on le cite :  Peter Milton Walsh est un géant sur une planète de nains distraits et insouciants. C'est en effet par une levée de fonds qu'Emmanuel Tellier a ramené Peter à la musique, à la route, au studio. On partage un musicien et du matériel, on s'organise à l'ancienne. Au coup de main, à hauteur d'Homme, en amoureux des lignes claires qui tutoient le bord des cieux arpégés. Oui, le Emmanuel Tellier de Télérama, celui du miracle Chelsea aussi, nos Smiths à nous. Pour situer. Celui qui a éteint son blog parce que, non, parler de la musique des autres alors qu'on est sur la route, ce n'est pas très fair play.

Les forty niners développent de très belles mélodies extrêmement abouties, teintées de guitares fluides et élégantes soulignées d'accordéon et de claviers rêveurs. Servis par une très belle qualité d'écriture, c'est comme à leur bonne habitude discret et classieux. Ça ne les empêche pas d'être capables d'une vraie puissance toute en réverbération contrôlée et tendue. Sans pédagogie pénible, Emmanuel évoque la distribution des disques d'aujourd'hui et recommande de consommer bio, du producteur au consommateur. L'ensemble est aussi séduisant que maîtrisé. Le groupe sort les fouets et lâche les chevaux pour une cavalcade épique finale. Une excellente découverte, c'est une soirée de rencontres. On file au merchandising, il y a du monde.

The Apartments apparaissent. No song, no spell, no madrigal, ouvre le set avec sa guitare subtilement réverbérée, ouvrant l'espace et donnant de la profondeur à Peter, habité dès le début. Si le passé est forcément présent, le dernier album est en première ligne, on a dit tout ce qu'on en pensait dans la rubrique chroniques. Pas besoin de le défendre encore. La classe très naturelle qui s'en dégage se suffit puisqu'elle passe particulièrement bien le cap du live. Tout est subtil et extrêmement fin, toujours du bon côté de la ligne, classe sans prétention, élégant sans préciosité, exalté, parfois, sans envolées baroques déplacées. Le réglage est très fin, on se caricature extrêmement vite quand on joue aussi près de la ligne de démarcation entre le tendu classieux et l'excès de fioritures pénibles. Peter est impeccablement placé et ne met jamais un pied à côté. Il développe une blue eyed soul cuivrée qui donne constamment une impression d'intelligence aérienne qu'une superbe trompette vient constamment relancer sur de nombreux titres. Il laisse beaucoup de place à ses musiciens, discrets et sobres, et ne se place même pas au centre de la scène. Les titres sont là, suffisants.

On évoque les sables mouvants de 1999. Peter a perdu son fils. La chanson est, forcément, poignante déclinée presqu'en solo à l'acoustique avant que le morceau progresse et change de dimension pour devenir plus ample et un peu martial. C'est pour le coup stupéfiant de sobriété et de panache. L'élégance dandy contre la mort, comme une discrète écharpe de soie fine pour repousser les ombres. La sobriété contre le néant. Des compositions, on peut dire qu'il n'y a rien à enlever, qu'on ne peut que mettre en péril ces cathédrales délicates sans les fragiliser.  C'est une des définitions de la perfection, on ne peut plus toucher à rien. September skies vient planer très haut entre deux guitares et trois voix entrelacées, carillons et harmonies en échos étoilés. On ne déplane pas, le Grand Mix flotte. Apesanteur, plus rien ne pèse, plus rien ne pose.

Doux amer et très tongue in cheek  à l'anglo-saxonne,  Peter nous signifie notre chance : Tous les 25 ans j'écris une chanson heureuse et nous allons en jouer une ce soir. Très bizarrement, c'est un plantage total et on doit tout recommencer. Très drôle, il avoue que c'est une very short song. On pense soudainement aux subtilités inouïes du Paddy McAloon de Prefab Sprout. On enchaîne les merveilles à peine trempées d'accords clairs tout juste électrifiés, sans la moindre distorsion. Things you'll keep déclenche des applaudissements après deux mesures... Sur scène, l'argument le plus sûr reste encore d'avoir de grands titres à défendre et à jouer. C'est en toute tranquillité que l'on peut dérouler ces quinze titres totalement intemporels. On se quitte, le cœur un peu lourd et neigeux, sur The Goodbye train. Le monde du dehors était encore là. Tout juste.

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