Aujourd’hui21 événements

The Cat Empire + Tinpan Orange au Splendid

Sur la carte du Rock mondial, l'Australie est un pays à part. En dépit de noms reconnus entrés dans la légende et l'Histoire ( ACDC, INXS, Crowded House, Midnight Oil, Nick Cave...), son paysage musical reste relativement méconnu du grand public. Ainsi s'il est relativement facile pour le commun des mortels de citer très vite 10 noms de jeunes groupes ou artistes américains, anglais, français, belges, cela se complique assez vite si on applique ce petit quizz au pays des kangourous. On citera rapidement The John Butler Trio, Xavier Rudd, Angus & Julia Stone mais pour trouver des noms supplémentaires à ajouter sur la liste, il faudra se creuser les méninges. En effet, peu de groupes australiens réussissent, sûrement en raison du côté insulaire de leur pays d'origine, à s'exporter et à être médiatisés hors de leurs frontières. A l'image de The Cat Empire, véritables stars sur les terres de Crocodile Dundee, en liste pour les Aria, les Victoires de la Musique australiennes, et dont les albums, en France, ne sont disponibles qu'en Import. Mais malgré cet état de fait, qui pouvait laisser envisager un public clairsemé uniquement constitué de curieux attirés par l'excellente réputation scénique du groupe, le Splendid de Lille, en ce soir 12 octobre 2010, est loin, très loin de ressembler au bush australien tant les fans sont nombreux. Des fans heureux de pouvoir voir The Cat Empire dans une relative petite salle, chose qui serait impossible en Australie.

 

Loin d'être des chiens, les membres du groupe confient la première partie à un groupe originaire de Melbourne signé sur le label qu'ils ont fondé: Tin Pan Orange, un trio composé de Emily Lubitz (au chant, à la guitare et au ukulélé), de son frère Jesse (à la guitare et au chant) et de Alex Burkoy et sa drôle de tignasse à la guitare et au violon. Alors qu'il n'est que 20 heures, que la salle commence seulement à se remplir, Tin Pan Orange distille une musique Folk, acoustique, mélodieuse, mélancolique et réussit à charmer une grande partie de l'assistance pourtant principalement venue pour vivre une ambiance ensoleillée. Dans une atmosphère feutrée, la voix douce et pleine de miel d'Emily glisse au milieu d'instrumentations raffinées et complexes. Les compositions du trio naviguent entre sonorités tziganes, hispaniques voire irlandaises. Certaines mélodies renvoient même au romantisme désuet de la chanson française de l'après-guerre. Seuls les plus cyniques et les plus impatients seront restés insensibles à la poésie naïve, quasi-enfantine du groupe.

Quand les membres de The Cat Empire montent sur scène et prennent la suite, l'unanimité qu'ils provoquent dans le public est, par contre, bien palpable, mouvements de foule et cris de liesse à l'appui. Dès les premières mesures, le ton est donné: la soirée sera chaude et festive. On définit souvent The Cat Empire comme un groupe de Reggae. Mais la musique du combo est bien plus complexe. Mené par Felix Riebl au chant et aux percussions et par Harry James Angus au chant et à la trompette, il brasse en effet diverses influences: Funk, Hip Hop, Rock, Ska, musiques latinos ou manouches. Le groupe fait preuve d'originalité par l'absence de guitariste et par la prédilection donnée aux cuivres. Ainsi un trompettiste et un saxophoniste viennent compléter le groupe dont le noyau dur est également composé du batteur Will Hull Brown, du claviériste Ollie McGill, du bassiste Ryan Monro et du DJ Jamshid Khadiwhala.

Et tous ces musiciens viennent démentir le célèbre dicton. Car quand les chats sont là et bien, les souris dansent... Confirmant l'excellente réputation scénique qu'il s'est forgé dans le monde, le groupe alterne morceaux de ces trois derniers albums Two Shoes, So Many Nights et Cinema offrant ainsi des pièces maîtresses telles que « Two Shoes », « The Chariot », « Fishies », « How To Explain » ou morceaux plus récents tels que « Falling » ou « The Heart Is A Cannibal ». Des chansons qui sont à chaque fois accueillies par des manifestations de joie et reprises en coeur par le public. Plutôt pas mal pour un groupe qui n'est pas du tout médiatisé et distribué en France. Quoi qu'en disent les détracteurs, le téléchargement a du bon.

Brassant diverses sonorités, The Cat Empire dynamite sur scène les frontières des genres musicaux, voire même les frontières géographiques tout court. Car c'est à un véritable voyage, à un Road Trip musical que nous convient les australiens. Des mélodies Rock et Pop gorgés de soleil que le surfeur chanteur Jack Johnson ne renierait pas nous promènent le long des plages de Hawaï, des rythmes cubains nous plongent dans la chaleur de la mer des Caraîbes, des mélopées orientales (formidable version de « The Darkness » enrichie de la voix hypnotique de Harry James Angus) nous emportent sur un tapis volant tandis que des airs tziganes nous font emprunter les routes de l'Europe Centrale. Un melting-pot incroyablement cohérent et maîtrisé par des musiciens dont l'énergie communicative et la maestria viennent titiller les jambes d'un public pourtant déjà bien chauffé à blanc.

A une époque où le monde de la musique semble ne graviter qu'autour de la mode et de la célébrité facile, le succès rencontré par The Cat Empire prouve qu'il n'est nul besoin de vendre son âme au diable et aux médias pour exister et étendre le champ de son royaume. Juste de faire de la musique avec authenticité et passion. Le public, qui n'est pas aussi con que ce que peuvent penser les directeurs des majors aveuglés par leurs stratégies marketing, suivra ainsi tout naturellement.

 

Revenir aux Live report Concerts
A lire et à voir aussi
218 queries in 0,363 seconds.