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The Dillinger Escape Plan + The Ocean + Cancer Bats à l’Aéronef

The Dillinger Escape Plan, c’est un peu la démonstration faite qu’on peut allier hurlements et émotions. Ce soir à l’Aéronef, les Américains ne failliront pas à leur solide réputation de groupe de scène. Saluons ici, The Ocean et Cancer Bats qui ont la lourde tâche d’ouvrir pour la bande de fous furieux sur cette tournée commune. Les premiers proposent une musique parfois fort ambitieuse, mais n’arrivent malheureusement pas à convaincre. Les seconds, plus persuasifs, étonnent durant tout le set et leur punk hardcore remporte finalement l’adhésion du public.

Pèlerinage obligé de tout amateur de son saturé, le concert de Dillinger s’impose tout de même difficilement pour le néophyte. Prévoir quelques profonds moments de solitude dans une foule toute acquise au metal complexe de la formation. Malgré la violence furieuse de ce qui se trame sur les planches et dans le conduit auditif, l’on voit quelques illuminés profiter de l’apocalypse les yeux clos. D’autres se bousculent rageusement sous les cris de Greg Puciato, gourou à la voix obsédante.

S’abandonner ou se laisser terrasser. Il n’y a pas d’alternative. Dillinger fonce tête baissée (et parfois les pieds devant). Sans pitié. Les ruptures de tempo disloquent leur rythmique affolante. Escape Plan propose une musique malade. Seul un cerveau affecté peut extraire un tel monstre de créativité. Le spectateur découvre, horrifié, une créature en constante mutation. Au fin fond des ténèbres, dans le noir, le géant Liam Wilson et sa basse gigantesque s’agitent. Ses cordes lourdes tranchent l’oreille. Les lumières sont quasi inexistantes, la scène est dépouillée. La musique dense et vivante peut envahir l’espace en un tableau d’une violence inouïe. Du sentiment d’agression (Farewell, Mona Lisa, premier morceau du set) à l’écœurement (le douloureux Sunshine The Werewolf), Dillinger retourne les tripes. Musique viscérale, profondément dérangée. Et pourtant, on en redemande. Pauvres fous.

Widower, souillé par un piano jazzy, frise le génie. L’audace, omniprésente. Mouth Of Ghosts en rappel, c’est la course désaxée d’un Sleepy Hollow au cœur arraché. Une descente vertigineuse, longue, pénible, dans les arcanes de la bête. C’est totalement vidé que l’on sort de là, avec la désagréable sensation d’avoir flirté avec la folie.
Peut-être le meilleur concert de ces six derniers mois, rien que cela !

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