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The Dø + Random Recipe à l’Aéronef

Au menu ce soir : Døuceurs de printemps !

On attendait The Dø. Leur dernier passage dans la région remonte à l’édition 2009 des Nuits Secrètes. Depuis, silence radio… jusqu’à la sortie de leur deuxième album en mars, Both Ways Open Jaws. Mais avant de nous régaler de leur nouveau son, c’est une autre cuisine que nous allons goûter. La recette musicale est aléatoire et c’est d’ailleurs le nom qu’à choisi le groupe : Random Recipe. Issue de Montréal, la formation se compose de la chanteuse-guitariste Frannie (la blonde) et de la rappeuse/beat-boxeuse Fab (la brune). Elles sont accompagnées par Vincent (basse, clavier) et Liu-Kong (batterie) qui a un petit air de Johnny Depp.
Côté musique, Random Recipe mêle tout, absolument tout : rap, rock, jazz, kazoo, berceuses, hip-hop et bien d’autres. Certaines mélodies en rappellent même d’autres : un Radiohead par-ci, un Cœur de Loup by Philippe Fontaine par-là (si si !). Surtout, le groupe, tout sourire, prend plaisir sur scène et n’hésite pas à communiquer (avec un fort accent québecquois bien sûr) : « On a commencé à jouer dans la rue à 3h du mat’ pour avoir une pizza gratuite. Et puis finalement ça a marché et ce soir on joue ici à Lille. Alors un conseil : ne payez jamais 7€ pour cette pizza ! » (rires). Même s’il ne s’attendait peut-être pas à cet étrange mélange en première partie de The Dø, le public est conquis et applaudit chaleureusement.

Mais il est maintenant temps de passer au plat de résistance. Dès l’extinction des lumières, la foule s’enflamme. Olivia (chant), un mégaphone lumineux à la main, entame The Calendar. Vêtue d’un tutu et d’un haut de forme rouges, on dirait qu’elle sort tout droit d’un Tim Burton. The Dø enchaîne avec Gonna Be Sick ! qui prend de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau avance. La tension, accentuée par la voix magistrale d’Olivia, monte et s’effondre dans un cataclysme de sons. La chanteuse prend ensuite la parole : « Ça fait longtemps qu’on n’est pas venu et on est bien content, vous êtes bien nombreux ». Elle enfourche sa guitare et débute le magnifique Too Insistent. On attrape des frissons lorsqu’elle est imprégnée de son "Why don’t you let me go ?" Le morceau s’achève dans un outro punk-électro-crade-tribal, et le public apprécie.
C’est là une des marques de fabrique de ce deuxième opus : la douceur pop est tranchée à vif par des expérimentations de sons étranges, parfois inquiétants même. Tout se joue dans les ambiances, douces-amères, sauvages, tribales. Le morceau suivant, Slippery Slope, en est l’exemple le plus probant. C’est Dan (basse, saxo, piano) qui débute le trip avec son saxo dont le pavillon est mis en lumière par une simple lampe. Puis les percussions graves et la voix magnétique d’Olivia nous plongent dans un univers complètement tribal, "indiennisé". Pour un peu, on se croirait dans une des scènes de Matrix Reloaded (celle où Morpheus fait son discours dans la grotte de Sion). Cette « pente glissante » s’achève par un passage totalement barré accompagné par des lumières stroboscopiques. On a envie de bouger son corps dans tous les sens, on en prend plein les yeux et les oreilles et on adore ! À la fin du titre, les lumières de la fosse se rallument sur un public qui ovationne la prouesse.

Le groupe franco-finlandais calme ensuite les choses avec le cultissime On My Shoulders qui a subi un réarrangement. Entre une basse et une guitare qui se font toutes douces, la voix d’Olivia est sublimée. Il n’y a pas à dire : cette femme-là a un charme vocal incroyable. D’ailleurs, les « Olivia je t’aime ! » fusent à tout va dans la salle. The Dø poursuit sur sa lancée avec The Wicked & The Blind aux connotations jazzy. A ce moment du concert, on est plus dans l’écoute mais les corps ondulent toujours. Le public est littéralement porté par le son du groupe et par ses deux leaders, Dan et Olivia. Cette dernière entame une danse de la vahiné sur Bohemian Dances avant de demander à la salle de chanter avec elle. L’exercice n’est pas facile pour le coup, mais la belle ne manque pas de remercier l’assemblée. « Merci d’avoir chanté. Et oui, c’est pas facile ! » lance-t-elle amusée.
Après un autre retour sur le premier album avec Aha, Dan s’offre un petit moment pour lui avec le public. Faisant mine de s’impatienter, Olivia se met à parler avec une voix nasillarde. « Can I start now ? » demande-t-elle avec une voix de canard qui fait rire l’Aéronef. Le groupe reprend alors Tightrope de Janelle Monae et, mené par le solo de Bastien (guitare), l’achève par une impro psyché, à la limite de la techno hardcore. Dan prend enfin la parole et demande à Random Recipe de venir accompagner le groupe pour Playground Hustle.

The Dø se retire ensuite sous les applaudissements mais revient très vite pour le rappel. Autour du même micro, Olivia et ses deux choristes, Maria et Fanny, nous offrent un magnifique moment avec Moon Mermaids. Après ce petit intermède vocal, Dust It Off vient déjà conclure le rappel. Le public reste un peu sur sa faim et continue d’acclamer le groupe après son départ. Du coup, The Dø revient sur scène pour un dernier dessert et termine ce concert avec l’enivrant The Bridge Is Broken. Olivia se fait plaisir en dansant et on irait bien danser avec elle ! Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et le groupe salue une dernière fois la salle. Espérons juste qu’on pourra très vite retourner goûter ses Døuceurs…

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