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The Heavy à l’Aéronef

On était plein d'espoir en pénétrant dans l'Aéronef, au Club plus exactement, ce mardi 30 mars 2010. On s'attendait à ce que la critique fut facile. Que l'on puisse dire béatement: « The Heavy, c'est du lourd en live » (jeu de mots, maître Cappello). En effet, on attendait beaucoup de la venue de ce groupe. D'ailleurs, la petite salle, pour un soir de semaine, était plus que correctement remplie.

C'est que la discographie du combo laissait entrevoir d'excellents moments, riches en émotions diverses. Avec deux albums « Great Vengeance Of Furious Fire » et « The House That Dirt Built », The Heavy s'est fait une place de choix dans le paysage rock anglais actuel. Alors que leurs confrères tendent généralement à préserver l'héritage pop des Beatles, eux puisent leurs influences dans les racines de la musique américaine en prenant à leur compte la crème de la musique noire U.S. qu'elle soit soul, funk, blues ou rock. Ainsi, le groupe opte pour la diversité et offre, en studio, un cocktail détonnant où sonorités vintage et groove imparable font mouche à chaque titre à l'instar de leur dernier single « Sixteen » reprenant la rythmique du légendaire « I Put A Spell On You » de ce fou furieux de Screaming Jay Hawkins. Prometteur donc. Surtout qu'ils se sont taillé une excellente réputation de groupe live.

Malheureusement, et ce malgré le nom donné à leurs deux albums, il ne sera point question de fureur ou de crasse ce soir. Après une longue, très longue, très très longue attente (aucun groupe n'assure la première partie), les musiciens de The Heavy montent sur scène et déçoivent. D'accord, les musiciens ( Chris à la batterie, Spencer à la basse et Daniel à la guitare) assurent et le chanteur à la carrure de boxeur Swaby, qui porte un T-shirt à l'effigie du groupe (bonjour l'humilité!) a un bel organe (du calme les filles, je parle de sa voix!) et invoque l'esprit de Curtis Mayfield.

Mais la prestation est trop convenue, trop propre, trop carrée. Alors que la set-list est irréprochable et pioche allégrement dans les différentes tueries des deux albums (« Colleen », « Girl », « Oh, Not You Again », « What You Want Me To Do » et bien évidemment « Sixteen »), les versions proposées n'offrent rien de bien neuf par rapport aux versions studio alors que les artistes dont ils s'inspirent (James Brown, Parliament, Funkadelic, Sly & The Family Stone...) revisitaient, sur scène, entièrement leur répertoire en réarrangeant leurs chansons et en les allongeant jusqu'au point de non-retour. Pas très palpitant. Tout cela manque de spontanéité.

Swaby aura beau tenter de communiquer avec la foule en s'adressant à elle avec des formules toutes faites et convenues qui ne motiveront à jumper que quelques gaillards à la recherche de leur adolescence perdue, un drôle d'arrière-goût se fait sentir dans notre bouche. Celui de la déception. On reste sur notre faim et on se dit que cela, en fait, est bien trop léger. Surtout que le concert ne dure qu'une heure, rappel compris. Une seule misérable heure! Alors que l'entrée est à quinze euros tout de même, qu'il n'y a pas eu de première partie, que le groupe a deux albums au compteur et que certains artistes avec un seul album dans les pattes livrent des prestations de quasiment deux heures (cf Izia à Calais au mois de février).

On a la désagréable sensation que The Heavy cachetonne et est venu chercher son chèque et la thune. Sentiment exacerbé par le speach de Swaby en milieu de concert rappelant qu'un stand est à disposition pour acheter les albums et les t-shirts du groupe. C'est bon, on est passé devant en entrant dans la salle, pas besoin de le rappeler, on est pas aveugles! Énervant! Nous revient en mémoire une interview de Wax Tailor expliquant que sur son dernier album, « In The Mood For Life », il souhaitait, au départ, que le morceau « I Own You » soit interprété par le chanteur de The Heavy mais que celui-ci demandant trop d'argent, il avait préféré travailler avec Charlie Winston.

C'est donc déçus et frustrés que l'on ressort de l'Aéronef. Nul doute que les plus rancuniers mettront longtemps avant de remettre un album de The Heavy dans leur platine pour ne pas à avoir à se rappeler cette soirée.

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