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The Inspector Cluzo + Radical Suckers à L’Aéronef

En garde ! Les deux mousquetaires sont de retour.

Néanmoins, ce n'est pas pour défendre les joyaux de la couronne. Plutôt pour assener un magistral coup de pied aux fesses du roi. Et mettre, par la même occasion, sa femme dans leur lit.

Les gascons de The Inspector Cluzo continuent en effet leur croisade. Contre les injustices, le consumérisme, l'individualisme, le conformisme... Leurs armes de prédilection restent les mêmes: la provocation, l'humour et, surtout, une bonne dose de groove. Avec un Funk en acier trempé, armé d'une guitare affutée comme un fleuret et d'une batterie sachant toujours faire mouche. Point de bassiste. Jugés inutiles et détestables (« les bassistes sont les Nicolas Sarkozy de la musique »), ils ne méritent que leur mépris et cette désormais cultissime sentence: « Fuck the Bass Player ».

Afin que le compte soit bon avec le nombre de mousquetaires présents dans l'oeuvre d'Alexandre Dumas, une petite nouveauté par rapport à la tournée précédente: la présence de deux cuivres, sobrement nommés The FB's Horns (FBs pour French Bastards, bien évidemment).

Pour lancer l'offensive, les nordistes de Radical Suckers, déjà repérés en première partie de No One Is Innocent au Splendid ou lors de la dernière édition du Betizfest de Cambrai. Un coup de semonce. Une véritable déflagration sonore. Les décibels sont poussés à leur maximum. Et servent un Punk Rock foisonnant. Aux multiples influences. La basse vrombissante de Jéré résonne avec force et forme l'ossature principale des compositions du groupe. C'est elle qui impose les changements de rythme. Elle est appuyée en cela par la batterie de Flam qui apporte avec un jeu diversifié des influences Fusion qui pèsent lourdement dans la balance. Robin, le guitariste et chanteur, ne lâche rien et leur tient la dragée haute. Il est la caution Rock N'Roll de la formation. Dynamitant sa six-cordes à grands renfort d'accords furieux. Radical certes. Mais diablement efficace.

Ne craignant pas la bavure, les deux compères de The Inspector Cluzo, Malcolm (à la guitare et au chant) et Phil (à la batterie et aux choeurs) n'hésitent pas à frapper sur tout ce qui les énerve: les duos guitare-batterie aux coupes de cheveux travaillées (The White Stripes et The Black Keys en tête), les chanteurs de Soul à la française, le monde de la musique, le Président de la République, son épouse, le gouvernement, les bobos, les footballeurs et, particulièrement, les spectateurs... Ces êtres incapables de se déhancher correctement sur « la danse du peigne-cul », copieusement insultés par le duo, ridiculisés sur scène et punis quand ils ne se montrent pas assez réactifs ou dynamiques. Une punition d'une cruauté intolérable: la chanson 'I Want To Fuck The Wife Of The French President'.

Fort heureusement, le châtiment n'aura lieu qu'une seule fois. A moins d'être un fervent défenseur du gouvernement actuel et un fan de chansons à textes à la française, difficile de ne pas jubiler devant un tel spectacle, tenant tout autant du happening comique que du concert Rock le plus teigneux.

Le Funk revu et corrigé par Inspector Cluzo est joué avec hargne, les amplis réglés à leurs plus hauts niveaux. Les deux musiciens fusionnent sa suavité avec des guitares bien grasses. Le rendant graveleux, mal élevé, lubrique. Irrévérencieux et respectueux des anciens à la fois. Comme le prouve leur formidable reprise, boostée aux hormones, du 'Move On Up' de Curtis Mayfield. Les titres s'enchaînent ( 'Fuck The Bobos', 'Put Your Hands Up', 'Power To The People', 'Terminator Is Black In His Back', 'Telefoot'...) faisant à chaque fois monter la pression et la température. The Inspector Cluzo est un groupe de scène, jouissant de chaque instant passé aux côtés de son public. Une authenticité et une fraîcheur qui, plus que la sympathie, forcent le respect.

Car elles apparaissent comme le prolongement d'une démarche artistique exemplaire. Le refus des diktats commerciaux, des codes mainstream et de la fausse lamentation sur la soi-disante crise de l'industrie musicale. Adeptes du Do It Yourself, Malcolm et Phil gèrent avec passion, en toute indépendance leur carrière, se passant des réseaux de distribution classiques via leur propre maison de disques, Fuckthebassplayer Records. Une philosophie les amenant à vendre leur dernier album, 'The Two Mousquetaires', qui se présente sous la forme d'une bande dessinée, au prix dérisoire de 10 euros. Voire même de 5 euros lors des concerts et ce, pour les heureux détenteurs d'une place achetée en pré-vente.

Derrière les insultes et la provocation adolescente se cachent donc un profond respect du public. Devant lequel on ne peut que s'incliner. Un pour tous. Tous pour The Inspector Cluzo !

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