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The Sea & Bikini Machine à l’Aéronef

Belle initiative que celle proposée par l'Aéronef en ce mercredi 3 février 2009. En effet, les heureux détenteurs de la carte d'abonnement de cette illustre salle lilloise pouvaient assister gratuitement au concert organisé ce soir-là et réunissant le jeune combo anglais The Sea et le groupe français Bikini Machine. Il va sans dire que cette soirée fut l'occasion pour un bon nombre de personnes dans la petite centaine de spectateurs ayant fait le déplacement de devenir adhérentes, le prix du billet (10 euros) revenant quasiment au même prix que l'obtention de cette fameuse carte (15 euros en tarif plein et 10 euros pour les personnes bénéficiant de tarifs réduits telles que les étudiants, les demandeurs d'emplois, les bénéficiaires du RMI, etc...).

Le groupe The Sea se vit confier la délicate tâche d'ouvrir les hostilités en présentant son premier album, Get It Back, mixé par John Corfield qui a travaillé sur les albums de Muse ou de Razorlight, face à une assistance constituée principalement de curieux venant profiter de la gratuité de l'évènement. Le duo anglais composé des deux frères Chisholm, Peter au chant, à la guitare ou aux claviers, et Alex à la batterie et aux backing vocals, s'inscrit dans la grande tradition du pub rock anglais en offrant une musique fortement influencée par des groupes ou artistes tels que Led Zeppelin, The Faces, T-Rex, Eric Clapton (un hommage lui sera d'ailleurs rendu par la reprise du célèbre riff de guitare de Sunshine Of Your Love vers la fin du concert) ou encore le Elton John de la grande époque (celle des albums Captain Fantastic & The Brown Dirt Cowboy, Madman Across the Water ou encore Honky Chateau) quand Peter délaisse sa guitare pour les claviers.

Mais si les deux frangins se révèlent être de bons musiciens très à l'aise sur scène et des personnalités fortement attachantes (ils remercient les français pour leur accueil et leur gastronomie et n'hésitent pas à venir s'en fumer une avec le public lillois pour taper le bout de gras avec lui en toute simplicité), on se dit néanmoins que les avis dithyrambiques des critiques musicaux britanniques des magazines NME ou Kerrang qui les comparent aux excellents White Stripes ou Black Keys sont quelque peu exagérés. Prenant trop peu de distance avec leurs modèles, leur musique manque cruellement de personnalité et ne s'attire donc pas autre chose que de la simple sympathie. Et sur certains morceaux, où le clavier remplace la guitare, elle peut même agacer quand les compositions rappellent celles des horripilants Keane.  En bref, à l'image des Fratellis, de Jet ou des Von Bondies (mais si rappelez-vous!), aussitôt entendu, aussitôt oublié...

Bikini Machine, groupe fortement influencé par la pop et le pychédélisme des sixties et particulièrement par Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc (dont ils ont d'ailleurs repris, ce soir-là, La Fille du Père Noël), quant à lui, a prouvé qu'il est possible de faire du neuf avec du vieux et de se démarquer de ses influences pour montrer une réelle identité musicale. Ce groupe à géométrie variable, où chacun des 5 membres s'échange le micro et les instruments, a très vite conquis le public avec ses compositions (Good Morning, La Pharmacie Anglaise, Shake It...), mêlant adroitement rock, soul, musiques electro et bandes originales de film offrant un univers à la fois connu et singulier, nous renvoyant autant aux dance-floors actuels qu'au Swinging London des années 60. L'étroitesse du Club, petite salle de l'Aéronef où se déroulait le concert, et le jeu de lumières accentuèrent cette sensation et rappela aux plus cinéphiles certaines scènes du film Blow Up de Michelangelo Antonioni sorti en 1966.

Et surtout quelle énergie!!! Une énergie et un dynamisme qui ne sont pas sans rappeler les prestations jubilatoires du Jon Spencer Blues Explosion. Pas étonnant que ce beau gosse américain soit tombé sous le charme de ce groupe français et se soit chargé de la production de près de la moitié des morceaux du dernier album de ce groupe, The Full Album, dont l'écoute est fortement recommandée.

Espérons donc que cet excellent groupe rennais, qui a déjà pratiquement 10 ans d'existence, puisse connaître un jour autre chose qu'un simple succès d'estime et critique et puisse également profiter d'une couverture médiatique suffisante pour montrer au public français que le rock, en France, ne se limite pas à la musique racoleuse et faiblarde des mega-fabriqués et ultra-marquetés Naast, BB Brunes ou Plasticines qui eux bénéficient d'un certain engouement et remplissent de grandes salles. Va comprendre Charles !

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