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Tiken Jah Fakoly à l’Aéronef

"Afrique esclavagisée, colonisée, martyrisée, dévalisée!", mais Afrique plus présente que jamais!

Tiken Jah Fakoly, de son vrai nom Doumbia Moussa Fakoly, a ramené avec lui un peu de son continent, et surtout beaucoup de ses vibrations et de sa chaleur ce mercredi soir, à l'Aéronef. La salle était comble; archi comble, pour venir voir ou revoir « Le » Tiken Jah, désormais devenu monument national et international de la sène francophone. L'accueil que le public lillois lui a réservé était à la hauteur du personnage et de son statut.

Le concert a commencé par un petit medley des refrains les plus connus du groupe. A cet instant, le chanteur n'est pas encore entré en scène, mais l'ambiance est déjà montée d'un cran et la chaleur aussi (l'Aéronef ressemblait à une sorte de sauna norvégien, la fête en plus.)

La star du reggae africain nous est tombée dessus par surprise comme à son habitude, avec son pas de danse légendaire, sa parrure traditionnelle et une énergie explosive malgré ses quarante ans. Tiken Jah n'a rien perdu de sa fraîcheur et de son enthousiasme sur scène, même si « fraîcheur » n'est peut être pas le bon mot, à la lumière de ce qui est dit plus haut.

Beaucoup de gens sont tentés de croire que la notoriété et l'efficacité de cette musique tendent à disparaître. Beaucoup pensent que Tiken Jah Fakoly est un phénomène passé de mode, que son message n'est plus d'actualité ou pas assez actualisé, qu'il n'a plus d'écho dans nos consciences.
Ces « beaucoup de gens » n'ont donc pas vu le concert de ce mercredi! Car, après cette prestation, on ne peut qu'être convaincu du réél intérêt porté par le public, aussi sensible à la musique qu'aux idées qu'elle décline sur la société, la politique, le monde.

On n'a pas souvent l'occasion, en France, d'entendre des foules de petits et grands occidentaux scander « mon Afrique a mal » ou « On en a marre, l'Afrique en a marre ».

Cette solidarité manifeste à l'égard du peuple africain peut sans doute expliquer le succès de Tiken: on le soutient parce que c'est un artiste complet mais aussi parce qu'il défend des causes justes en abordant des thèmes sur lesquelles la position officielle de la France est plus qu'ambigüe. Tiken Jah a d'ailleurs décidé de dédier une de ses chansons les plus célébres (« Quitte le pouvoir ») à notre Président de la République Française, qu'il n'est plus nécessaire de citer.

On ne peut pas parler de ce concert sans parler du nouvel album de Tiken Jah Fakoly, « l'Africain ». Les morceaux des anciens albums ont beaucoup plus motivé la foule, ce qui ne l'a pas empêchée d'être attentive à la nouveauté qu'on lui proposait.
On peut, on doit citer la chanson « Ma Côte d'Ivoire », une merveille d'écriture qui sort des formats musicaux « reggae » et que le chanteur nous a interprété avec toute son âme. L'émotion était palpable et n'a laissé personne indifférent. « ma Côte d'Ivoire, je n'veux plus te voir en larmes. Ma Côte d'Ivoire, je n'veux plus te voir prendre les armes ». Paradoxalement, Tiken Jah a fait coulé quelques larmes dans la salle, des larmes saines, sans culpabilité ni tristresse; des larmes d'empathie, d'affection.


Ce concert était donc un concentré de militantisme, de fête et d'émotion
. L'intéraction entre le groupe et le public était manifeste et a donné à la soirée une dimension particulière qu'on ne retrouve décidément pas dans tous les concerts, parce qu'elle est la marque de fabrique des Grands Artistes.

Tiken Jah Fakoly continue sa tournée. Nous lui souhaitons bonne fortune.

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