Qui a dit qu'on n'était pas sérieux quand on a 17 ans ? Le jeune rappeur Token a performé sur les planches de La Péniche en ce lundi 11 avril.
It held an umbilical cord connected to a mic... Le systématique Ego Trip du rap dont Token a usé et abusé n'est pas forcément ici exagéré. Une virtuosité et un engagement interprétatif certain laissent présager un avenir plus que glorieux sur la scène Hip Hop internationale.
Fuck the real, fuck the skill, where my bills ? Paronomase avec Fuck et Suck et métaphore sur Bitch et Shit... Homéotéleutes, double sens et allitérations n'excluent pas les jurons ! La prose élaborée de Token, comme dans tout Hip Hop de qualité, réalise un heureux mélange des différents niveaux de langage.
I'm an ignorant asshole... Maîtriser uniquement la langue de Molière suffit pour profiter de la musicalité de Token. Les jeux sur les sons des syllabes et l'interprétation habitée profitera sans aucun doute à un non-anglophone. Le choix de la hauteur du son pour poser la parole s'adapte parfaitement à l'harmonie de l'instrumental. Les intonations sont à la fois musicales et théâtrales. La pulsation puissamment marquée par de lourdes basses en association avec le groove syncopé de Token produit un effet de balancement qui n'est pas sans rappeler Eminem. Avec une utilisation récurrente du cut, c'est le silence qui habille la virtuosité du verbe. Le flow est si véloce que les mots de Token semblent devenir scat ou beat box.
I'm gaining amazing relationships with no hate straight from hip-hop, it's all love. Token crée une ambiance survoltée dans l'assemblée et le MC jouera d'un pull-up involontaire à la technique dès le début du concert pour nous offrir son talent dès ses premiers bondissements sur scène malgré un micro sans le son. Il porte impeccablement le titre de Master of Ceremony. Token, c'est aussi une locution anglaise pour évoquer les minorités. L'artiste appartient bien à celle des virtuoses du rap. Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est bon, on est bon...
