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Two Door Cinema Club + Divine Paiste à l’Aéronef

"Le dandysme n’est même pas un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit."

Charles Baudelaire, Le Dandy.

Un 20 juin chaud, lourd et orageux, une date qui n’est que le report du concert annulé pour cause d’intempéries quelques mois plus tôt…il n’y aura donc personne pour s’engouffrer dans les entrailles de l’Aéronef la veille de la fête de la musique songe Lille la Nuit. Quelle surprise d’apprécier une salle remplie et prête à faire la fête avant l’heure. Nous aurions aimé voir ce groupe en mars lorsque nos corps étaient transis de froid, sûrs d’être embrasés car les assauts du froid n’auraient rien pu faire contre cette transe irlandaise.

Divine Paiste, en première partie, avait déjà commencé à chauffer la salle. Une belle présence scénique et des idées pop électro à approfondir: le groupe est à suivre. Nous pouvons cela dit déplorer la qualité du son, qui fait souvent défaut dans les premières parties. C'était spécialement vrai ce soir, difficile de juger...

Vient alors le tour tant attendu de Two door cinema club venu d’Irlande du Nord. Les 4 garçons dans le vent, qui se connaissaient pour avoir fréquenté les mêmes camps scouts, se sont retrouvés sur les bancs de la fac qu’ils ont vite quittée suite à un succès légitime aux heures glorieuses du défunt Myspace. Depuis 2010, ils écument les scènes et leur notoriété ne cesse de croître suite à la sortie de leurs deux albums. Pour la petite histoire, le groupe doit son nom à une erreur orthographique, l’un des membres voulant écrire « Tudor cinema club » en référence au nom d’un cinéma de Belfast ; amusés de la coquette coquille, le nom du groupe est gardé sous la forme erronée.

Tourist history ouvre la porte du succès avec un album pop électro / indie rock riche et élégant choisi par la BBC dans leur sélection « Sound of 2010 » et qui les labélise pour le public et les critiques dans la catégorie des groupes très prometteurs, à suivre.  Beacon, album de septembre 2012, se voit propulsé premier des charts irlandais et second en Angleterre. Depuis le groupe fait partie des têtes d’affiche de festivals, et ne cesse de faire danser les publics en Europe. Beacon nous offre des rimes nerveuses, une pop paradoxalement aérienne et entêtante, bien plus riche que le premier album.

Sur scène ce 20 juin, ils ont su nous convaincre de leur pouvoir electro et de leur chaleur organique, défi à haut risque. TDCC s’est avancé calmement vers nous, le chanteur Alex Trimble élégant et dandy à souhait dans un costume clair ajusté, subtil et racé croisement de Morrissey, de Neil Hannon de Divine Comedy qui viendrait de réécouter le « Dandy » des Kinks et de relire le Petit dictionnnaire du Dandy, de Giuseppe Scaraffia ou un aphorisme d’Oscar Wilde. De la classe, pas de glace : Le premier morceau, Sleep alone, donne le La, la soirée sera dansante et électrique ! Organique, le son rassure : on n’aura pas droit à une orgie de samples balancés très forts pour cacher des pauvretés musicales. La caisse claire scintille et installe confortablement le groupe dans son groove.

L’Aéronef surchauffé par le public et la musique, les morceaux s’entremêlent sans pause, épileptiques, hantés par une présence et la gestuelle scénique du chanteur, précieux sans ridicule, posant au Dandy chic et choc. Jusqu’à ce soir, nous ne savions pas que sueur et élégance pouvaient rimer mais Alex ne tombe jamais la veste, trempée de la sueur légitime de celui qui se donne.  La setlist tient la route et nous offre des moments de frénésie et de volupté intense, sous les faisceaux de lumière magiques. Dans l’ombre, derrière le public, il faut compter un autre membre du groupe, l’ingénieur lumière, qui fait vivre un light show d’une qualité exceptionnelle. Les instruments, les membres du groupe, la salle, le public, tout était sublimé par les jeux de lumière dansants entre ombres et sons, délectant nos sens, auditifs et visuels.

Le concert se termine en apothéose avec un rappel tout aussi intense. La voix du chanteur étrangement magnifiée par la chaleur ambiante de la salle… Le groupe semblait avoir pris autant de plaisir que nous. Nous repartons béats et sourions à la sortie apercevant les membres du groupe empressés d’aller respirer au grand air, affalés et tremblants dans leur mini van de tournée, portière grande ouverte, désespérant de trouver un bol d’air après leur show… parfait. Ces dandys là n’étaient pas Warhol mais on devrait toujours être abonné au ciné club.

 

Setlist:

 

Sleep alone
Undercover Martyn
Do You Want It All?
This Is the Life
Wake Up
You're Not Stubborn
Come Back Home
Beacon
Sun
Pyramid
I Can Talk
Costume Party
The World Is Watching
Next Year
Something Good Can Work
Handshake
Eat That Up, It's Good for You
Rappel: Someday / Cigarettes in the Theatre / What You Know
 

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