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Vague de froid : Modern Men + Giirls + The Log Equation à la Malterie de Lille

"Vague de froid" : ce n'est pas tant la météo plutôt douce que le flot de sons glaciaux qui font se déplacer les foules à la Malterie ce soir, et probablement pour les autres autres concerts de la série prévus le 21 janvier (Gewalt et Sexual Purity) et le 10 février (Patriarchy et Lila Ehjä) tant les affiches sont curieuses. L'association Cerbère Coryphée met en effet un point d'honneur depuis sa création à programmer des artistes à la notoriété variable mais de très bon goût, rassemblant les fans de métal, stoner, musiques électro variées, avec comme parti-pris de se faire le "porte-voix de musiques amplifiées radicales". Une volonté pas démentie ce soir au vu de l'affiche alléchante avec Modern Men + Giirls + The Log Equation. Le triptyque ce soir est froid, au sens où chaque groupe peut être relié d'une certaine manière à la cold wave, mais bien chaud en ce qui concerne ses sons dansants et les sujets chantés ou évoqués.

The Log Equation

The Log Equation intrigue d'emblée par son nom qui semble faire référence aux mathématiques quand les visuels font clairement référence à Twin Peaks (et la bûche n'est évidemment pas étrangère à la série). On ne sait pas vraiment s'ils "dansent sur les cendres fumantes de [leur] bonne foi" mais leur set est impeccable pour une formation récente et le public danse de bon coeur sur le set très catchy. Duo oblige, les synthés sont assurés par ordinateur mais le format ne surprend plus. La basse de Tom vibre et le son est chaud. Mel assure au chant et termine dans la foule avec un mégaphone. On découvre tout à part le deuxième titre, "Swamp Macaque", qui fait office de premier single. Une dizaine de morceaux enthousiasmants, parés pour le live et probablement très intéressants dans leur format album, dont on espère une sortie prochaine. Musicalement, s'il n'y a rien de révolutionnaire au soleil, c'est un post-punk de très bon aloi, lorgnant vers la cold wave, utilisant avec malice des références new wave. De ce qu'on a pu entendre, les textes semblaient intéressants avec une mention spéciale pour "Crackhead Error". Repérée dans la setlist, la reprise de "Vivre ou survivre" de Balavoine était un pari risqué mais tout à fait réussi. Scéniquement ultra dynamique, le groupe n'ennuie jamais sur le set entier. Un groupe émergeant à suivre de près pour qui aime ce type de musique.

Giirls

On n'aurait pas mieux pu rêver la line-up tant la progression est logique. Passer de la chanson "Noise Boy" au parisien Giirls se fait en douceur. Seul sur scène, il a déjà un album à son actif, Far Reality, et présente un set synth et coldwave impeccable. Brice Delourmel a déjà partagé plusieurs dates avec Modern Men et semble à l'aise sur scène même s'il ne parle pas, d'autant plus rôdé qu'il est guitariste du groupe shoegaze Dead et dans le groupe darkwave FTR. Les éléments dansants des versions studio prennent plus d'importance en live, sans masquer complètement les éléments plus cold. Bien construit, le set attend un peu pour présenter des morceaux plus bruts qui tirent presque vers l'electro-indus.

Modern Men

La soirée ne baisse jamais en intensité et finit sur une touche nettement plus punk via Modern Men, en tournée "partout en France" (comme leur EP, oui) et même à Tunis, en Belgique et en Suisse. Tout comme Giirls, ils font partie du collectif SOZA, micro-label de Rouen spécialisé dans les sorties cassettes. Moyennement versé dans la délicatesse, le groupe sort des EP aux titres dans-ta-face comme le délicieux Anéantir le monde moderne ou True Men Don't Drink Milk (We Hate You Please Die). Le reste du temps, Adrian et Quentin participent respectivement à MNNQNS et Greyfell.

Avec Modern Men, ils explorent ce qu'ils ont de joie de vivre (non) et de violences (oui), spécialement dans leur dernier EP en date, le troisième, Partout en France qui tend vers des expérimentations plus bruitistes, et une ambiance un peu plus glauque qui se retrouve clairement en live. C'est une expérience scénique aussi alors que dans la bonne tradition punk, Quentin vient te hurler des paroles déprimantes en te fixant droit dans les yeux. On aime ou pas mais cela ne laisse pas indifférent et même si l'on n'est pas sûr d'aimer, on apprécie la fragilité et la sincérité que dégage le groupe. Sur scène, le set est varié, oscillant entre beats techno, cold wave côté indus noise et chant punk - en français et en anglais - qui compte bien renverser le capitalisme l'année prochaine. Bonne chance, et à bientôt !

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