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Werchter Festival 2007 [Jour 1]

Werchter, sa grande scène, son champ, sa sono monstrueuse, ses grosses têtes d’affiche… et ses bouchons. Dès la sortie d’autoroute, l’accès au site semble déjà saturé. Les véhicules circulent lentement, et pas question de faire le fanfaron : des hélicoptères balaient le ciel et la sécurité routière veille. Bien normal, quand le même jour se succèdent sur la main stage des pointures telles que MY CHEMICAL ROMANCE, MARILYN MANSON, BJORK et MUSE.
Quinze euros de parking plus tard, le plaisir reprend ses droits. La traversée de la grande allée commerçante est un enchantement pour les narines. Des odeurs de friture, de sucrerie, de substances illicites titillent les sens. Un bon kilomètre de tentation diverses avant de patienter à nouveau pour une ouverture des portes en plusieurs temps. L’organisation est aux petits oignons. S’en suivent deux sas de contrôles, puis, l’immensité du festival se dévoile. Au loin, MY CHEMICAL ROMANCE entame un set énergique. Les déplacements aisés sur le site facilitent l’expédition d’une buvette à une autre. Géraaard, pas celui qui fume du hakik, mais qui est sur scène sait tenir la foule en haleine. Les singles Welcome to the Black Parade et I’m not Okay motivent les troupes fanas de rock émo plutôt bien léché. Première grosse surprise de ces premiers instants à Werchter.

La seconde sera plus désagréable. MARILYN MANSON. Habitué des lives du bonhomme, cette première partie du RAPE THE WORLD TOUR laissait quelque peu à désirer. Une set list pas emballante, des difficultés à assurer les nouveaux morceaux, perte de souffle, etc. Pourtant, ce soir, le groupe se donne sans compter. Le front man descendra même à deux reprises vers les premiers rangs, chantant au plus proche de ses fidèles. La déconvenue sera toute autre.  
Quatre longues coupures de son gâcheront un show qui s’assurait réellement énorme. Dépité, le révérend claquera son micro par terre à de multiples reprises. Une atmosphère lourde s’en ressentira sur scène, ce qui donnera un cachet certain à cette représentation. Terriblement rock. Cela dit, un concert sans le son, ce n’est pas ce qu’il y a de plus appréciable… Marilyn assure le spectacle, change régulièrement de tenue, baisse son pantalon, adopte les poses les plus subjectives. Mais encore une fois… où est passé l’ingénieur son ? Deux titres initialement prévus passent à la trappe (Great Big White World et  Just A Car Crash Away). Impossible de jouer dans de telles conditions. Impossible de prendre le temps de régler les soucis sous peine de retard répercuté sur les autres formations à venir. Aussi, c’est avec les enceintes de retour sur scène que les premiers rangs purent découvrir des bribes de Irresponsible Hate Anthem, The Fight Song et The Beautiful People, dernier morceau amputé de plus de sa moitié. Un véritable gâchis.

Björk fait bien vite oublier cette désillusion. Accompagnée de choristes et d’une section cuivre, la belle islandaise arrive masquée sur scène. Superbe, elle gesticule déjà tel un diablotin sorti de sa boîte. The Earth Intruders assomme l’assemblée. Le son est excellent, la voix parfaitement en place. Incroyable, en un morceau, le public entre dans son univers musical aux multiples ramifications. Expérience à part, monde parallèle, Björk est, ce soir, LE gros coup de cœur. Adulescente ? Enfant prodigue ? Elfe mutin ? Le spectacle est de tous les instants. Partout les gens semblent en transe quasi mystique. Les yeux fermés ils bougent nerveusement. Pourtant, le visuel est également très travaillé. Un nouvel « instrument »est utilisé sur la tournée VOLTA : la reactable. Largement mise en image sur les écrans géants, cette drôle de bête est une table musicale électro accoustique. Celle-ci permet la création de rythmes musicaux et des effets sonores représentés sur la table par des cercles et des sinusoïdales. Un appareil qui prend toute sa démesure sur des titres à la frontière de la techno tels que Declare Independence ou autre Pluto. Piochant dans toute sa respectable discographie, Björk enflamme le champ belge. Véritable rave d’un autre temps, ce concert marque les esprits. All is full of love et Hyper ballad baignent l’audience dans une bulle dorée, sirupeuse. Instants délectables. Le syncopé Army of me est scandé poing levé par un public ultra réceptif à ce petit bout de femme. Charmante, elle salue régulièrement le public.
Une prestation toute en finesse qui tord le cœur et qui se vit de l’intérieur. Une perle de sensibilité à fleur de peau à mille lieux du grand bazar qui va suivre avec MUSE

Près de trente minutes pour installer le décorum de ce BLACK HOLES AND REVELATIONS TOUR qui commencent sérieusement à refouler du goulot. Ultra millimétré, ne s’envolant qu’à de très courtes exceptions, le grand show déçoit une nouvelle fois. Terriblement impersonnel, débauche d’effets de lumières, écrans à foison qui ne servent pas le groupe mais l’écrasent de tout leur poids, le concert se vit de loin. Muse est venu pour en mettre plein les mirettes, pari réussi. Mais où sont donc passées l’émotion, la rage des premiers temps ? Extraordinaire sur CD, l’album perd toute son intensité en live, broyé par une machinerie qui s’expose vulgairement. La foule se gave de ces super stars, jusqu’à plus soif. Ecoeurement, haut le cœur sur des mouvements de foule incontrôlables. Les fans adorent, les moins radicaux observent poliment. Il est deux heures quand Take A Bow met un point final au dégoulinant set de Muse. Incroyable comme le temps passe lentement avec eux.
Retour aussi difficile que l’aller. Les images de la plus jolie sylphide de la soirée aident à rester éveillé. Werchter, c’était un rêve de gosse, un gros fantasme d’adulte.
Une claque qui résonne sur quatre jours de fête ininterrompus.
Chapeau bas la Belgique !

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