L'Aéronef affiche complet ce soir pour la venue de Maxim Nucci et son groupe Yodelice. Le public afflue petit à petit et en attendant la première partie, on s'attarde à regarder du coté de la scène. Certains éléments attirent irrémédiablement l'œil. Un squelette d'arbre à droite et puis surtout, cette structure recouverte dont dépasse des bras métalliques pour l'instant.
A peine le temps de se demander ce qui peut bien se cacher la dessous que les lumières s'éteignent pour laisser entrer la première partie.
Il n'est pas aisé d'assumer seule sur scène, uniquement accompagnée de sa guitare. C'est pourtant le pari audacieux qu'aura réussi Jain ce soir... La jeune femme est franchement à l'aise et nous sert une musique plutôt inspirée Lo-fi avec des zestes de pop et de folk. La boombox, et la loopbox, très présentes, rendent l'atmosphère particulière et on se laisse volontiers aller dans son univers très personnel où se mêlent la solitude, la colère ou l'injustice. Des thèmes sociaux très actuels mais qui ne tombent pas dans le lourd ou le politique. Le public, au début un peu sceptique, lui réserve finalement un bon accueil. Et on lui pardonnera ses quelques faussetés dans la voix, car Jain, encore très jeune, mérite d'être encouragée!
Maxim Nucci a toujours aimé la musique, et il s'y intéresse depuis son plus jeune âge. Après quelques années au Conservatoire, il quitte la France à 15 ans pour s'installer à Londres ou il suivra les cours du Musician Institute. Tout juste diplômé il intégrera l'université en tant que professeur, tout en composant ses propres chansons.C'est à partir de 2001 que les choses commencent à bouger pour lui. Après Popstars et le film Alive (véritable échec commercial mais qui lui ouvre certaines portes), il sort son premier album en 2006 appelé Maxim Nucci. Celui-ci ne marche pas et il faudra attendre la création de son personnage bien connu maintenant, en 2008, pour que les choses bougent pour lui. Yodelice est alors né. Personnage débarqué d'un monde imaginaire (Spookland), clown triste, il est toujours vêtu de sombre, barbu, chevelu et porte une larme maquillée sur la joue. En 2009 sort Tree of Life, un premier album néo-folk incroyable avec des titres comme "Sunday with a Flu", "Free" ou "Alone". L'année d'après il sort son deuxième album intitulé Cardioid et il faudra attendre 2013 pour que paraisse Square Eyes, un opus plus électrique, nerveux que ses prédécesseurs.
C'est donc avec beaucoup de curiosité qu'on attend la venue du groupe. Et toujours cette armature qui semble nous narguer.... Heureusement, il ne faut plus attendre longtemps et bientôt, un technicien vient "dévoiler" la sculpture, qui se révèle être un genre d'arbre mécanique : "The Tree of Life". Lorsque les lumières s'éteignent, celui ci s'illumine doucement alors que résonnent les premières mesures d'"Alone". Maxim entre seul sur scène, affublé comme toujours d'un chapeau, qu'on découvre non plus melon mais "panama". Alors qu'il chante, sur un tempo plus lent que celui du disque, l'arbre derrière lui palpite à la manière d'un cœur qui bat et le reste du groupe le rejoint. On est un peu surpris de ce début de concert, il n'est en effet pas habituel de commencer avec une chanson douce mais peu importe car la scénographie, à coup de lumières bleutées et de laser attire irrémédiablement l'œil. Vient "The Answer", autre morceau plutôt doux et il faudra attendre le milieu de "Breathe In" pour que le concert prenne toute son ampleur. Le public lillois, fidèle à sa réputation, s'embrase devant le riff agressif de la fin de la chanson. Et c'est à ce moment là qu'on retrouve le groupe que l'on apprécie tant.
Après Time, le groupe démarre"Haystack", pendant lequel Maxim s'amuse à faire chanter garçons et filles à tour de rôle. Il en profite pour dire qu'il est content d'être là, à Lille, qui a le meilleur public de France et rajoute qu'on peut vérifier sur internet, qu'il ne le dit jamais ailleurs. Inutile de dire qu'on ne va pas affirmer le contraire ! S'ensuit "My Blood is Burning", tiré de l'album Cardioid et "Way Back Home", morceau entonné a cappella avec pour seule rythmique les claquements de doigts des musiciens. un silence religieux monte de la salle et nous arrache quelques frissons. Visiblement très heureux d'être là, Maxim prend le temps de discuter, et n'hésite pas à faire un trait d'humour ici ou là. Notamment quand un problème technique rend impossible l'utilisation de l'arbre, l'obligeant à saisir sa guitare et à faire "un truc juste pour Lille" en entonnant les premiers accords de" Baby Talk to Me", de la BO des Petits Mouchoirs. Séquence émotion où on en viendrait presque à essuyer une petite larme! Puis vient "Free", au tempo plus rapide et "Happy Crowd". Toujours d'humeur communicative, Maxim nous explique comment la chanson qui suit a changé sa vie alors qu'il était au fond du trou. il s'agit bien sur de "Sunday with a Flu". On citera aussi "Fade Away" comme étant un grand moment de communication avec le public.
"Wake me up" clôt la première partie du concert, comme un rappel au fait que les rêves, comme les cauchemars ont une fin ("Mama wash the blood on my hand..."). Pourtant le public n'entend pas en rester là et acclame le groupe pour qu'il revienne au plus vite. C'est le cas et Maxim entonne "White Page", laissant au public tout loisir pour chanter, hurler le refrain. A peine le temps de se remettre de ses émotions que Maxim nous explique que la dernière chanson ("Familiar Fire"), pour ce soir, s'inspire des coups de foudre que l'on a, lorsque l'on est enfant ou adulte et qui d'un coup s'arrête.... Au moment où l'on se dit "Plus jamais!" et bien... ça nous arrive une nouvelle fois! Et quelle meilleure façon de terminer ce concert, par ces mots doux et forts à la fois : "My feelings shifting their own way, Is it for ever, Is it the truth before our death [...] I'm falling in love again".
Cette soirée est passée à la manière d'un rêve, l'aura magnétique de Maxim et la forte présence des autres membres du groupe en ont fait un moment incroyable, quasi magique. Et il ne faut pas oublier que, malgré ses expériences d'acteur, Maxim, plus qu'un chanteur, est avant tout un excellent musicien, qui sait, depuis ses débuts s'entourer de gens de valeur...
