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Zaza Fournier et Stro à la Maison Folie – Wazemmes l’accordéon

Entrons dans l’antre de Wazemmes, où un géant des Flandres sourit en nous accueillant avec son accordéon. C’est avec un cheveu sur la langue que le programme de la soirée s’annonce : Zaza et Stro sont à l’affiche.

En première partie, le quartet de Stro, venu d’Avelgem en Belgique, nous rappelle que l’accordéon s’adapte parfaitement aux musiques traditionnelles irlandaises (Sharon Shannon, Martin Hayes…) et au bluegrass américain. Et c’est avec son accent flamand que Joaquim au banjo, nous déclare qu’ils sont en réalité un groupe de rock. Ils revisitent alors de manière originale les tubes de Queen et de Johnny Cash, pour enfin reprendre un grand classique de musette qui fait valser les épaules du premier rang : Mon amant de Saint Jean est un joli cadeau offert au public. Calme depuis le début du concert, il se rend compte à la sortie de Stro qu’il vient de passer un très bon moment.

Le directeur de Wazemmes l’accordéon, Claude Vadasz, véritable tonton poule omniprésent sur le festival, vient remercier Stro quartet et annonce l’arrivée de Zaza Fournier. C’est donc avec impatience et un gobelet consigné à la main ( le festival se veut aussi écologique) que nous attendons la jeune chanteuse. Le temps pour les techniciens d’amener 4 installations lumineuses dont les ampoules forment 4 lettres : deux Z et deux A… qu’est ce que cela veut-il bien dire ?...

Zaza Fournier rejoint son tabouret en courant. Elle s’assoit, pose son accordéon sur ses genoux. Personne ne la suit. La voilà seule sur scène, à coté d’une table haute recouverte d’une nappe rouge à pois blancs. « Bonsoir ». Elle pose ses doigts sur les pois blancs de son accordéon et commence par un Baiser d’un soir .

Pour les chansons suivantes, elle fait appel à ses beaux mecs, tous confinés dans un iPod branché à la sono pour jouer les instrumentales de ces chansons. Pas très conventionnelle, tout comme elle, cette solitude sur scène est certainement un reste de son passage sur les trottoirs de Beaubourg où elle fit ses premiers pas. Entre un « Rêve américain » totalement fantasmé et « Guêpe », elle nous raconte sa rencontre avec Mike le Pirate, un SDF qui ne manquait pas de lui laisser une pièce après chacune de ses prestations dans les rues parisiennes. Regard espiègle et sensibilité mise à nu, elle parle de Mon homme . "Certains diront que c’est dramatique et grave. Moi je dis que c’est une vraie déclaration d’amour."

Cette confidence faite, elle prend ses aises sur scène. Debout pour reprendre énergiquement Bobo Léon* avec une moue toute charmante, elle retombe ensuite en enfance et porte à son visage le masque d’Elvis pour chanter Heartbreak Hotel : moment magique et imprévisible qui fut honoré par de longs applaudissements.

Petite pause de Zaza pour nous confier qu’elle a lancé une pétition très importante à ses yeux. Elle veut nous la faire partager parce que c’est une « chanteuse engagée » ! Une feuille circule dans le public pour cette cause oubliée : « remettre au goût du jour les slows pendant les soirées dansantes ». Elle en profite pour faire des photos du public qui se prête au jeu et se serre au maximum comme une grande famille venue à la première scène de la petite nièce EliZAbeth. Alors que la proximité est de mise dans la salle, elle reprend son instrument pour Mon slow . Si « certains sont venus pour conclure, c’est le moment ! Roulez-vous des pelles ! ». On imagine alors les chaises le long des murs et la boule à facettes qui s’éclaire.

Et puis sans prévenir, alors que le public rit encore de la blague du pingouin* que Zaza vient de raconter, elle fait le silence et lance les premières notes de la chanson Les vieux . Cinq minutes reprises à Jacques Brel qui prouvent le talent d’interprétation de la parisienne de 24 ans. Pris au vif, le public entame une ovation que Zaza Fournier n’a su contenir que par une dizaine de « merci », on ne peut plus modeste.

Alors que MademoiZelle Fournier A parcouru son répertoire de A à Z, elle revient par deux fois sur scène pour le rappel de « Baiser d’un soir » et de « Mademoiselle ». Zaza Fournier, grippée hier soir, était visiblement ravie de sa première rencontre avec le public lillois. Un public conquis par ses plaisanteries qui ne voulait pas la laisser partir.

Charmant bout de femme de 24 ans, pleine de fraîcheur et de jolies attentions musicales, son personnage intemporel est une femme moderne sur air de musette. Certains n’ont su résister hier… « Zaza j’en suis gaga »

*de Bobby la pointe
*à raconter dès le lendemain à la machine à café

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