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Zita Swoon Group + Wolves & Moons à l’Aeronef

Depuis qu'il a quitté le groupe Deus, dans lequel il officiait en tant que bassiste et chanteur, c'est un sacré bout de chemin qu'a parcouru le belge Stef Kamil Carlens. Alors que ses anciens collègues se sont enfermés dans la pénible posture du Rockeur romantique, lui n'a jamais cessé de se réinventer, de muter. Au sein de sa propre formation : le Zita Swoon Group (anciennement nommée A Beatband, Moondog Jr ou simplement Zita Swoon).

 Il y a exploré différents univers musicaux : le Rock, le Blues, la Pop, la musique de film, le ballet... Y est passé du chant en anglais à celui en français. Toujours avec originalité, un certain sens de la déglingue et de la bizarrerie.

Des chemins de traverse qui l'auront conduit au Burkina Faso où, à l'instar de Damon Albarn ou encore Paul Simon, il tente le difficile accouplement de la musique occidentale et de la musique africaine. Des musiciens locaux, la chanteuse Awa Démé et le joueur de balafon Mamadou Dabatié Kibié, intègrent alors le Zita Swoon Group. En ce dimanche de février, c'est donc, encore une fois, un nouveau visage qu'offre à voir Stef Kamil au public lillois.

Précédant cette exploration du continent africain, c'est à un autre type de voyage que nous invitent les Wolves And Moons. Un voyage temporel. Vers les glorieuses seventies. Et leur Folk pastoral joué par des hippies à la barbe fleurie. Les influences sont évidentes : Crosby, Still And Nash, Neil Young, Bob Dylan... Le sens de la mélodie certain. La voix du leader, Richard Allen, très agréable. Mais l'ensemble souffre d'un manque flagrant de personnalité. Et d'un guitariste (déjà pas avantagé par un peu seyant pull de chauffagiste) au jeu trop limité. Pas de quoi crier à la lune.

L'heure des griots a sonné. Stef Kamil et sa bande montent sur scène. Le set démarre par deux instrumentaux. Le balafon est mis en avant. Les sonorités World et africaines emplissent la salle. A grand renfort de percussions. Une musique nomade. Aux valises chargées de Blues, de Folk voire même d'effluves Reggae. Avec les discrètes lignes de mélodica jouées par la pulpeuse Kapinga Gysel, fidèle compagnonne de route de Stef Kamil. Que l'on a d'abord connue comme simple choriste. Et que l'on retrouve désormais en multi-instrumentiste : percussions, claviers, harmonium...

Awa Démé fait son apparition. En robe traditionnelle. Sa voix grave et chaude et celle de Stef Kamil se font écho sur de nombreux morceaux. Comme un dialogue instauré entre le Nord et le Sud. Une tour de Babel musicale s'érige. Où se font entendre les langues locales du Burkina, l'anglais, le français... Le sens des chansons est à chaque fois expliqué : la recherche de travail et d'une vie meilleure pour 'A Ni Baara', la guerre et la déforestation pour 'Tasuma/Ji', le plaisir qu'offrent les voyages pour 'Taamala Fisa'...L'ambiance est festive. Stef, dans son large pantalon rouge et son perfecto, ne cesse de sautiller. Awa gratifie de multiples fois le public lillois de pas de danse exaltés.

Pourtant, on a du mal à se laisser embarquer. On reste à quai. Pas très convaincu par le voyage proposé. L'approche de la musique africaine effectuée par l'artiste belge est beaucoup trop scolaire, appliquée. Et les tentatives de métissage beaucoup trop bancales, foutraques. On ne se retrouve pas face à une musique métissée. Mais bâtarde. L'ensemble manque de cohérence et de limpidité. Reste trop hésitant. Ressemble trop à du bricolage et, en dépit de bonnes volontés, ne propose pas de réelle hybridation. Le tour de force réalisé par Damon Albarn lors de sa rencontre avec des musiciens maliens n'a pas lieu ici.

Fruit du hasard (à la faveur d'une bourse offerte à Anvers) plus que d'une réelle motivation de départ, on sent que ce projet artistique n'est pas encore abouti. Que la compréhension mutuelle entre les deux univers musicaux n'est pas totale. Et empêche donc toute fusion. Il manque l'étincelle. La transe de la musique Africaine. La poésie habituelle de Stef Kamil.

Mais nul doute que quand ces deux là auront fini de se jauger comme deux bêtes dans la savane, la magie opérera pour de bon. 
 

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