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Balenciaga à la Cité de la dentelle de Calais

Il faut être magicien pour donner l'impression d'habiller en jouant des transparences. Il faut être magicien pour tailler des robes de princesses. Magicien de la dentelle, Balenciaga l'était sûrement comme le proclame la nouvelle exposition de la Cité de la dentelle et de la mode de Calais.

Du couturier basque, né en 1895 à Getaria, on connaît la griffe. La maison Balenciaga a en France réouvert après le départ du maître en 1968 : pour transmettre le nom. En Espagne, l'autre maison Eisa Costura n'a pas repris ses activités, mais un musée dédié au créateur à ouvert dans sa ville natale : pour transmettre la mémoire. Les expositions consacrées à Balenciaga se sont multipliées ces dernières années alors que l'engouement des musées pour la mode a été grandissant. A Calais, ce n'est pas le choix de la biographie qui l'a emporté. Influence de l'industrie dentellière, on a plutôt chercher à déplacer le regard vers la matière, le jeu des détails.

Tulles et taffetas, broderies et dentelles, laines, lin ou soie on se perd dans cette déclinaison des tissus que l'on rêverait de toucher. Le luxe reste en vitrine mais l'on pourrait se perdre des heures devant une robe du soir dont les broderies reproduisent un bal. Mise en abyme. Une fenêtre vers un autre pays, d'élégances passés, d'inspirations espagnoles. On s'habillait comme on obéissait à un rituel, selon les heures, selon les occasions. Le parcours de visite restitue bien ces étapes, comme si l'on assistait aux vingt-quatre robes (le compte n'y est pas) de la vie d'une femme. C'était l'après-guerre, les années 1950 pourtant on ne peut s'empêcher de penser que c'était une autre époque tout de même, un autre siècle, où les dames ne pouvaient sortir sans être gantées, sans être coiffées ou voilées...

C'est que l'on perçoit autrement le mystère d'un voile ou d'une robe longue quand la dentelle ajoure le tissu et permet de voir ou du moins de deviner. L'usage de la dentelle s'inscrit dans une longue tradition, une histoire de la mode et des arts. De la dentelle comme on en trouve aussi bien dans les tableaux de Goya que dans les peintures de Bernard Buffet, dont justement une est ici présentée : celle de sa femme Annabel Buffet dans une robe de dentelle noire. Noire comme la ligne que l'on imagine associée à Balenciaga alors même, et les modèles sont là pour le prouver, qu'il était aussi attaché aux couleurs.

En fin d'exposition, une robe suggère l'aile d'un papillon, une vitrine détaille l'ingéniosité des robes à transformation. Un jupon devient ceinture, une jupe un manteau : à croire qu'il suffit de changer de vêtement pour changer de vie. Devant ce pouvoir de métamorphose, on reste ébahi : une usine qui devient musée, ces dentelles qui sortent des machines pour devenir entre les mains de créateurs des éléments d'une garde-robe. Balenciaga, magicien véritablement de la dentelle.

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