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Le Cri au Gymnase – Next Festival 2016

Dans le cadre du festival Next, le Gymnase CDC (Centre de Développement Chorégraphique) de Roubaix présentait ce samedi le spectacle Le Cri. A la fois danseuse et chorégraphe de la pièce, Nacera Belaza nous livre une danse intimiste et très touchante. La pièce est créée en 2008 et reçoit le prix de la révélation chorégraphique de l'année du Syndicat de la critique.

Elles sont deux sur la scène. Nacera et Dalila Belaza se ressemblent, elles ont le même costume et font exactement le même geste pendant près de cinquante minutes, celui de balancer le buste et les bras de gauche à droite. Certains spectateurs semblent ennuyés, agacés par le geste itératif, mais l’effet de répétition d’un mouvement aussi simple que celui-ci, laisse place à une grande émotion. D’abord le mouvement est à peine perceptible, puis il envahit la scène. Il évoque ce qu’il y a de plus vital : les éléments de la nature. Les deux danseuses restent ancrées. Elles ne se déplacent juste pour faire ce même mouvement à quelques centimètres du public. Celui-ci peut apercevoir les yeux fermés ou le regard vide des danseuses, qui semblent sans doute nous livrer ce qu’il y'a de plus intime en elle : le cri. Il s’agit d’un cri par le geste qui n’est pas une exultation mais la nécessité de s’exprimer, de s’affranchir des obstacles de la vie. La chorégraphe dit d'ailleurs : "Le Cri, c'est lorsque l'ancrage ne cède pas. C'est une idée simple, vitale et sans fin...". Nous avons affaire à un spectacle poignant et d’une grande élégance. La bande-son est originale. Elle démarre d’abord par une phrase en arabe, répétée de plus en plus fort et déclamée par un homme. Puis, la voix puissante de Maria Callas est associée avec celle d'Amy Winehouse. Le seul reproche est la vidéo projetée des danseuses à la fin de la représentation. Elles font à l’écran toujours le même geste mais de plus en plus accéléré. La vidéo reste une barrière à l’authenticité et à la vérité du sentiment exprimé, nous perdons toute l’émotion qui nous a tenus tout au long du spectacle.

A la fin de la pièce la plupart des spectateurs ont un avis mitigé. Peu ont l’air d’être rentrés dans l’univers de la chorégraphe. Certes le travail technique du geste est peu présent, voire inexistant. Mais nous admirons ce que la pièce dégage : de la pure émotion. La musique transporte, le propos émeut, le geste ramène à ce qu’il y a de plus essentiel. Cette pièce invite chacun à vivre sa liberté.

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