Avec “Crowd”, le Next Festival clôture une 10ème édition fidèle à ses valeurs : une programmation riche en diversité, à la croisée des genres et des cultures.
Le festival eurorégional est le fruit d’une coopération culturelle forte entre structures culturelles flamandes, wallonnes et françaises. Le Next 2017, c’est 36 spectacles en 17 jours. Du théâtre, de la danse, des performances, mais aussi des moyens pour faciliter la circulation et la rencontre des publics. L’équipe propose des navettes, dîners chez les locaux ou des after parties pour favoriser les échanges et le rapprochement des spectateurs autour d’expériences fortes. En guise de clôture du festival, “Crowd” est à l’image de la ligne directrice du Next : un spectacle puissant, immersif et surtout unique en son genre. En effet, la dernière oeuvre de Gisèle Vienne met en scène 15 jeunes danseurs, protagonistes d’une rave partie hypnotique.
Avant même que le spectacle commence, l’aménagement de la scène donne la couleur. Le sol est rempli de terre et jonché de canettes vides. Les lumières s’éteignent et la pression monte au rythme de la bande son, un retour aux sources de la techno de Détroit. Sur “The illuminator” de Underground Resistance, les danseurs font progressivement leur apparition.
Les gestes sont ralentis et maîtrisés de manière remarquable. Chaque mouvement est précis, calculé et fait sens dans l’ensemble de la chorégraphie. Avec “Crowd”, Gisèle Vienne nous propose des variations autour du rythme, alternant gestes ralentis et saccadés. Dans cette freeparty, pas besoin de taz pour halluciner, la technique le fait d’elle même. La fête se déroule en slow-motion comme si un film se déroulait devant nos yeux. 1h30 d’immersion dans une rave intemporelle, où l’esthétique 90’s prime autant par la musique que les vêtements des personnages.
© Estelle Hanania
La chorégraphe franco-autrichienne offre une vision d’ensemble d’un groupe évoluant au fil des BPM. Les 15 danseurs développent des rapports personnels à la fête, dans la masse ou à la marge. Les liens entre eux se créent et se défont aussitôt, sous fond d’euphorie, désir, violence ou perdition. La pièce nous invite à réfléchir sur la place de l'individualité dans un groupe et sur des pulsions enfouies, subtilement révélées au grand jour.
"Crowd" produit des atmosphères puissantes, entre onirisme et pesanteur. Sur la longueur, l'ambiance tend à s’essouffler et on peut même finir par décrocher. Mais si le spectacle peut lasser sur la fin, il constitue tout de même une expérience forte, étrange et incomparable. Pas facile de décrire avec des mots l'oeuvre de Gisèle Vienne. “Crowd” joue avec notre perception pour présenter une fête chaotique que chacun peut interpréter à sa manière.
