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« Danser Brut » et « Rodin et les Mouvements de Danse » au LaM

Le Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq (le LaM) propose l’exposition « Danser Brut » et « Rodin et les Mouvements de Danse » du 28 septembre 2018 au 6 janvier 2019.

« DANSER BRUT »

L’exposition retrace l’intérêt du mouvement à partir de la fin du XIXè siècle à travers le prisme d’autres pratiques esthétiques comme les arts plastiques et le dessin, de formes artistiques encore toutes nouvelles pour l’époque telles que le cinéma, la photographie et le phonographe. Le geste est aussi abordé au moyen de pratiques médicales encore récentes avec l’étude du geste de patients atteints d’hystérie, de névrose ou d’épilepsie. Cet intérêt va de pair avec l’éclatement des formes figées et codifiées de la danse classique. Dès le début du XX è siècle, émerge une danse plus libre, plus expressive et plus intuitive. Sans dérouler une histoire de la danse, l’exposition « danser brut » interroge l’aspect primitif, enfantin, délirant et burlesque de ces nouvelles manières de danser par le biais de mouvements répétés, conscients/inconscients, quotidiens et organiques.

C’est d’abord autour de l’importance de la ronde dans la tradition populaire comme les danses macabres, la tarentelle (danse populaire du sud de l’Italie) puis avec l’arrivée des manèges mécaniques au XIXè siècle que la question est posée. Les œuvres relèvent plutôt de l’art naïf, elles tendent à montrer un univers à la fois enfantin et monstrueux. La ronde évoque également la folie avec l’entêtement et la transe qu’elle provoque. On retrouve par exemple les manèges de Jean Grard, les sculptures de Louise Tournay, un extrait du film de Georg Wilhelm Pabst Paracelsus (1943).

En opposition à la codification de la danse classique, Mary Wigman danseuse allemande expressionniste, crée en 1914, le premier solo écrit et interprété par une femme Hexentanz (« la danse de la sorcière »). La danseuse semble animée par une force supérieure, les gestes sont saccadés et la danse primitive.

Dans le domaine médical, le docteur Charcot et le photographe Londe s’intéressent à la décomposition du mouvement chez des patients atteint d’hystérie. le mouvement est incontrôlable et oscille entre convulsions et tensions. on peut se demander en tant que spectateur à partir de quand il y a de la danse ? Est-elle déjà présente dans les mouvements incontrôlés du fou ? Rae Beth Gordon dans son ouvrage De Charcot à Charlot (2001) établit une analogie entre les mouvements des patients et ceux des artistes burlesques, Charlie Chaplin en est un exemple phare.Les suites de mouvements peuvent être retranscrits par dessins, par écrits, par notes, par photographies ou encore par films. En 1917, le grand danseur Vaslav Nijinski sombre peu à peu dans la folie. Il ne danse plus mais dessine. La main danse sur le papier et exécute spirales, courbes et abstractions. La main devient la seule partie du corps en mouvement.

L’exposition montre le travail d’un grand nombre d’artistes dont seulement quelques noms ont été cités. Entre les différentes investigations artistiques ou médicales sur le mouvement, on peut trouver un côté effrayant et angoissant aux œuvres. Toutefois, il ne s’agit pas de montrer « le beau » mais de mettre en exergue une danse primitive et intuitive. A la fin de l’exposition, il ne faut surtout pas rater l’installation d’Anthony McCall.

« RODIN ET LES MOUVEMENTS DE DANSE »

Dans la continuité de l’exposition précédente, le LaM propose trois petites pièces où sont présentés les dessins et les sculptures de Rodin à une période de sa vie où il porte une grande attention aux mouvements de danse. Au début du XXè siècle, le cabaret et les expositions coloniales participent à l’éclatement des formes figées de la danse classique. Tout commence en 1906, Rodin voit pour la première fois les danseuses royales du protectorat du Cambodge lors de l’exposition coloniale de Marseille. Il se passionne pour l’art asiatique et l’art khmer et trouve des analogies entre les danses bouddhiques et hindoues avec l’antiquité gréco-romaine. Il écrit alors des poèmes et sculpte dans le bois ou la pierre des dieux hindous. Il fait mouler en plâtre le bras d’une danseuse et réalise de nombreux dessins.

Dans la salle suivante, on peut voir une série de mouvements de danse. Il s’agit de petites sculptures en terre cuite ou en plâtre réalisées entre 1903 et 1912 par l’artiste. A y voir de plus près, il semblerait que les figures soient davantage acrobatiques que dansées. Le modèle principal est d’ailleurs une acrobate et danseuse de music-hall: Alda Moreno. Les corps sont en tension, en extension et en effort. Rodin utilise la technique du moulage et de l’assemblage pour exécuter ces œuvres.

Le sculpteur est séduit par la nouvelle gestuelle qu’impose l’émergence de la danse contemporaine. Il demande à ses amis le danseur russe Vaslav Nijinski et la danseuse américaine Isadora Duncan tous deux initiateurs d’une manière de danser inédite, de poser pour lui . Rodin sera l’un des seuls à défendre le ballet L’Après-midi d’un faune (1912) de Nijinski dont il s’inspirera des postures pour sculpter Nijinski. Rodin qui prône un retour à la nature ne peut pas demander meilleur modèle qu’Isadora Duncan car elle s’éloigne des carcans de la danse classique avec une danse plus libre, à pieds nus et tissus fluides portés à la grecque.

Cette exposition est une grande et belle surprise. Elles amènent un regard nouveau sur la danse et la manière dont on l’aborde grâce à une pluralité d’artistes, de formes et de supports. On remarque que cet œil nouveau sur la danse au début du XXè siècle est lié à l’émergence de nouvelles manières de danser qui s’écartent de formes plus académiques telles que la danse classique.

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