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Dark was the Night au théâtre de l’Idéal

Après avoir accueilli Les Naufragés la saison dernière, le Théâtre du Nord a réinvité du 12 au 15 octobre 2022, le metteur en scène Emmanuel Meirieu avec son nouveau spectacle Dark was the Night au Théâtre de L’Idéal à Tourcoing. LillelaNuit en est sorti littéralement bouche bée !

DARK WAS THE NIGHT, l'histoire

En 1977, un vaisseau spatial dénommé Voyager est envoyé dans la galaxie pour rejoindre l’espace interstellaire. Il détient un disque d’or qui comporte cent dix-huit photographies, des salutations en cinquante-cinq langues (le Français est incarné par Philippe enfant, l’un des protagonistes de la pièce) et vingt-sept chansons dont celle de Blind Willie Johnson, Dark was the Night, Cold Was the Ground (Sombre était la nuit, froide était la terre). Le but de l’opération, laisser, à travers ce disque solide d'un milliard d’année, une trace de notre humanité. Le décor, époustouflant, construit par les ateliers du théâtre du Nord, représente à l’identique l’endroit où a été jeté le corps du chanteur de blues mort d'une pneumonie en 1945, à l'âge d'à peine 48 ans, l’hôpital  refusant de le soigner parce qu’il est noir, aveugle et pauvre. Il s’agit d’une colline jonchée de déchets, proche d’une autoroute, qui recèle sous sa terre des corps d’afro-américains descendants d’esclaves. Les cinq protagonistes racontent leur histoire en lien avec le vaisseau Voyager ou avec le chanteur de blues. Parmi eux, un père noir américain redonne une dignité à ces défunts anonymes en cherchant leur nom. Son fils, fan de Blind Willie Johnson, cherche désespérément l’endroit où repose le corps de son idole. Philippe dont les parents ont contribué à la fabrication du disque d’or est devenu apiculteur après des années d’errance dans l’alcool. Il est, en quelque sorte, tout comme Blind Willie Johnson, l'ambassadeur de notre humanité au delà de nos frontières terrestres.

UN SPECTACLE MAGNIFIQUE

Entre les étoiles et la boue, le spectacle montre avec brio ce qu’il y a de plus sublime dans l’humain mais aussi ce qu’il y a de plus abject. La pièce souligne, avec sensibilité et complexité, la déliquescence de notre civilisation tout en mettant paradoxalement en évidence ce par quoi l’humain souhaite se caractériser : l’art, la science, l’intelligence, l’organicité, la sensitivité. Les acteurs sont puissamment justes et Emmanuel Meirieu a mis en scène une pépite. Un spectacle puissant dont il est très difficile de ne pas être touché.

LE TEASER DU SPECTACLE

Photo : © Pascal Gely

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