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Expérience Raphaël : l’art de l’invisible au Palais des Beaux-Arts de Lille

Après l'Expérience Goya en 2021-2022, le Palais des Beaux-Arts de Lille revient avec une nouvelle exposition interactive sur le célèbre peintre et architecte italien : l'Expérience Raphaël. A travers son parcours de vie, les visiteurs sont invités à découvrir ses techniques, ses influences et sa personnalité du vendredi 18 octobre 2024 au lundi 17 février 2025.

experience raphaël : au cœur de la collection du palais des beaux-arts

Suite à la succession de Juliette Singer il y a 6 mois en tant que directrice du Palais des Beaux-Arts de Lille, un nouvel élan est lancé avec une volonté de magnifier et de valoriser les chefs d'œuvres. Raphaël, génie de la Renaissance, ayant côtoyé Léonard de Vinci ou encore Michel-Ange, est reconnu pour son harmonie et pour ses traits angéliques. L'artiste est mort jeune, à 37 ans lors d'un vendredi Saint, mais a néanmoins laissé une grande collection derrière lui avec une estimation de 450 dessins originaux répertoriés. Juliette Singer parle alors d'une "Raphaël Mania", surtout présente au XIXème siècle. Au XXème siècle la tendance est plutôt portée sur Léonard de Vinci et Michel-Ange, laissant en coulisse les travaux de Raphaël.

L'exposition dévoile des dessins inédits de Raphaël avec 4 versos jusqu'alors cachés. Montrer le travail d'un artiste permet de saisir, ses habitudes, ses techniques et plus largement son art. Au travers de 43 œuvres dont 37 dessins originaux de Raphaël, le Palais des Beaux-Arts de Lille possède une des plus larges collections de dessin de l'artiste en France.

Les œuvres viennent d'un legs effectué par le chevalier Jean-Baptiste Wicar, un peintre néo-classique et collectionneur d'art français né à Lille en 1762. À sa mort en 1834 à Rome, il ne donne pas moins de 1300 dessins florentins à Lille.

L'art du tracé incolore

Le dessin contribue à la réalisation de peintures de grandes envergures.

Juliette Singer

Régis Cotentin, responsable en arts Contemporain et commissaire scientifique au Palais des Beaux-Arts de Lille fait un focus sur la collaboration scientifique avec le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France (C2RMF). Le C2RMF à analysé 5 rectos versos avec des "traces invisible", mais qui en réalité sont des tracés incolores, ce que l'on peut constater seulement avec une vision augmentée.

Ces tracés incolores, montrent la technique méticuleuse de Raphaël. Ce sont des repères de constructions, la structure d'une composition, des traits pouvant placé les bouches et yeux des sujets...Au travers des 37 dessins authentifiés, on comprend que l'artiste utilisait déjà une technique actuelle et qu'il ne travaillait pas à l'aveugle mais utilisait de la mie de pain pour effacer ses premiers tracés.

Raphaël : l'évolution de l'artiste

Cordélia Hattori, commissaire scientifique et chargée du cabinet des dessins nous parle de la vie de l'artiste en suivant le parcours de l'exposition basé sur les villes où Raphaël a grandi.

D'Urbino à Pérouse (1483-1504)
Né en 1483 à Urbino, il côtoie dès son plus jeune âge l'atelier d'artiste de son père. Raphaël perd ses parents à un jeune âge. Une dizaine d'année plus tard il se rend à Pérouse dans l'atelier de Pérugin (Pietro Vannucci). Il ne tarde pas à trouver sa place, reçoit de prestigieuses commandes et se montre très vite rigoureux dans sa composition. Pour son œuvre Le couronnement de la Vierge ( dite Pala degli Oddi) datant de 1502-1503, Raphaël a réalisé 4 dessins préparatoires, rectos/versos. Lors de cette exposition aucun verso n'est caché, tout est visible et des images de ses œuvres finales sont présentes pour pouvoir comparer à ses dessins faits en amont.

La Vierge et l'enfant tenant un livre (dites Vierge Norton Simon) - Raphaël - 1502-1503

Florence (1504-1508)
Lorsqu'il arrive à Florence en 1504, lieu d'œuvres d'art, de créations et berceaux de la Renaissance en Italie, Raphaël s'inspire des deux grands artistes de l'époque à Florence : Michel-Ange et Léonard de Vinci. David, de Michel-Ange et Léda de Léonard de Vinci sont de véritables leviers pour l'art de Raphaël. Il est notamment reconnu pour sa rigueur et sa précision dans ses traits qui se calquent sur ceux de ses inspirations.

Tout a été dessiné avant d'être peint.

Régis Cotentin

La nécessité du dessin pour atteindre les résultats de Raphaël nous semble évidente, au travers de différentes techniques comme l'utilisation de pointes de plombs ou encore la technique du piqué, méthodes toutes deux maîtrisées avec excellence par l'artiste.
Avant son départ à Rome, Raphaël réalise des dessins sur les Madone dont trois sont exposés, Terra Nova, la Madone d'Albe et la Vierge à l'Enfant. Cordélia Hattori, nous parle alors du talent de Raphaël pour la reproduction à l'identique : "On a l'impression effectivement en transparence que les deux dessins se répondent, même si effectivement ils se présentent en miroir". Un travail a alors été effectué du côté de Regis Cotentin pour découvrir que les dessins comme celui de la Madone d'Albe et sa version finale sont semblables comme si Raphaël avait fait un décalque d'un dessin à l'autre avec strictement aucune déformation. Ce souci d'équilibre, de parfaite harmonie et la technique de son œil lui font parvenir à une parfaite homothétie sans report d'usage, l'artiste était doté d'une mémoire visuelle parfaite. Ce qui est important dans ces dessins ce sont également les traces d'hésitations et de recherches que l'on peut y découvrir.

Rome (1508-1520)
Lors de sa venue à Rome sous la demande du pape Jules II, Raphaël a pour mission de réaliser le décor des appartements que le pontife souhaite occuper. Pendant 3 ans, l'artiste réalise donc des peintures sur les murs et plafonds de quelques pièces du Vatican. La Chambre de la Signature, se voit alors recouverte de 4 fresques, une par mur, avec comme but de mettre en avant les qualités de l'esprit humain à travers le Vrai, le Beau et le Bien. Cette chambre de la Signature est reproduite à l'identique au Palais des Beaux-Arts avec une taille deux fois moins grandes, l'animation présente dévoile le placement de ses dessins et leur place dans les fresques. On peut alors retrouver La Dispute du Saint Sacrément qui incarne le Vrai surnaturel, L'école d'Athènes pour le Vrai rationnel, La Parnasse symbolise le Beau et Les Vertus cardinales et théologales et les Lois symbolisent le Bien.

Raphaël meurt en 1520 à Rome, une moulure de son crâne datant d'avant 1833 est présent dans la dernière salle, montrant alors la fin de sa vie et la fin de l'exposition.

Un génie n'a pas un seul crâne il en a plusieurs.

Régis Cotentin

Autour de l'expérience Raphaël

Comme le nom de l'exposition en témoigne, l'expérience Raphaël ne s'arrête pas à une exposition mais propose également des expériences interactives autour de Raphaël pour permettre au visiteur de plonger davantage dans son univers.

Raphaël Augmenté
Dans l'Atrium, vous trouverez un film projeté à 360° qui retrace la vie de l'artiste sur une bande son originale de Jean-Benoit Dunckel (co-fondateur du groupe AIR). Dans une succession d'œuvres animées, cette projection permet au visiteur de voir plus clairement le passage d'un dessin préparatoire à la peinture finale, avec des zooms et des jeux de miroirs.

L'expérience Raphaël : un voyage sonore
En parallèle à l'exposition, un parcours audio vous est proposé sur le site de visio-guide du Palais des Beaux-Arts. Avec des musiques qui transportent dans l'Italie de la Renaissance . 11 commentaires d'œuvres et 4 ballades sonores sont à écouter.

Atelier Raphaël
Un atelier est également proposé au cœur de l'Atrium avec un espace de pratique qui invite les visiteurs à croquer, esquisser et dessiner à la manière de Raphaël. Cette activité est gratuite et peut se faire en autonomie.

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