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Fous dans la Forêt au Théâtre de l’Idéal

Imaginée par Cécile Garcia Fogel, produite par le Théâtre du Nord, la pièce « Fous dans la forêt » est un savoureux mélange de chants et de sonnets extraits de « La Nuit des Rois » et de « Comme il vous plaira » de Shakespeare. Une adaptation théâtrale et musicale peu commune que, ce mercredi 25 mai, les spectateurs se hâtaient de découvrir.

Avant que la salle ne soit plongée dans la pénombre, le public pouvait, d’ores et déjà, laisser traîner ses mirettes aux abords de la scène. Ici, Caroline Mexme, scénographe et costumière signe un décor épuré, très minimaliste. Des tentures faites de tissu et de plastique jonchent le sol. On aperçoit, ci et là, la présence de quelques objets usuels tels qu’un service à thé, un plaid, un parapluie suspendu à un fil, un réchaud… Un style élisabéthain travaillé en hommage à l’illustre dramaturge. Très rapidement, ce petit cocon de fortune accueille Pierrick Hardy. Sous un halo de lumière, il prend place dans le silence, saisissant une guitare et un archet. Puis, les projecteurs se tournent vers un second protagoniste, un fou, Thierry Peala. Appareil photo en main, l’objet de son inspiration n’est autre qu’Olivia, jolie brunette, qui foule le sol en se déhanchant. Cette jeune femme, charismatique ne serait-ce que par sa voix rauque, s’aventure dans la forêt pour rejoindre ses compagnons d’exil.

Dans cette forêt imaginaire, ce trio loufoque ouvre une brèche intemporelle, en prenant soin de s’écarter du faste et du clinquant de la société. « C’est pourtant avec l’heure qu’on comprend le monde. On mûrit, on pourrit » soupire Olivia. Avec la divagation et la mélancolie pour fil d’Ariane, ces personnages fantasques vont se questionner sur le sens de la vie et de l’amour. Olivia, interprétée par Cécile Gracia Fogel et Le Fou évoluent via une palette de sentiments antagonistes. Entre complicité, incompréhension et agacement, ils accordent leurs violons en chantant. Olivia qualifie le fou comme "un personnage qui n’a pas plus d’esprit qu’une pierre.[...] Rassis comme un biscuit qui aurait fait un long voyage au fond d’un sac." Plus tard, Le Fou lui rétorquera qu’ "il est aussi aisé de compter les atomes que de répondre aux questions d'une femme amoureuse". Ces invectives illuminent le visage des spectateurs de larges sourires.

Impassible et marmonnant un langage inaudible, Pierrick Hardy, change de place et préfère la clarinette à la sèche. Dos au public, il va accompagner, nos deux amis, à l’heure du thé. Puis dans le reste de leurs débats tantôt posés, tantôt houleux. Toute la pièce est ainsi rythmée, entre calme et énergie.

Les dialogues oscillent entre le français et l’anglais, entraînant une réelle musicalité. Cependant, tout en saisissant l’histoire et la philosophie qui s’en dégage, la langue de Shakespeare peut s’avérer être un obstacle pour ceux qui ne la maîtrise pas ou peu. Idem pour l’œuvre du célèbre écrivain.

Côté scénographie, les fameuses toiles tapissant le sol démontrent leurs fonctionnalités au fil de la représentation. Tour à tour, Olivia hisse ces tissus, rendant le décor modulable à souhait. Quant aux costumes, la sobriété est de mise. Pantalons noirs, chapeaux melons et parapluies. Une panoplie très british, en somme.

Une pause poétique de laquelle on sort rêveur. A découvrir jusqu’au 29 mai au Théâtre de l’Idéal à Tourcoing.

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