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François Réau à Lasécu

Dandelion, Philodendron et papillons sont épinglés entre autres fleurs sur les murs. Entre paysages et natures mortes, François Réau peintre et dessinateur expose à Lasécu un curieux jardin.

On pense au cabinet de curiosité en tombant dès l'entrée sur des crânes. Figures de la vanité par excellence, les hommes, les animaux n'échappent pas à la fuite du temps. Entrer dans cette exposition c'est justement s'exclure du temps pour pouvoir observer son passage. Par un étrange effet de loupe, sur les dessins la tâche se confond avec le trait et tout deux font traces. On peut s'interroger longtemps sur les procédés mixtes qu'emploie l'artiste, sur la manière dont les choses bougent alors que tout semble immobile sur la toile. C'est un curieux paradoxe, les choses mortes nous disent quelque chose du vivant, de sa fragilité.

Les végétaux n'échappent pas au cycle de la vie et même les paysages sont amenés à être bousculés. Dans un subtil glissement entre l'abstrait du mouvement de crayon, ou de la coulure de peinture et la figuration d'une plante François Réau nous suggère un processus à l'oeuvre. Le vent pourrait encore souffler dans les hautes herbes. Ce qu'on pourrait appeler un instantanée, l'image fixe d'une nature en mouvement. Dans ce format du portrait, il représente autant des figures vaguement humaines que des paysages de forêts ou de plaines ; pour lui la nature est intéressante en ce qu'elle révèle de l'homme. Il s'agit pour l'artiste de toucher à l'écorce des choses et on croit d'ailleurs reconnaître l'empreinte du boulot dans le mouvement du crayon.

L'artiste affectionne la mine de plomb dans son travail pour les éclats métalliques ainsi laissés sur le papier. Il est persuadé comme Soulages a pu le dire ailleurs que de l'obscurité peut jaillir la lumière. C'est tout le propos d'ailleurs de l'installation qu'il propose dans la galerie où de grands lais de papiers rayés de noir renvoient la lumière autant qu'ils nous ramènent à la nuit primitive. Il faut imaginer la caverne nous confie François Réau, celle de Platon, celles des idées bien sûr, mais aussi cette caverne dans laquelle des hommes de la Préhistoire venaient peindre dans l'obscurité, sans pouvoir voir leur travail, sans recul. On est saisi par les effets de matière qui obsèdent l’œil, cette puissance du charbon qui nous ramène là encore au paysage ; celui de végétaux fossilisés depuis des millénaires.

L'accrochage de cette oeuvre au noir fait ainsi grande impression et on retrouve dans ces gris la lumière du Nord si particulière.

François Réau à la galerie Lasécu
Exposition du 9 mai au 4 juillet 2015
Ouverture les vendredis et samedis de 14h à 19h & sur rdv en semaine
Entrée libre

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