Le 8 octobre dernier, sous une pluie battante, le théâtre Le Grand Bleu accueillait la pièce “Fusée”. Troisième volet de la trilogie “ Pré-Blé-Fusée”, la pièce produite par la Clinic Orgasm Society invite le spectateur à un périple atypique relevant plus de “Rencontres du troisième type” que du “Tour du monde en 80 jours “ ! Avec une équipe composée d’artistes hauts en couleurs, on embarque à bord d’une fusée, destination la planète Gliese 581 g. Leur mission : représenter l’Humanité via un programme d’échange interculturel et artistique auprès des autochtones, les Glöörghs.
A peine le seuil de la salle franchi, une grande toile suspendue au centre de la scène invite le public à prendre place. Un profil Facebook y est projeté. Il s’agit de celui de Ludovic Barth, l’instigateur de l’expérience, resté sur Terre. Vêtus de combinaisons kitsch rouges, les artistes explorateurs ne quitteront que très rarement leur poste de travail. Les fesses vissées sur une chaise et le regard happé par leur écran d’ordinateur, l’auditoire suivra leurs aventures via leurs propos retranscrits en direct. Parfois pertinents et empiriques, d’autres fois anecdotiques, ils demeurent très souvent accompagnés de photos prises sur le vif. Entrecoupées de scènes filmées qui recueillent les états d’âmes de ces drôles d’astronautes avant leur depart, ce carnet de route interpelle. Il laisse le spectateur conquis ou coi, mais en aucun cas ne l’indiffere. Et d’autant plus quand l’escapade dégénère un soir de representation où des frequences stridentes perdurent suivies de phénomènes étranges tels que la disparition des Glöörghs réduits à l’état d’une bouillie verte et gluante. Ludovic ne répond plus aux appels de détresse de ses collaborateurs, certains membres de l’équipage disparaissent mystérieusement, les medicaments prescrits pour se prémunir du” mal de planète” engendrent d’inquiétants effets secondaires… Gliese se révèle être un univers hostile où l’expérience artistique tourne au cauchemard !
Avec "Fusée", la compagnie belge de la Clinic Orgasm Society nous sert une mise en scène originale où les échanges entre les protagonistes sont davantage écrits qu'oralisés, un mode de communication plutôt rare sur les planches ! Comme si nous avions le scénario sous les yeux durant 1h10. N'en déplaise à ceux qui souffrent de myopie assis au dernier rang !
