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The Gershiwns’Porgy and Bess au Colisée de Roubaix

Porgy & Bess. L'opéra "jazz " en trois actes de George Gershwin pose ce soir ses valises au Colisée de Roubaix. Tiré d'un livre ("Porgy") de DuBose Heyward, l'opéra est écrit entre 1934 et 1935, en collaboration avec l'écrivain. Gershwin, connu pour sa Rhapsody in Blue ou Un Américain à Paris a mûri ce projet pendant des années et après avoir écrit la musique, alors que DuBose Heyward se chargeait du libretto (le texte), s'est investit dans le casting et la production de l'opéra qui verra le jour en octobre 1935 à Broadway.

La salle se remplit peu à peu alors que l'orchestre finit d'accorder ses instruments. Et l'on patiente en observant les écrans placés de chaque coté de la scène, comme à l'opéra. Des sous titres seront en effet visibles pendant tout le spectacle. Des petits livrets distribués à l'entrée nous en apprennent plus sur l'histoire. Porgy & Bess raconte la vie d'un petit groupe de pécheurs à Catfish Row dans la banlieue de Charleston. Porgy, mendiant estropié et jovial tombe amoureux de Bess, jeune femme peu recommandable et junkie, dont le mari escroc et bagarreur va causer la mort d'un des habitants. S'ensuit une histoire d'amour pleine de rebondissements, de joie et de tragédies dignes de Shakespeare.

Le premier acte s'ouvre sur "Summertime", une berceuse entonnée par Clara, jeune maman, et femme de Jake, le chef des pécheurs. Cet air, le plus connu, arrache des frissons au spectateur dès les premières mesures. L'arrivée de Porgy et sa rencontre avec Bess donne le ton des scènes à venir : passion, drames et sensualité. Un meurtre vient sceller le destin de Bess qui, abandonnée de tous après que son mari, Crown, a tué un pécheur, n’a d’autre choix que d’aller vivre avec Porgy. Finalement acceptée par ses compatriotes, Bess retrouve son mari qu'elle croyait mort lors d'un pique nique. Il l'entraine dans la forêt et la séquestre pendant deux jours. C'est la fin de la première partie, ponctuée de titres connus comme "I Got Plenty O'Nuttin" ou "It Ain't Necessarily So".

La seconde, beaucoup plus sombre, s'ouvre sur une veille de départ en mer alors que Bess, malade est en plein délire. Une fois remise, elle chante avec passion son amour à Porgy ("I Want to Stay Here") qui promet de la protéger contre Crown. Clara, pour sa part, est inquiète, et a le pressentiment que Jake ne reviendra pas de sa pêche. Il sera effectivement victime d’une tempête, avec d’autres pécheurs et Clara se noiera en tentant de sauver son mari. Bess, qui a récupéré l’orphelin, entonne à son tour "Summertime", qui sonne totalement différemment de la première interprétation. La joie et la tendresse transparaissaient dans "There ain't nothin' can harm you, with Daddy and Mammy standin' by..." c’est maintenant le désespoir qui résonne douloureusement à travers les mots "One of these mornings you're gonna rise up singing And you'll spread your wings and you'll take to the sky"

Crown revient chercher sa femme mais se fait tuer par Porgy qui finit en prison. Persuadée que Porgy ne reviendra plus, Bess retombe dans la drogue. Porgy libéré retourne à Catfish Row mais son aimée est partie pour New York. Il part la rejoindre dans sa petite carriole. Et l’histoire se finit sur la chanson « I’m on my way ». Les mots résonnent, à la fois plein d'entrain et de tristesse : "I'm on my way to a heav'nly land! Oh Lawd, it's a long, long way, but You'll be there to take my hand..."

La puissance de Porgy & Bess est, notamment, de mêler les genres musicaux : jazz, gospel, opéra et même danses chamaniques (au début de la scène 4). Les décors sont bien réalisés, les acteurs du New York Harlem Theatre sont pétillants, attachants et dotés de voix magnifiques. Le spectacle est envoutant par la qualité de la représentation et bien sûr par l'histoire où Amour et Mort s'entremêlent sur fond de religion. L'univers jazz de Gershwin est bien respecté dans la mise en scène de Baayork Lee.

C’est  un grand moment d’émotion mais aussi de bonheur, que les acteurs nous ont offerts ce soir. Les acclamations fusent dès que les dernières notes retombées. Déjà… il nous faut partir mais le charme continuera d’opérer encore un moment.

 

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