Jenufa à l’Opéra de Lille de Leos Janacek
Cet opéra en langue tchèque a de quoi surprendre le public, et peut étonner jusqu’aux habitués du genre. Nous sommes bien loin de l’opéra italien envolé avec cette œuvre du début du XXème siècle qui nous place devant un univers paysan en Europe de l’Est.
Et pourtant, passées les premières minutes où l’on peut être déstabilisé d’entendre un opéra en langue tchèque, on se laisse prendre par le rythme, les voix, l’intrigue.
Jenufa est une jeune femme d’une grande beauté que son premier amant va abandonner alors qu’elle est enceinte. Pour éviter le déshonneur, sa belle-mère va la garder enfermée chez elle le temps de la grossesse. Mais que faire, une fois le bébé né ? C’est alors que la belle-mère, la Sacristaine, réputée pour sa ferveur religieuse, va tuer cet enfant, espérant offrir à Jenufa la possibilité de recommencer une nouvelle vie… L’œuvre prend alors une dimension tragique amplifiée par des airs très sombres, parfaitement interprétés tant du point de vue vocal que musical, et par une qualité d’interprétation exceptionnelle, à commencer par celle de Kathryn Harries, la belle-mère, dont les crises de folie dans l’acte I sont dignes d’une Lady Macbeth en proie aux remords.
La mise en scène de ce spectacle est très sobre mais permet au spectateur de se plonger pleinement dans l’univers proposé par l’œuvre – quelques éléments offrent une couleur locale rappelant le monde slave, comme les costumes du chœur féminin de l’acte III, mais rien de cliqué ou d’extravagant, tout est dans la retenue.
Au terme du spectacle, on se surprend à ne plus porter attention à la langue, alors que cela avait de quoi dérouter, tant cet opéra a su emporter le public, qui a chaleureusement accueilli la performance.
Un spectacle orignal à voir à l’Opéra de Lille les 29 et 31 janvier, et les 2, 5 et 7 février
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